Monsieur le Président Gaston Flosse,
Je m’appelle Teariki Munanui, j’ai 18 ans. J’ai la grande fierté de faire partie de la communauté paumotu par mon lignage maternel. Je suis ayant droit d’une parcelle concernée par votre projet de ferme aquacole à Hao. Cette affaire m’a particulièrement choquée. J'écris aujourd’hui pour mettre en lumière la conduite lamentable de votre gouvernement et de votre majorité à l’Assemblée de Polynésie Française. J’ai choisi pour cela la lettre ouverte, vous avez donc un droit de réponse que je vous encourage à exercer. Mais dans ce cas, je veux des réponses dénuées de toute forme de langue de bois.
Nous ne comprenons pas votre refus de louer nos terres. Malgré des offres très modestes de la part des ayants droits, largement en dessous de la future valeur ajoutée à ces terrains, le gouvernement veut confisquer à tout prix nos terres ancestrales. Votre majorité entend même faire passer une loi mettant en place une procédure d’extrême urgence qui vous permettrait de passer outre les nécessités administratives liées à l’expropriation. Où sont les défenseurs de la terre ma’ohi ? Vous et vos hommes de main êtes donc si pressé de vous prostituer à l’impérialisme chinois ? Le paumotu en tout cas ne saurait être une pute.
Nous avons du mal à distinguer votre vision de l’utilité publique d’avec l’abus de pouvoir. Quelle est l’utilité publique derrière tout ça ? Les chinois seront défiscalisés ou bénéficieront d'allégements. De ce fait, le pays ne touchera rien. Vous agitez votre baguette magique des 15 000 emplois crées par ce projet, mais pour nourrir les uns, doit-on affamer et priver les paumotu ? Nous sommes évidemment pour le développement économique de notre pays, mais ce développement doit-il nécessairement passer par le vol de nos terres au profit d’investisseurs obscurs ?
Arrêtez de vous leurrer, ô timorés, les investisseurs chinois n’ont que faire du présage offert par le nom de l’île. Hao, c’est « bien » en chinois, mais c’est bien pour qui ? C’est bien pour eux et pour eux seulement. La véritable raison de leur arrivée à Hao, c’est la présence des anciennes installations militaires : piste d’atterrissage, quai, etc. qui leur permettront des économies non négligeables. Ils sont prêt à tout pour économiser quelques centimes par ci par là. Lamentable. Même la France n’est pas arrivée à de telles bassesses.
Ce projet industriel ne pourra être considéré comme une réussite que lorsqu’il parviendra à emporter le consensus de la population de Hao. Or, votre précipitation a surtout conduit à de graves dissensions au sein de cette population, au sein même des familles. Nous ne sommes pas des données sacrifiables dans vos statistiques économiques.
Polynésiens, aujourd’hui, c’est nous. Demain, ce sera vous.
A Tika I Ruga !
Teariki Munanui.