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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 28 octobre 2015

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Même morts, ils ont encore servi deux fois.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

          Douleur des familles, douleur détournée, douleur volée. Même morts, ils ont encore servi deux fois.

   La première, dans une gigantesque opération médiatique de dizaines de colonnes papier et d'heures d'antenne, à la tonalité faussement empathique et aux objectifs plus que suspects. C'est dit et n'y revenons pas !

  La seconde, dans une piteuse et éhontée opération politicienne qui n'aura même pas eu le mérite de tromper grand monde : une « cérémonie mémorielle » rassemblant, sous l'autorité tutélaire et bienveillante d'un Président, un Premier Ministre et cinq de ses ministres, Écologie, Santé, Transports, Intérieur ; des éléments de langage concoctés à la hate sur les coins de table de chargés de communication ; des effets d'estrade larmoyants.

   Invités à contempler une telle mobilisation, à entendre des paroles si platement solennelles, on en viendrait presque à penser que le pays vient d'être confronté à des attentats ravageurs, à un Fukushima hexagonal, un séisme, une épidémie… Quoi encore ?

  Non, c'est déjà beaucoup, mais tout de même, à un accident d'autocar qui a fait 43 victimes. Et si nous laissions familles et proches à l'intimité de leur deuil ! Cette intimité dont ils ont tout simplement besoin pour le vivre dignement. Sans cette mièvrerie de commande et, pire encore, bassement intéressée.

(Rappelons quelques chiffres. Le nombre de morts sur les routes de France, en 2014, a été de 3390. Que fait-on des 3347 autres victimes, hommes, femmes et enfants décédés eux aussi, mais dans l'indifférence, du moins sans tout ce tohu-bohu et ses effets tapageurs ?)

           Mise en scène artificielle, à laquelle un Pouvoir aux abois a maintenant systématiquement recours pour tenter d'occulter ses reniements, ses abandons de promesses et le désastre de sa politique économique et sociale, près de 5 millions de chômeurs, 10 millions de pauvres.

   Le pire n'est peut-être pas dans cette cérémonie-comédie, ces discours tout à la fois larmoyants et pompeux, ces airs graves masquant mal la tête ailleurs, ces promesses de vérité - qu'il y aurait-il d'ailleurs à cacher, pour que soit affirmée la volonté présidentielle d'aller jusqu'au bout de cette « recherche de vérité » - non, le pire n'est peut-être pas là.

   Le pire, mais nous ne serons pas conviés à son spectacle, le pire sera peut-être les débriefings de cabinet, où Président, ministres et communiquants, revisionnant les images et collectant les enquêtes d'opinion, chercheront à discerner un frémissement des sondages de popularité, un regain d'affection populaire à leur égard, comme ceux d'un immédiat après -11 Janvier. Le tout pour en tirer leçon pour l'organisation de futures mascarades. Car d'autres drames bienvenus, d'autres occasions ne manqueront pas de se présenter.

   S'ils étaient plus attentifs et plus lucides, ils n'auraient pas manqué d'entendre depuis longtemps déjà le désaveu quant à ces simagrées, le désaveu des sondages, le désaveu des urnes.

          Le présidentialisme, ses effets de cour, sa course permanente à l'échalote (compétition où tous les moyens sont bons pour gagner) pour décrocher la timbale quinquennale ont-ils fini par avilir, souiller et perdre l'esprit politique, pour que nous en soyons réduits à cette comédie ?

  Jamais n'aura été plus évidente la relation incestueuse, morbide pour la citoyenneté, d'un certain médiatisme propriété privée de grands groupes, et d'institutions politiques, celles de la Présidentialisation et d'un monarque élu en carton-pâte.

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