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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 28 mars 2014

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De l'usage des fables. La genèse du capitalisme

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          Depuis Esope et Jean de La Fontaine, la fable était resté un court récit allégorique, d'où se dégageait une morale. Elle n'est pas que cela, mais aussi un récit approximatif, voire quelque peu mensonger, empruntant des traits merveilleux, à l'usage d'embellir et de tromper. Cette fable, racontée à la veillée, quotidienne, sous la douce lumière des écrans plasma, par les nurses omniprésentes préposées à notre endormissement, c'est celle de la génèse du capitalisme :

  « Il était autre fois, il y a plusieurs siècles, un bon garçon, honnête, sérieux, vigoureux et tempérant, fidèle en mariage qui, pendant que ses compagnons dilapidaient la fortune du jour, aux dés, dans la bière ou le corsage de galantes créatures,  travaillait, amassait, accumulait. Et, dans le cadre de la division du travail, celle de la Richesse des Nations d'Adam Smith, voyait son affaire prospérer, s'élargir du concours brassier ou manouvrier de voisins dont il rétribuait le juste travail par un juste salaire. Il n'était pas le seul, heureusement, ce vertueux ancêtre de notre économie moderne, aujourd'hui planétaire. Et c'est ainsi... » Mais déjà, nos paupières s'alourdissent...


          Ce n'est pas à un enseignant d'histoire que j'apprendrai que les colossales accumulations du capitalisme commercial, industriel, bancaire et financier qui structurent notre économie moderne, ont une autre origine que celle du labeur de ces sympathiques garçons, dont je concède qu'ils ont bien existé, vécu et travaillé d'arrache-pied.

   Ces accumulations se sont construites, c'est la formule brutale de Marx, sur la rapine, la razzia, la guerre et j'ajouterai, quelques fois le génocide.
 De l'or et de l'argent des Incas et des Aztèques, de la sueur de la traite négrière dans le commerce triangulaire, du colonialisme comme appropriation forcée de la terre, des hommes et de la matière première, les cinq derniers siècles on fait de l'Europe de l'Ouest, peut-être l'aire continentale la plus prédatrice de l'histoire. Genghis Khan et sa Horde d'Or n'était que de petits précurseurs. Et l'exportation de nos valeurs civilisatrices, la maigre contrepartie de cet échange inégal.


 
           La grande différence entre les oligarques russes et les nôtres tient pour l'essentiel, à la vitesse d'accumulation de leur butin, et c'est vrai qu'il en découle beaucoup de conséquences.


 Les Berezovski et autres (j'ai oublié leur nom) ont carrément démembré l'économie post-soviétique en 10 à 20 ans. En son temps, nous avons pudiquement appelé cela, « thérapie de choc ». Insérés dans la nomenklatura soviétique, ils étaient au premier rang à l'heure de la curée. J'arrête là. Tout ceci est bien connu.
  Pour nos oligarques (quel autre nom leur donner), armateurs, sucriers et caoutchoutiers, maitres de forges, aujourd'hui avionneurs, marchands d'armes, marchands de luxe et banquiers, l'affaire ne s'est menée ni sur le même rythme, ni sous la même bannière, celle de la bienfaitrice exportation de nos éternelles valeurs civilisatrices.
 Les russes étaient escortés de tueurs à gages, les nôtres de missionnaires et, c'est vrai, d'instituteurs et d'ingénieurs. Tu ne me prendras pas en défaut de mettre un signe d'égalité entre ces deux aventures ! Mais à l'arrivée, que de points communs !
  Cessons de fabuler et cherchons à comprendre comment en quelques siècles, la partie ouest de l'Europe, émergeant du féodalisme en est arrivée à la Conférence de Berlin de 1885 pour se partager l'Afrique. Et ceci, en toute bonne conscience.

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