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France Telecom : la CGC dénonce une opération de destabilisation

Vendredi 6 Novembre 2009 à 07:01 | Lu 20475 commentaire(s)

Philippe Cohen et Sylvain Lapoix - Marianne

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A quelques jours du deuxième tour de l'élection du Conseil d'Administration de France Telecom, Sébastien Crozier, le numéro du syndicat CFE-CGC de France Telecom a subi plusieurs attaques allant jusqu'à la menace de mort, au travers de ce qui lui apparait comme une opération de destabilisation. De qui ? Pourquoi ? Enquête.

Le Ministre Xavier Darcos regarde sévèrement DIdier Lombard de France Telecom (Ministère du Travail)


Décidément, il y a quelque chose de pourri au royaume de France Telecom. On vient à peine de vivre une ou deux semaines sans suicides dans l’entreprise, dont le management vient de suspendre les mutations d’office, qu’un autre dossier, bizarre, voire carrément glauque, risque de faire parler à nouveau de France Telecom. Sébastien Crozier, le patron du syndicat CGC, allié à l'UNSA, très en pointe sur le dossier des suicides et initiateur avec Sud, de l’Observatoire du Stress, vient de porter plainte. Il dénonce une opération de destabilisation dont il serait la cible.
Bakchich comme dans un jeu de quilles
Tout commence, selon Sébastien Crozier, le 21 octobre, veille du premier tour de l’élection du Conseil d'Administration de l'entreprise, par un méchant papier publié dans Bakchich, signé par un certain « Jacques Roquet Feller». Un article que Sébastien Crozier juge à charge, avec quelques arguments. Il y est en effet accusé de capter  tout l’argent des subventions syndicales au détriment de la branche fonctionnaires du syndicat. En fait, le conflit entre l'équipe de Crozier et celle de son prédécesseur Thierry Blangero, remonte à plusieurs mois, lorsque la direction confédérale a tranché en la faveur de Crozier et ses amis. Entre temps, l'impétrant est passé à la CFTC ce qui n'empêche pas la fédération de la fonction publique de la CGC de le soutenir. Va comprendre Charles...
Sébastien Crozier a bien sûr été interrogé par une journaliste. Mais ses propos ont été retranscrits de façon quelque peu lacunaire dans l'article qui, curieusement n'a mentionné ni le passage à la CFTC de Blangero, ni les procès qu'il a perdus après avoir lancé de nombreuses procédures (une bonne demi-douzaine) contre la nouvelle direction de la CGC France Telecom.  Enfin, Sébastien Crozier n'est pas content que cet article très partisan soit paru la veille d'un scrutin syndical important. D'autant que ce papier va déclencher une série de conséquences en chaîne qui ont abouti, hier soir au dépôt de la troisième plainte contre X de Sébastien Crozier.
Immédiatement, cet article aurait été massivement diffusé auprès des salariés de France Telecom (A  50 000 exemplaire selon les comptages effectués par Sébastien Crozier et ses amis) afin de peser sur les élections, notamment par FO et la CFDT. FO dément par la voix de Damien Crespo : « L'article a sans doute circulé parmi les adhérents de FO. Mais aucun de nos tracts locaux n'en a fait mention. » D'autres syndicalistes mettent en cause de façon anonyme, l'agressivité de la CGC et de Crozier : débauchage de syndicalistes d'autres organisations, attaques frontales contre les autres syndicats dans les tracts, etc.
Quoiqu'il en soit, l'article contre Crozier n'a eu que de piètres résultats, du moins sur un plan électoral, puisque la CFE-CGC est l'organisation syndicale qui a le plus progressé (voir encadré). Tant est si bien que le 2° tour s'annonce fort serré dans le collège des cadres, où la CGC-CFE est presque en position de « piquer » son siège à la CFDT au deuxième tour, prévu le 10 novembre prochain. Certes, Stéphane Richard restera le patron. Mais la présence syndicale dans le CA est un vrai enjeu : de l'argent 60 000 euros de jeton de présence annuel) et de la notoriété, la possibilité de mobiliser les médias (ce qu'ont bien su faire SUd et la CGC lors des derniers évènements sur les suicides).
Menaces de mort sur le site Boursorama
En revanche, le papier de Bakchich a eu des suites plus scabreuses. Repris sur le forum du site Boursorama, l'article génère un commentaire de menace de mort le 23 octobre. Sébastien Crozier porte alors plainte au pénal. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Voici que son blog personnel est attaqué par des hackers. Selon Nicolas Kersschenbaum, consultant sécurité chez XMCO Partners, appelé à la rescousse par Crozier, ce typed'attaque est assez classique mais peut faire des ravages. Bref, deuxième plainte au pénal de Sébastien Crozier.
Lequel est passablement sur les nerfs. Mais il espère que, le  scrutin passé, les choses vont se calmer. Eh bien non. Mardi 3 novembre, début d'après-midi : Sébastien Crozier est appelé par une personne se revendiquant de l'agence Capa et souhaitant l'interviewer pour France 3. A 16h30, ce sont sept personnes (en comptant les techniciens) qui s'installent pour interviewer le responsable syndical avec des questions pour le moins frontales : «ne vous sentez-vous pas responsable de la dégradation de l'image du Groupe? Du prix de l'action qui baisse ?», demandent les journalistes avant de s'apitoyer sur Didier Lombard «très stressé : il a pris 40 kg et ne peut plus aller faire son fitness !»

