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Billet de blog 2 septembre 2014

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La révolte est en tube

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin, j'ai voulu me mettre de la crème jour.

Fait anodin; et l'on pourrait se dire: " quelle est la raison de cette information?"

J'y viens.

Donc, ce matin, j'ai voulu me mettre de la crème de jour.

Mais, il n'y avait plus de produit. Comme je fais toujours, je m'arme de mon cutter et je coupe le tube pour recueillir le reste du produit que le tuyau de la pipette ne pouvait pas aspirer.

Là, je subis un choc réel: le corps du tube n'est qu'apparence.

20 centimètres de tube vide et le réel réservoir ne mesure que 2cm de long dissimulé à l'intérieur du grand tube.

On m'a vendu pour 18.50€, 20cm de vide !

Après avoir hurlé de révolte, j'ai recoupé des informations recueillies ces derniers mois et voici une petite réflexion que je partage.

Pourquoi continuons nous à ne rien faire devant le nombre incalculable de preuves de notre asservissement. Les gouvernements se moquent de nous et profitent de notre crédulité de notre volonté de bien être jusque dans l'aveuglement de notre propre déroute. Nous sommes nos propres bourreaux. Nous sommes les brebis de notre propre troupeau. Obsédés par ce besoin de confort, par la volonté irrépréhensible de satisfaire des désirs qui ne sont pas nécessaires, nous nous ruons dans l'achat sans limites de biens matériels sans utilité. Nous participons à l'effondrement de notre morale, de notre intellect, de notre liberté. Nous ne sommes pas sortis de la logique romaine qui voulait « des jeux pour divertir la foule ». Ces jeux, détournent nos consciences des véritables problèmes de notre société. Ils la détournent de notre avenir et de celui de nos enfants. « Divertissons les pour ne pas qu'ils réfléchissent, pour ne pas qu'ils sachent que nous leur marchons sur la tête. Que nous les exploitons pendant que nous profitons des richesses et des merveilles de la terre... jusqu'à l'épuisement ! »

Nous avons tous pleuré et été révolté par ce film Gladiateur et nous avons tous pensé : « Que c'est injuste, quels barbares, pourquoi ne se révoltent-ils pas ? ». Pourtant en sommes nous, aujourd'hui, si loin ? Notre télé nous présente tous les jours des émissions de télé réalité qui mettent en scènes des personnes enfermées dans un lieu clos et payées pour se détruire pour s'éliminer.

Des émissions comme Koh Lanta ne sont qu'à deux doigts du film Hunger Game, soit disant destiné aux adolescents, dans lequel on sélectionne de jeunes gens qui seront enfermés dans une arène et voués à s’entre tuer pour qu'il n'en reste qu'un seul.

C'est là, à la lumière de ces trois exemples que l'on comprend toute l'utilité des divertissements pour le peuple. C'est maintenant, que nous comprenons la guerre des chaînes de télévision pour obtenir le plus de part de marché. Les gouvernements ont besoin que nous soyons attentifs à ces stupidités, que nous soyons intéressés par les scandales des starlettes pour ne surtout pas penser aux lois, aux budgets inadmissibles qui sont magouillés derrière notre dos.

Nous pouvons nous voiler la face et nous dire « Non, ils n'oserons pas présenter des gens qui doivent se tuer en direct ! ». Ne voyons nous pas, tous les jours, aux journaux télé les cadavres des peuples en guerre ? Pardonnons-nous ce voyeurisme car il est inclus dans le JT ? J'ai vu une femme prendre en photo le cercueil d'un défunt lors d'un enterrement. J'ai vu une femme marcher sur la queue d'un paon car elle voulait seulement récupérer ses plumes. La bêtise humaine est sans limite. La bêtise humaine est dangereuse car elle se permet tout.

Charles Dickens disait : « craignaient plus que tout, la misère et l'ignorance ».

Il y a 20 ans, il aurait été inenvisageable de présenter une quelconque sexualité à la télévision à une heure de grande écoute. Aujourd'hui, c'est monnaie courante. Cette chanteuse, d'à peine vingt ans, qui monte sur scène et y mime l'acte sexuel ; ses fans qui croient qu'elle libère la parole et la position des femmes par ses actes... Tous ceux là n'ont pas compris qu'ils participent encore à ce spectacle du scandale mis en scène pour détourner les regards des vraies problématiques.

