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Billet de blog 24 avril 2012

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Sortir de l'euro pour sortir de la crise : une recette aux effets désastreux

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En pleine crise de la dette, Marine Le Pen martèle avec vigueur l’un des axes principaux de son projet pour 2012 : la sortie de la France de la zone euro. La candidate estime que la monnaie unique est « une aberration économique », responsable de tous les maux du pays. Son programme propose de dénoncer le Traité de Maastricht et de revenir au franc. Mais contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, l’euro n’est pas en cause dans la crise actuelle, et une sortie de la monnaie unique aurait des conséquences désastreuses pour l’économie française.

L’euro a fêté ses dix ans au 1er janvier 2012. C’était une décennie de trop pour Marine Le Pen.

L’euro est, pour le FN, « une aberration économique [1]», responsable de toutes les difficultés de notre pays, de sa désindustrialisation, de sa croissance faible comme de son chômage massif. Il ne pouvait que se solder par un échec, visible aujourd’hui dans la crise qui frappe l’Union européenne. L’éclatement de la zone euro serait ainsi inéluctable et les plans d’aide aux autres pays européens ne seraient que dépenses inutiles.

Marine Le Pen propose donc de s’opposer à tout nouvel effort collectif européen pour surmonter la crise et aider les Etats qui seraient encore en difficulté, et de dénoncer le Traité de Maastricht pour se retirer de la zone euro et revenir au franc.

Le FN confierait à un « ministère chargé des Souverainetés » la responsabilité de la « renégociation des Traités » pour préparer, en concertation avec les partenaires européens, la restauration de la souveraineté monétaire française, la réintroduction du franc et le rétablissement des prérogatives de la Banque de France en matière monétaire, y compris la capacité de consentir des avances au Trésor.

Estimant que l’Allemagne est désormais « prête » à revenir au mark, puisque 54 % des Allemands y seraient favorables en octobre 2011[2], le FN propose que le couple franco-allemand joue un « rôle moteur » dans « cet arrêt programmé de l’expérience de l’euro ».

Marine Le Pen assure que la sortie de l’euro ne provoquerait pas le cataclysme annoncé par « idéologues et autres fanatiques de la monnaie unique », mais qu’elle permettrait, au contraire, de réaliser plus de 200 milliards d'euros sur cinq ans[3], couplée avec une politique de dévaluation et des mesures protectionnistes.

Elle pense pouvoir empêcher toute spéculation sur la nouvelle monnaie en contrôlant à nouveau les mouvements de spéculation des capitaux, et sécuriser l’épargne des Français en nationalisant, au moins partiellement, les banques de dépôt. Dans « l’hypothèse très peu vraisemblable où l’euro existerait encore », les coûts de la dette libellée en euro seraient couverts, selon Marine Le Pen, par une taxation exceptionnelle des actifs extérieurs libellés en euro détenus par les banques.

Le FN s’est toujours opposé à la création d’une monnaie unique et a proposé une sortie de la zone euro dès son introduction. Or si les Allemands sont nostalgiques du mark, monnaie stable et forte dans la deuxième moitié du 20e siècle, les critiques émises par les autres peuples sur la monnaie unique ne conduisent pas nécessairement, loin de là, au souhait de son abandon. Les Français, en premier lieu, sont peut-être 45 % à voir dans l’euro un handicap pour l’économique française, mais ils ne sont que 36 % à se dire favorables à un retour au franc, selon un sondage Ipsos de décembre 2012[4]. Si 73 % des sympathisants du FN le souhaite, ils restent minoritaires. Les avantages liés à l’euro sont en effet loin d’être négligeables et son abandon aurait des conséquences désastreuses pour l’économie.

1 - Un bilan de l’euro aussi accablant que faux

1.      1 -  « Le dogme suprême » du fédéralisme

La vision nationaliste et souverainiste du FN ne peut souffrir la disparition de la monnaie nationale et la délégation de la souveraineté monétaire au profit d’une intégration monétaire européenne. L’Euro étant l’un des symboles de l’intégration et de la réussite de l’Union, il est pour le FN son « dogme suprême[5]».