Choqué, Crozier leur demande de partir, ce que les journalistes font, non sans s'être plaint à un agent de sécurité d'avoir été «censurés». Crozier écrit à Capa pour vérifier l'identité de l'équipe. Surprise : Capa dément. Son patron, Hervé Chabalier écrit : « Je suis absolument désolé pour la mésaventure dont vous avez été victime. Il s'agit sans doute d'un canular que j'apprécie peu et nous avons été victime d'une usurpation d'identité dont j'essaie de connaître l'origine.» Du coup, Crozier porte plainte, encore contre X, la troisième en une semaine, enregistrée hier soir.
Trois plaintes contre un plan de destabilisation ?
Sébastien Crozier, vivement impressionné par cette cascade de coups tordus. On peut comprendre son émoi, surtout dans une entreprise où trois membres du personnel se sont faits prendre avec des armes dans les locaux ces derniers temps. Crozier a tendance à penser que ces méfaits relèvent d'une tentative de destabilisation. De qui et pourquoi ? L'un des syndicats concurrents désireux d'écarter la CG-CFE ? La direction de France Telecom qui ne verrait sans doute pas d'un très bon oeil l'arrivée dans son Conseil d'Administration du trublion Crozier qui ne cesse de dénoncer le management maison et la stratégie de l'entreprise ? Le staff de la CFE-CGC, phosphore, réfléchit... et décide de dénoncer l'affaire publiquement (voir deuxième encadré plus bas). Au risque d'être accusée à son tour de vouloir influencer les électeurs...
Car ni la direction ni les autres syndicats ne sauraient évidemment avaliser l'hypothèse d'une tentative de destabilisation. Interrogé par Marianne2, le représentant de France Telecom  a déclaré : « Sébastien Crozier a pris la bonne décision en portant plainte. Si on nous le demande, nous participerons à l'enquête judiciare. C'est tout à fait scandaleux ! »
Quant à la police, elle tente de démêler les fils de cette ténébreuse affaire. L'auteur de la menace de mort pourrait très vite être confondu grâce à la collaboration des dirigeants du site Boursorama. Il ne risque d'ailleurs pas grand chose sur un plan judiciaire. Pour le reste, il faudra voir.... Mais Marianne2 est en mesure d'aider la police sur la « fausse équipe télé Capa » :  lors de sa visite,  cinq noms ont été saisis sur le registre des visites de l'entreprise, dont ceux de Pierre Samuel et Sébastien Thoen, membres de l'équipe d'Action discrète, émission à canular de Canal Plus. Une blague, peut-être, mais qui n'a pas du tout fait rire Crozier. Gageons que nous ne sommes pas prêts de voir les images enregistrées dans le local de la CFE-CGC.
Restent  les hackers : rien ne dit qu'ils ont quelque chose à voir la menace de mort ni avec l'article de Bakchich. Et de toute façon, comme le dit un peu cyniquement un membre du staff de l'entreprise, « passé le deuxième tour de scrutin du 10 novembre, ça devrait se tasser » A suivre, donc.

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Résultats complets sur 72 993 votants et 119 263 inscrits.
CFDT : 20,44%
CFE-CGC/UNSA : 12,32% (25,16% sur les cadres)
CGT : 27,91%
FO + CFTC : 14,57%
SUD : 24,76%

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