Tchavolo

Abonné·e de Mediapart

2 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 mars 2009

Tchavolo

Abonné·e de Mediapart

L'OTAN à Strasbourg-Kehl: récit subjectif d'un habitant de la zone occupée (2)

Tchavolo

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le post précédent a, pour un ou deux commentaires (sur trois ou quatre...) été ressenti comme une plainte de riverain dont on perturbe le quotidien paisible. Ce n'est pas le cas (ou pas trop). Il s'agit plutôt d'exprimer ma consternation face au dispositif mis en place pour permettre à 26 personne de manger tranquillement. En dehors des restrictions imposées aux zones de sécurités des quartiers Cathédrale et Palais des Congrès, il faut savoir que tous les marchés, écoles, crèches, monuments historiques seront fermés les 3 et 4 avril. Les tramway ne circuleront pas dans les zones de sécurités (qui englobent tous les carrefours du réseau de tram, donc plus de correspondance). Dans les zones rouges, les riverains qui possèdent un parking ou un garage devront garer leur véhicule à l'extérieur des zones de sécurité à leurs frais s'ils veulent l'utiliser.

Quelques centaines de personnes habitant à proximité de la passerelle piétionne sur le Rhin (au Jardin des Deux Rives) devront obtenir une autorisation préalable de la police pour quitter leur domicile entre le vendredi soir et le samedi matin et ne pourront le faire que sous escorte policière. Ils iront promener leur chien accompagné d'un policier ! Tout ça pour prendre une "photo" de famille des 26 chefs d'Etat sur le célèbre pont piétonnier qui relie la France à l'Allemagne.

Par ailleurs, et c'est encore plus choquant, les forces de police seront nombreuses. On parle, pour le seul côté allemand, de 15000 policiers, des avions d'interception et toute une flotte d'hélicoptères de transport (Spiegel), peut-être 25000 policiers en tout (Frankfurter Allgemeine). Cela fait quasiment 1000 policier par chef d'Etat. Surtout, ces forces de l'ordre seront toutes entières destinées à la "protection des personnalités". Le président de l'Université de Strasbourg, Alain Beretz, qui craint une occupation des locaux pendant la semaine précédent le sommet, a demandé au préfet s'il pouvait compter sur l'aide des forces de police si cette occupation se produisait. Il lui a été répondu : "Aucun secours des forces de l'ordre ne peut être attendu, celles-ci étant intégralement mobilisées pour la surveillance et la protection des personnalités." Le président de l'UDS a donc été contraint de décider la fermeture intégrale des locaux du principal campus pendant la semaine entière précédent le sommet, obligeant à annuler les cours, les examens et les colloques prévus durant cette période (voir document joint). Seules seront maintenues les activités administratives vitales et les opérations indispensables dans certains laboratoires et certaines animaleries. Pour une raison probablement similaire, les établissemements scolaires du centre-ville (écoles, collège et lycée) seront aussi fermés, parfois plusieurs jours.

Les hommes politiques ont bien entendu droit à une protection particulière, notamment dans des domaines sensibles où ils pourraient être la cible de terroristes (il sera notamment question de l'Afghanistan). Pour autant, dégarnir et paralyser trois villes entières (Strasbourg, Kehl et Baden-Baden) relève de l'abus de pouvoir. L'OTAN, dont la mission est de défendre la démocratie (défense de rire), respectera bien peu les libertés démocratiques des citoyens qu'elle protège.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.