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Billet de blog 24 novembre 2014

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Autoroute scolaire !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le décret paru au journal officiel du 20 novembre limite très fortement le recours au redoublement en classe de troisième et de seconde. Cela est possible seulement lorsque il y a une " période importante de rupture des apprentissages scolaires" et " lorsque la décision d'orientation définitive n'obtient pas l'assentiment des représentants légaux de l'élève ou de l'élève majeur" le tout avec l’assentiment des parents. Ce décret est une catastrophe. Car, il institut de fait une véritable autoroute scolaire de la sixième à la terminale sans aucun péage pour ralentir la course des élèves en difficultés. 

Je ne suis pas un défenseur du redoublement, loin de là. J'en ai moi même été la victime,  sans que cela serve à quoi que ce soit. C'est même un procédé inutile dans la plupart des cas. Pourtant, je maintiens que ce décret est une catastrophe. Pourquoi ?

 Premièrement, l'argument du coût de 1.6 milliard cité dans le journal du monde (édition électronique du 20 novembre) n'est pas recevable.  Avoir un bon système éducatif cela se paye c'est soit disant la priorité du gouvernement actuel.

Deuxièmement,  le décret ne prévoit pas explicitement des moyens de remédier aux problèmes des élèves. Les PPRE, l'aide personnalisée, ne sont dans la plupart des cas, pas efficaces. Car aider un élève en difficulté ne s' improvise pas. Les enseignants ne sont pas formés pour. Redonner le même exercice de maths à un élève qui ne l'a pas compris ne sert à rien. Combien d'enseignants connaissent la typologie des erreurs ou le triangle didactique exposé par M. Astolfi, permettant de distinguer les différentes erreurs d'un élève et d'y remédier ? D'ailleurs, il faut voir la place que le système éducatif français laisse à l'erreur. Les établissements spécifiques comme les RASED ou les SEGPA sont, soit saturés, soit en cours de disparition.

Troisièmement, les parents ne sont pas plus compétents comme le prouve les chiffres de l'INSEE (étude de 2003). 50%  d'entre eux sont dépassés par le niveau scolaire de leur enfant dès le collège.  Ceci nous renvoit au problème des devoirs à la maison. Les élèves sont au travail seuls au moment où ils ont le plus besoin d'aide. Ce n'est donc pas le rôle des parents.

Quatrièmement, un jeune en difficulté peut donc, avec l'aide de ses parents sourds aux recommandations des équipes éducatives, se retrouver en terminale avec des lacunes gigantesques. Je le vois chaque année. On laisse la possibilité à un jeune de sauter une classe, pourquoi ne pas laisser la possibilité de redoubler ? C'est parfois salutaire quand ledit jeune manque de maturité.

Comme toujours en France, on annonce sans préparer. Oui, il faut supprimer le redoublement dans la plupart des cas mais auparavant, il est impératif de :

former les enseignants à la remédiation et à l'orientation, refonder le système d'évaluation, proposer une vraie carte des apprentissages en cessant de dénigrer systématiquement les filières techniques et pro, rompre par une propagande acharnée l'idéologie selon laquelle la filière générale est le saint Graal particulièrement la série S etc ...

C'est seulement à ces conditions que le redoublement pourra être supprimé.

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