Je travaille dans un établissement scolaire catholique sous contrat d'association qui ne va pas bien. Eh oui ! Ça existe ! Les établissements de l'enseignement catholique se sont pas tous des gros bahuts de centre ville qui draine la bourgeoisie conservatrice, les futures élites de notre nation. Parfois, se sont aussi des petits collèges, lycées ou écoles qui dans le milieu rural sont les seuls à pouvoir offrir une alternative à des enfants qui devraient, sinon, faire 1 à 2 heures de transport dans la journée pour rejoindre l'établissement de secteur, parce que la carte scolaire ou la configuration de la commune a éloigné le service public d'enseignement. Parfois c'est aussi le seul endroit ou des valeurs religieuses peuvent s'exprimer (et pas que les cathos), parfois c'est aussi le refuge des recalés de l’enseignement, des familles désespérées qui cherchent un havre d'enseignement pour leur rejeton rejeté de tous les établissements du secteur.
Bref, c'est pas la forme : les effectifs sont en chute libre, les projets pédagogiques n'ont plus la côte et les classes ferment peu à peu. Aussi, une nouvelle direction a été nommée afin de relancer la machine et de donner un nouveau souffle à l'ensemble. Mais comme toujours les financements manquent.
C'est ainsi qu'à la rentrée on nous a proposé une association avec le Fond du Bien commun et les internats du Semeur. Le projet était alléchant, les financements abondants et l'engagement minime. Il s'agissait de recevoir quelques dizaines d'élèves supplémentaires qui suivrait en plus de leur scolarité classique des cours de cuisine et un renforcement d'enseignement religieux. Bien que dans un établissement catholique, ce dernier point nous fît tiqué. Quoi la traditionnelle pastorale n'est pas suffisante ? Pourquoi ce renfort ? La puce à l'oreille, de nombreux collègues se renseignèrent sur ce fond d'investissement mystérieux. Quand on a besoin de dire qu'on vous veut du bien c'est qu'il y a anguille sous roche.
Le fond en question est le dernier avatar d'un groupe de richissimes investisseurs qui veulent transmettre "le meilleurs de la civilisation européenne". Parmi ses financeurs on trouve Pierre-Edouard Sterin connu par les lecteurs de Médiapart comme un financeur de la campagne de Zemmour. L'ancien patron des Smartbox a également transféré ses fonds en Belgique pour échapper au fisc. Quand aux Internats du semeur ça sent bon le catholicisme conservateur radicalisé.
Après quelques semaines de lutte, le CSE de l'établissement et les collègues ont réussi à découvrir le pot aux roses et à révé la Tartufferie. Après pression sur notre direction, le projet est retiré mais nous sommes de nouveau sans investissement.
Cette histoire révèle le retour du religieux et la forte pression de la droite catholique conservatrice dans notre pays. On parle des médias mais depuis quelques années des secteurs comme le social, l'éducation sont investis pour convertir les plus faibles. Une diffusion silencieuse qui menace jusqu'à nos enfants.