
"On the road again, ça change des plages. J’ai d’abord eu une très grosse pensée pour Flore et sa maman partie dans une autre aventure. Une route qui mène beaucoup plus loin, où la photographie elle-même n'existe plus...Peut-être comme un vague souvenir.
La journée a commencé à Austerlitz, par une victoire donc, moi qui ne suis ni russe ni autrichien, et encore un peu corse. D’autant plus qu’il y avait bien le soleil à Austerlitz. J’ai été surpris il y avait aussi plein de sacs à dos. J’ai eu deux secondes l’impression qu’ils venaient tous marcher avec moi ! Direction Kourtney-la-Gaillarde. A l’arrivée sa robe ne m’a pas déçue, ni son charme. On peut faire des compliments, non ?
J’en ai profité pour la photographier juste avant qu’elle ne le fasse avec moi. Et je lui ai trouvé un papillon pour aller avec sa robe. Malheureusement le papillon était mort mais il restait beau quand même. Et j’ai repensé à la maman de Flore que je ne connaissais pas mais qui était très jolie sur la photo que j’ai vu d’elle. Ce fut une journée très très chaude, avec l’impression que mon sac à dos était un radiateur. Je la dédie à Chantal, c’était son prénom. Et à Flore. Et je vous remercie tous de m’avoir invité dans cette joyeuse galère." Pascal Dolémieux

"Hello tout le monde. Sais pas écrire ce soir alors j’appelle le Brésil à la rescousse avec les paroles d'Antonio Carlos Jobim interprétées si délicieusement, par Elis Regina.
Je mets juste mars en juin. Il a plu aujourd'hui." Pascal Dolémieux
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C'est un bâton, c'est une pierre, c'est le bout du chemin
C'est un reste de souche, c'est un peu solitaire
C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil
C'est la nuit, c'est la mort, c'est un piège, un hameçon
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C'est le bois du vent, une chute de la falaise
C'est un mystère profond, c'est tu veux ou tu veux pas
C'est un vent qui souffle, c'est le bas de la pente
C'est la poutre, c'est le vide, la fête de la colline
C'est la pluie battante, c'est le discours de la rive
Les eaux de mars, c'est la fin de la lassitude
C'est le pied c'est le sol, c'est une marche de promeneur

"Chemin faisant mon esprit vagabonde autant que mes chaussures. Je me souviens d'un graffiti de mai 68, pour l'avoir vu en photo, qui disait « Comment penser l'ombre d'une chapelle ? ». Difficile de répondre mais agréable de se poser la question. Et les ombres aujourd'hui je les regarde car j'ai le sentiment que ce sont, exceptés les papillons et autres insectes volants ou rampants, les seules choses qui passent, ou se passent, sur ces petites routes. Les ombres passent au ralenti mais elles ne cessent de passer. Si on aime la lumière on aime forcément les ombres.
Depuis que j'ai photographié Kourtney dans sa si jolie robe à fleurs je ne cesse d'espérer qu'au détour d'un bois ou d'un carrefour qu'une jeune fille aussi joliment vêtue déboule devant mes yeux. Mais juste des ombres et des papillons. Je fais avec." Pascal Dolémieux

"A midi, couché dans un pré, il riait aux éclats d’une joyeuseté latine de Martial, ou encore, plus rêveur, crachant mélancoliquement dans l’eau d’une mare, il songeait à quelque dame discrète et sage à qui il dédierait dans des sonnets à l’instar de Pétrarque son âme et sa vie. Il dormait à demi; ses chaussures pointaient vers le ciel comme des tours d’église; les hautes avoines étaient une compagnie de lansquenets en souquenilles vertes; un coquelicot était une belle fille au jupon fripé. A d’autres moments, le jeune géant épousait la terre. Une mouche le réveillait, ou le bourdon d’un clocher de village; son bonnet sur l’oreille, des fétus dans ses cheveux jaunes, sa longue figure de coin, toute en nez, vermillonnée par le soleil et l’eau froide, Henri-Maximilien marchait vers la gloire. »
Marguerite Yourcenar, L’oeuvre au noir, 1968"
Azimut ne date pas d’aujourd’hui.

"L'errance étant, je note que j'ai traversé la Tourmente, la rivière surnommé pourrait-on dire tant la Tourmente était calme. Je suis passé aussi au bord du gouffre, des gouffres devrais-je dire tellement la région en est truffée. Une sorte de gruyère avec des brebis autour. Et il fait chaud. Et beau. Tout va bien. Toujours quelques ombres et tant de papillons qui ont l'air autant de chercher l'amour que de se mettre quelque chose sous la dent. Je sais...quand les papillons auront des dents... On peut toujours rêver. Heureusement." Pascal Dolémieux

Agrandissement : Illustration 6

"Aujourd’hui les cigales donnaient avec ardeur leur premier concert. C'est tout de suite une ambiance les cigales. C'est l'été, la chaleur, pour ne pas dire la torpeur. Un air, une réminiscence de vacances. Mais j'ai vu aussi beaucoup de fourmis, dès que je me posais à l'ombre salvatrice d'un arbre apprécié. Ce n'est pas tout à fait la même ambiance les fourmis. Ce n'est pas le même air. Et voyant les unes et entendant les autres, je ne savais pas si j'étais plutôt cigale ou fourmi. En tant que photographe se promenant, cherchant à se faire plaisir et en essayant d'en faire profiter les autres, je me voyais plutôt saltimbanque et donc un peu cigale. D'autant plus qu'Azimut est plutôt largement diffusé sur les réseaux sociaux, dans une sorte de bruit de fond médiatique. Rien que le mot buzz fait un peu insecte. Et puis à me voir suer sous le cagnard à faire des photos avec mes pieds qui brûlent sur le bitume bouillant, je me suis vu comme une fourmi qui arpente sans cesse un territoire en l'explorant en quête d'une pitance. J'ai tranché en me disant que j'étais une sorte d'hybride fourmi-cigale avec un appareil à la main. Manquerait plus que je me mette à chanter. " Pascal Dolémieux

Agrandissement : Illustration 7

"A force de passer au bord des gouffres j’y suis descendu. Le Gouffre de Padirac. Un nom qui flottait dans ma tête depuis ma plus tendre enfance pour y être allé à un âge où la mémoire ne fait encore que s’entraîner. Il m’est resté le nom et l’idée d’une curiosité spectaculaire, alimentés par des images venues s’empiler dessus plus tard. On le disait Trou du Diable avant qu’Edouard-Alfred Martel y descende pour y mettre son nez et un peu d’ordre. Déjà il y fait trop frais pour le Diable. Le trou servait de charnier pour les bêtes mortes malencontreusement de maladie ou d’accident, ce qui eut pour effet de déclencher de manière récurente des épidémies en polluant les nappes phréatiques, car y coule une rivière importante qui alimentait de nombreuses sources.Martel, après avoir exploré les nombreuses et longues galeries souterraines, à plus de 103 mètres de profondeurs pour celles que l’on visite, mit donc fin à ces pratiques et fit oeuvre de salubrité publique.Et le Trou devint Gouffre. Et le Diable partit ailleurs. Jamais bien loin selon certains." Pascal Dolémieux