Rafah, trouée noire où agonise ce qui fait chair à l’humain

Il y a suffisamment de témoignages, suffisamment d’images pour saisir l’ampleur de la catastrophe humaine en cours à Gaza. Ce n’est pas seulement le décompte des victimes, c’est l’atrocité d’un vécu mêlant aux chairs éclatées des blessés la déréliction absolue de femmes, mères, pères, enfants, témoins impuissants de l’agonie de leurs proches, c’est l’errance somnambulique d’enfants fuyant un réel intolérable.
Quelle part de notre humanité est-elle en train de mourir au bout de cet interminable tunnel ? (Bientôt cinq mois !). Rafah, trouée noire où agonise ce qui fait chair à l’humain !
Quelle part de notre humanité est-elle en train de mourir dans ce martyre collectif à ciel ouvert sous le regard mondialisé de notre communauté humaine ? Rafah, point focal où sombre le sentiment humain, où les mots se rétractent devant l’horreur de ce qui a lieu.
Ce martyre collectif voulu par certains de nos frères humains, accepté par d’autres qui auraient le pouvoir de l’interrompre, est connu, documenté, accessible au regard du grand nombre, avec sans doute, un effroi impuissant.
La renonciation à contrer les volontés mortifères d'hommes au pouvoir de toutes façons éphémère est une soumission au pire, elle est l’acceptation de notre propre naufrage, la résignation tacite à notre propre effacement.