L’introduction de l’euro ne serait, selon le FN, basée sur aucune rationalité économique, mais sur la simple volonté politique d’avancer vers le fédéralisme. L’Euro a ainsi dévoyé la monnaie, qui n’est plus un instrument économique, mais un fétichisme. Le FN invoque Milton Friedman, Prix Nobel américain, qui a toujours prévu l’échec de la monnaie unique, en ciblant certaines difficultés réelles, notamment le manque de coordination des politiques économiques des Etats membres et l’absence de budget fédéral qui empêchaient la zone euro d’être une zone monétaire optimale. Il est, cela dit, très surprenant que Marine Le Pen se réfère au père de la pensée monétariste et des thèses les plus libérales du 20e siècle, plaidant notamment en faveur d’une réduction maximale du rôle de l’Etat, alors qu’elle dénonce par ailleurs fermement ces théories pour leur « dogme de l’ultralibéralisme ». Friedman s’insurgerait contre le projet protectionniste qu’elle propose pour la France, lui qui aimait citer l’économiste américain Henry George : « Le protectionnisme consiste à faire à nous-mêmes en temps de paix le mal que nos ennemis cherchent à nous infliger en temps de guerre[6] ».

Les Etats européens ont décidé d’instaurer une monnaie unique, certes pour avancer vers l’intégration, mais également pour des raisons monétaires et économiques. Le projet d’une politique monétaire européenne, qui remonte à la fin des années soixante, a pour premier objectif la réduction de la forte instabilité des changes entre les devises des Etats membres, instabilité qui s’est accentuée à la fin du système de changes fixes, en 1971, suite à la décision unilatérale du Président américain Nixon de suspendre la convertibilité du dollar en or. Si le plan Barre de 1969 et le plan Werner qui envisageaient la première union économique et monétaire n’ont pu aboutir, un système monétaire européen a été créé dix ans plus tard, en 1979, sous l’impulsion de Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, pour stabiliser les monnaies européennes par des taux de change fixes, mais ajustables. L’ECU, ancêtre de l’euro, qui n’était qu’une unité de compte commune, regroupant les valeurs des monnaies qui la composaient, a permis de fournir aux banques centrales des Etats membres et aux institutions européennes une monnaie de placement et d’endettement sur les marchés financiers plus stable que les valeurs des monnaies nationales. Mais la dérégulation financière facilitant les spéculations sur les taux de change, les monnaies européennes faisaient tout de même l’objet d’attaques spéculatives. L’introduction d’une véritable monnaie unique est donc apparue nécessaire. Les Etats membres souhaitaient également réduire le coût trop important des opérations de change au sein de l’Union européenne, qui pesait sur les coûts des entreprises et les prix, afin de pouvoir tirer de plus grands bénéfices du marché commun et renforcer la compétitivité internationale de leurs entreprises. Ils espéraient, en outre, créer un contrepoids au monopole du dollar et contribuer par là même à stabiliser le système monétaire international.

1.      2 - Un bouc-émissaire

Pour le FN, l’euro est tout simplement responsable de toutes les difficultés économiques des Européens : « leur euro, qui devait nous apporter le bonheur, a sapé nos économies, détruit notre pouvoir d'achat et nous interdit même de préserver l'emploi français[7] ». La Banque centrale européenne (BCE) incarne, comme la Commission européenne pour le FN, « l’eurocratie » qui menace la survie des Etats-nations. Sa politique monétaire surévaluée et indifférente aux objectifs de croissance et d’emploi, car alignée sur le modèle allemand, pénaliserait gravement les entreprises françaises.

Or l’introduction de l’euro a, d’une manière générale, favorisé la situation économique des Etats européens. Elle n’a pas entraîné la forte croissance que certains escomptaient, mais les performances macro-économiques de la zone euro sont largement comparables à celles des Etats-Unis et du Royaume-Uni. La constitution de la zone euro a clairement favorisé l’emploi. Son taux de croissance, entre 1999 et 2008, y a doublé par rapport à la décennie précédente. 16 millions d'emplois ont été créés et le taux de chômage est descendu de 9 à 7 %[8]. Ces résultats sont supérieurs à ceux des États-Unis, où le taux d'emploi a, au contraire, chuté, et des pays européens qui n’ont pas rejoint l’euro, comme le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède.

