Il en faut parfois très peu pour réagir. Un message de 5 à 10 secondes à la télé ou à la radio peut suffire. Ici, c'est un morceau de bande-annonce -même moins que cela : une simple expression - sur LCP, la chaîne parlementaire, qui m’a fait bondir (sans qu’il y ait de scoop car c’est un amalgame que j’ai entendu très souvent ces derniers mois).
Un reportage sur la lutte entre Mélenchon et Le Pen à Hénin Beaumont est annoncé entre 2 pubs. Les noms des partis ou mouvements politiques ne sont pas prononcés, seules les images défilent. Ce que l'on annonce : un reportage sur la lutte "entre extrême-droite et extrême-gauche ». C’est peu, mais ça fait bondir. Les deux pôles sont mis sur le même pied. Cela pose question. Comment peut-on être journaliste sur une chaîne parlementaire spécialisée dans la politique et choisir le terme d’extrême-gauche pour désigner le Front de Gauche ? Deux hypothèses.
- Les journalistes de LCP ignorent l’histoire de la gauche et les différents mouvements qui la constituent. Au point de la confondre avec le Front de gauche, mouvement social, écologiste, féministe et républicain. Ils ne sont pas assez bien formés ni informés. L’extrême-gauche est constituée de mouvements trotskystes, d’une multitude de petits partis souvent ouvriers. Je ne peux en proposer qu’une définition tronquée, tant ces mouvements sont différents les uns des autres. Leur point commun : ils ne croient pas que le capitalisme peut être renversé par les urnes mais ils souhaitent une révolution par les armes qui renverse ce système économique et le système politique qui le soutient. Que mes camarades qui se reconnaissent dans "l'extrême-gauche", si elle existe, me reprennent si je me trompe !
- Les journalistes de LCP qui utilisent ces termes (ils sont en fait loin d'être les seuls !) le font pour des raisons idéologiques, consciemment ou non. Amalgamer le Front de Gauche à l’extrême-gauche, c’est une façon de le marginaliser, de le mépriser. Du moins de leur point de vue libéral. De le mettre sur le même pied que l’extrême droite : même dangerosité, même absence de crédibilité. Une façon de rappeler que « les deux extrêmes se rejoignent comme souvent », idée répandue et pourtant absurde, tant ces deux « extrêmes » ont des valeurs, des idées, des programmes strictement opposés. (D'ailleurs, la porosité œuvre davantage et de plus en plus entre l'UMP et le FN). Mais aujourd'hui, nous ne pouvons remettre en cause l’économie libérale sans passer pour de dangereux extrémistes.
C’est énervant. Mais bon. L’important n’est pas de s’énerver mais d’alerter les citoyens qui consomment ces informations (puisque tel est le rapport que nous entretenons désormais avec les médias). Nous devons, en tant que militants, faire ce travail de décryptage des médias, à l’instar d'Acrimed (site observatoire et de critique des médias : http://www.acrimed.org/)