Simone Veil, Françoise Dolto, Olympe de Gouge, la Marquise de Sévigné, Germaine de Staël, Jeanne d'Arc et des million d'anonyme, ont fait plus pour les femmes en restant bien habillées que toutes ces hystériques qui veulent castrer l'homme car elles ont peur de l'égalité ou que ces écervelées pétries dans une constante provocation.

Il y a bien longtemps que les dirigeants de toutes les nations ont appris à se servir d'armes aussi puissantes que la mode, les jeux, les spectacles et surtout les désirs humains.

Nous fonctionnons à la carotte sans nous apercevoir que non seulement nous n'avons pas besoin de cette carotte mais qu'en plus elle a mauvais goût.

A quel prix modernisons nous nos fabuleux ipad, iphone ? Avons-nous conscience de l'inutilité de ces objets qui ont multipliés les applications au nom d'une vie plus facile. En fait, ils nous permettent juste de nous rendre dépendants d'eux afin qu'on ne sache plus marcher seuls. Nous sommes dépendants de ces grands dirigeants qui nous pompent nos ressources. Comme un enfant qui tête sa mère, nous nous abreuvons à la source de notre propre esclavagisme.

Savons nous que derrière ces portables flamboyants se cachent des usines dans lesquelles travaillent des femmes, des hommes de tous âges payés 1€ par jour. Récemment, des suicides dans ces usines ont fait réagir quelques personnes. Ainsi, les usines ont investi pour installer des filets entre les bâtiments empêchant ainsi les ouvriers de « tomber ». Mais qu'importe puisque cela se passe à des milliers de kilomètres de nous.

Alors, voici un fait qui nous touche de beaucoup plus près. On nous abreuve de manifestations quotidiennes dont les désidératats sont sans fondements pendant qu'on nous détourne des vraies polémiques. Prenons un exemple connu de tous. Le problème n'est pas vraiment la réforme des rythmes scolaires (car il a été prouvé que les apprentissages se faisaient mieux le matin) et pourtant on ne parle que de ça depuis presque deux ans. Pendant ce temps, le ministère concerné a gelé les salaires des enseignants depuis 2008. Un professeur qui enseigne depuis 6 ans a perdu 198€ par mois. Pendant ce temps, le même ministère continue d'ignorer l'échec cuisant des élèves au collège et décide de supprimer la note jugée punitive. Pendant ce temps, toujours le même ministère mute ses jeunes enseignants dans des régions et des départements éloignés de leur vie privée au mépris le plus total des situations familiale, ou professionnelle des conjoints. Tout cela dans l'ignorance la plus complète.

Le plus absurde reste que nos politiques, nos sociétés, nous livrent toutes les armes nécessaires pour prendre conscience de notre asservissement. Ils nous donnent l'information. Elle est en libre accès. N'importe qui, n'importe quand et n'importe où peut savoir n'importe quoi. Vive la magie d'internet. Mais beaucoup plus simple que cela, les films, les publicités même, les séries, les affiches dans les villes nous hurlent au visage la réalité de notre situation d'exploités heureux. Cette information, mânes de notre libération, nous la détournons et nous la prenons comme un divertissement pour ne pas agir. Nous sommes trop heureux de notre posture actuelle et trop peureux de ne pas retrouver un confort identique pour oser refuser de continuer ainsi. Un film tel que Quai d'Orsay nous présente l'incompétence de nos dirigeants. Une série comme Scandal, nous montre les malversations, les malhonnêtetés de nos dirigeants. Une publicité pour un café présente un homme qui arrête le temps en buvant son café. Il en profite pour détourner vers un arbre en fleur le visage d'une femme rivée sur son portable. Une affiche publicitaire présente une jeune femme radieuse qui clame « grâce au site de rencontre …......... j'ai découvert mon voisin ! »... Comment pouvons nous encore rester aveugle ?

Il n'est même pas question de prendre les armes, de se battre ou de partir en guerre. Il suffit seulement de ne plus rentrer dans cette logique que l'on attend de nous. Il suffit de faire une consommation raisonnable des portables, de choisir ses programmes télé, d'accepter de l'éteindre parfois, de faire une utilisation intelligente de ce fabuleux outil qu'est internet. Il suffit d'arrêter d'agir comme on nous l'a enseigner !

Et je n'ai rien inventé :

« Et de tant d'indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir.

Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le1 pousser, de l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »2

1L'auteur parle d'un tyran dont le peuple doit se défaire pour ne plus être son esclave.

2 Discours sur la servitude volontaire. Étienne de La Boétie. 1576

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