La faim : l’autre visage du changement climatique
Un plaidoyer des sociétés civiles pour que la sécurité alimentaire fasse partie des accords contraignants du Sommet International de décembre 2015, la Cop21
Ce plaidoyer, quatrième billet de mon blog, les trois premiers n’ont pas suscité un grand intérêt auprès de lecteurs de Médiapart, est urgent et s’adresse à tous ceux qui contribuent et font la valeur de ce journal (journalistes, techniciens et lecteurs) pour que, aux côtés des sociétés civiles, vous fassiez pression (signature des pétitions, appui aux ONG ci-dessous mentionnées) afin que la sécurité alimentaire fasse parti des accords contraignants de la Cop21. Dans six mois aura lieu à Paris le Sommet International pour le Climat, la Cop 21. Sachez donc que jusqu’à présent, il n’y a pas de consensus entre les pays participants pour que la sécurité alimentaire fasse partie des accords contraignants qui seront signés lors de la Conférence. J’ai assisté à la Conférence internationale des sociétés civiles, CISC, sur le thème de «La faim : l’autre visage du changement climatique». Ainsi, afin de mobiliser les lecteurs et journalistes sur ce fléau majeur qui atteint 800 millions d’êtres humains, j’ai décrit brièvement ci-après les apports de cette conférence sur les conséquences du réchauffement climatique sur la production des aliments.
Je déteste ce décompte macabre, mais chaque minute, peut-être, chaque seconde qui passe, un être humain de par le monde meure de sous-nutrition. N’imaginez pas ce qui se passera si la température du Globe augmente de +2° degrés dans les années à venir. Réagissez avec les représentants de la société civile. Exigez que la Sécurité Alimentaire fasse partie des accords contraignants.
Sous le Haut Patronage de Monsieur François HOLLANDE, Président de la République Française,s’est réunie à Paris le 26 mai dernier, à 6 mois de la COP21, la Conférence internationale des sociétés civiles[1] sur les accords climat sur le thème, d’ailleurs rarement débattu dans ce cadre, « La faim : l’autre visage du changement climatique ». Etaient conviés pour débattre et agir, représentants des gouvernements, de la recherche, des sociétés civiles du Nord et du Sud. Le but de la Conférence était de débattre des enjeux liés à l’intégration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans l’accord de Paris (voir programme sur le site : http://faimetclimat.com/conference.html#detailsconf). La société civile appelle à des engagements clairs pour garantir une cohérence des solutions pour lutter contre les changements climatiques et pour relever le défi de la faim. Par leurs travaux, leurs expériences de vie sur les différents points du globe, les participants à la Conférence sont unanimes quant aux effets drastiques du changement climatique sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Voici comment se traduit l’impact sur notre nourriture :
- Il provoque la dégradation des terres, la diminution, voire la destruction des récoltes, la salinisation des cours d’eau, la réduction des terres fertiles et des zones de pâturage (environ huit cents millions d’hectares), la fréquence et l’intensité accrues à la fois des inondations et des sécheresses. Les impacts des changements climatiques nuisent aux quatre piliers de la sécurité alimentaire - disponibilité, accès, stabilité et utilisation.
Ainsi sans réel effort de transformation de nos comportements et de création de processus d’adaptation respectueux de notre environnement, les capacités de production et les moyens d’existence des populations sont sérieusement menacés. - Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) prévoit une réduction des rendements des principales cultures (blé, riz, maïs…) de 2 % chaque décennie[2]. Les changements climatiques réduiront ainsi l’accès à l’eau et à l’alimentation et à leurs qualités et risquent d’aggraver la prévalence des maladies infectieuses à transmission vectorielle : ainsi, 5 à 6 milliards de personnes soit 50 à 60% de la population mondiale seront exposées à la dengue d’ici 2085, entraînant un affaiblissement du statut nutritionnel.
- Si nous n’agissons pas maintenant en réduisant nos émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), si nous maintenons nos émissions mondiales au niveau actuel[3], 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim d’ici 2080 en raison des changements climatiques provoqués par l’accumulation de gaz à effet de serre.
Face aux constats ci-dessus mentionnés qui sont la synthèse des résultats de recherches scientifiques, face à ce que vivent les petits agriculteurs et les populations des pays affectés, les sociétés civiles réunies à Paris lors de la Conférence internationale des sociétés civiles sur les accords climat sur le thème « La faim : l’autre visage du changement climatique » lancent un appel[4] solennel aux gouvernants et autorités institutionnelles mondiales pour que la sécurité alimentaire fasse l’objet d’un accord contraignant et qu’elle ne soit pas que simplement mentionnée dans le préambule des accords sur le climat du sommet international de décembre 2015 de la Cop21 car dans le droit international l’inscription dans le préambule n’est pas contraignant.
Terezinha Pereira Lecompère
[1] Action contre la faim (ACF), Acting for life, Care, Comité catholique contre la faim (CCFD), Réseau Climat, Secours catholique Caritas France, Unicef France et Génération Nutrition
[2]1 Hales, de Wet, Maindonald and Woodward, Potential effect of population and climate changes on global distribution of dengue fever: an empirical model, 2002.
[3] Source: PNUD, 2008, Human Development Report 2007/2008- Fighting climate change: human solidarity in a divided world.
[4] APPEL DES SOCIETES CIVILES POUR LUTTER CONTRE LA FAIM ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES sur le site de www.faimetclimat.org