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Billet de blog 10 novembre 2011

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G20 de Cannes : l'agenda des réformes paralysé

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Le G20 de Cannes se réunit depuis hier dans un climat de très grande inquiétude. La présidence francaise souhaitait clore son difficile mandat par un sommet réussi : il sera celui de tous les risques pour le Président de la République, privé de réussites sur les points clés de son agenda initial (réforme du système monétaire international, pression réglementaire sur la finance internationale, encadrement des hedge funds et des paradis fiscaux), et placé - avec le reste de l'Europe - en difficulté sur le dossier de la crise de la zone euro. Cette note montre que la France à Cannes doit à la fois convaincre ses partenaires de l'engagement de l'Europe à juguler la crise grecque, condition du soutien des autres puissances à la stratégie européenne, et arracher un accord impératif sur la relance de la croissance mondiale dans le cadre d'un plan d'action concerté entre les grandes économies de la planète. Les autres priorités de la présidence française attendront...

La présidence française du G20 aurait bien voulu s'auto-attribuer la palme d'or du sommet de Cannes. Ce ne sera pas le cas. Mis à part un prix spécial du film fantastique au gouvernement grec, qui aura, pendant plusieurs jours, plongé le G20 dans la quatrième dimension, il n'y aura aucune distribution de prix ou de satisfecit lors du sommet. Le G20 de Cannes est la chronique d'un échec annoncé. Pour la présidence française, il devait être le lieu de l'annonce tonitruante d'avancées significatives sur les grands dossiers globaux. Il s'annonce en réalité comme le sommet de tous les risques pour la présidence française, privée de réussites incontestables sur les points clés de son agenda initial, et se tenant - avec le reste de l'Europe - sur la défensive concernant la résolution de la crise de la zone euro, à la suite de l'annonce surprise par la Grèce d'un référendum sur le plan de soutien du 26 octobre. Le G20 attend un engagement fort de l'Europe pour juguler la crise grecque, condition du soutien des autres puissances à la stratégie européenne. Or la France et l'Europe sont dans une position de négociation très difficile. Loin de pouvoir faire avancer les propositions fortes annoncées par N. Sarkozy en janvier 2011 sur la réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, l'Europe s'apprête à subir les remontrances du G20 pour son incapacité manifeste à juguler la crise de ses dettes souveraines, qui pèse à présent sur la croissance mondiale. L'accord européen du 26 octobre était l'argument le plus précieux des Européens, mais il est compromis par l'annonce par le Premier ministre grec Georges Papandreou d'un référendum sur ce point en décembre prochain. Si un accord au G20 de Cannes devrait permettre, pour un temps, de calmer les marchés, cette situation contribue à la marginalisation de l'Union face à un G2 en position de donneur de leçons. La France doit aussi arracher un accord ferme sur la relance de la croissance mondiale par un plan d'action concerté à l'échelle des grandes économies de la planète, et sur de nouvelles avancées en matière de supervision du secteur financier et bancaire. L'annonce possible d'un accord sur « la nécessité » pour les pays émergents en excédent de contribuer davantage à la croissance mondiale et sur celle pour le Fonds monétaire international de disposer de ressources suffisante risque pourtant de rester purement formelle. Des engagements similaires ont été pris ces derniers mois, sans pour autant se concrétiser par de véritables inflexions. Le G20 de Cannes a pourtant besoin, pour rassurer les marchés et les investisseurs, de s'accorder sur un effort de relance très important, semblable, voire supérieur, à celui engagé à Londres en avril 2009 en faveur de la reprise. Comme le souligne les Présidents Van Rompuy et Barroso dans leur lettre commune du 31 octobre à leurs partenaires du G20 : « il nous faut absolument renouer avec cet esprit collectif du G20 ». Une sanction des marchés est tout à fait envisageable en l'absence de signal positif. Mais depuis Londres, la solidarité entre les Etats-Unis, l'Europe et les pays émergents s'est affaiblie, les marges de manœuvre pour investir dans la croissance se sont réduites. Un échec de ce G20 affaiblirait également beaucoup la stratégie de N. Sarkozy, candidat à sa réélection en 2012, qui compte mettre cette présidence à son actif de grand gestionnaire de crise. Ce n'est pas l'agenda initial qu'il avait proposé qui pourra abreuver la déclaration finale. Les très maigres résultats obtenus sur ses priorités très ambitieuses sont un revers sévère pour une présidence dont l'hybris n'a cessé d'être critiquée depuis janvier. Pour éviter l'échec, le G20 doit impérativement concrétiser trois avancées :

- apporter un large soutien au règlement de la crise des dettes souveraines européennes. Cet objectif suppose de solides garanties à fournir par les Européens sur leurs propres engagements et une participation de certains partenaires du G20 au Fonds de sauvetage européen.

- dégager coûte que coûte des propositions pour favoriser la reprise de la croissance mondiale, grâce à un plan prévoyant des mesures globales et nationales, de court et plus long terme, sur la base d'un accord entre les pays exportateurs disposant encore de marges budgétaires et les pays devant tenir leurs trajectoires de réduction des déficits publics tout en acceptant de mutualiser leurs investissements essentiels à la reprise.

- sortir de l'enlisement sur l'agenda de la régulation financière en mettant en œuvre les précédents plans et en progressant, notamment, sur les paradis fiscaux et les hedge funds, l'encadrement des dérivés de gré à gré et des dérivés sur matières premières, ainsi que sur la prévention et la résolution des crises bancaires et le renforcement de la gouvernance du Conseil de stabilité financière.

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