L’euro a en effet apporté aux Européens une stabilité monétaire qui a bénéficié au climat économique général. La constitution d’une zone monétaire élargie a mis fin aux fluctuations des cours de change, donc aux risques de change qui constituaient des obstacles au commerce. Si l’euro en tant que tel n’a pas réussi à contenir l’envolée des taux d’intérêt des émissions obligataires des pays les plus touchés par la crise de la dette entre 2010 et 2011, il a, grâce à sa stabilité, fait bénéficier aux Etats européens des taux d’intérêt les plus bas de leur histoire, les primes de risque liées à l’inflation étant restées limitées et stables puisque celle-ci était stable et estimée de manière fiable. La BCE bénéficie aujourd'hui d'une crédibilité qui n'a rien à envier à la Réserve fédérale des États-Unis ou la Banque d'Angleterre. L’euro est devenu la deuxième monnaie de change et de réserve au monde et contribue à stabiliser le système monétaire international.

La France n’a globalement pas été désavantagée par un euro fort. L’appréciation de l’euro peut, en effet, pénaliser les exportations européennes, mais les Etats membre les plus exportateurs, comme l’Allemagne, ont, en moyenne, les meilleurs résultats macro-économiques de la zone euro, car leurs structures économiques sont plus adaptées à la concurrence internationale. Ils investissent notamment davantage dans la R&D, la formation et les secteurs de hautes technologies très demandés par les pays émergents. La France, dont la croissance repose davantage sur la demande et les importations, est, elle, favorisée par un euro fort. L’appréciation de l’euro par rapport au dollar permet également d’amoindrir l’impact de la hausse des prix des matières premières, particulièrement volatiles depuis une décennie en raison de la forte croissance des pays émergents, de la raréfaction des ressources et de la spéculation. La hausse des prix du pétrole a ainsi été deux fois moins ressentie en Europe qu’aux Etats-Unis, notamment entre 2003 et 2005.

L’euro a, enfin, facilité le quotidien des Français, non seulement en leur évitant de multiples conversions pour leurs voyages en Europe, mais également en favorisant leur consommation. L’euro reste pour beaucoup synonyme d’une hausse des prix. À tort. Les produits d’achat quotidien de faible valeur, tels que le café, le pain ou le journal, ont en effet connu une hausse de leurs prix, arrondis à l’introduction de l’euro. Le taux de conversion, fixé dès le 31 décembre 1998, en France, à 6,55957 francs ne facilitait pas son strict respect, la baguette à 3 francs (0,46 euro) en 2001 est ainsi passée en moyenne à 0,70 €. Les études réalisées en 2002 ont montré que la hausse moyenne des prix à la consommation en raison du passage à l'euro ne s’élevait qu’entre 0,1 à 0,3 % de l'inflation moyenne de 2,3 % dans la zone euro cette année-là[9]. Les consommateurs ont parfois l’impression que les prix ne cessent d’augmenter quand ils comparent les prix de 2012 par rapport à ceux de 2001, alors que cette augmentation est due à l’inflation progressive. Mais le prix des biens et services plus onéreux a globalement diminué sur dix ans : « là où il fallait près d'un smic annuel pour s'offrir une Clio en 2002, aujourd'hui sept mois suffisent[10] », certifie le magazine pour les consommateurs Que Choisir en janvier 2012. Si le pouvoir d’achat des Français ne s’est pas amélioré, ce n’est pas la faute de l’euro, mais en premier lieu de l’augmentation du prix des matières premières et du logement.

1.      3 - Une « crise finale » de l’euro

Les peuples européens seraient aujourd’hui sacrifiés sur l’autel de l’euro, qui serait « en phase terminale sous perfusion du FMI et ne se maintient qu'au prix d'une régression sociale sans précédent[11] ». Les européistes s’accrocheraient à ce mythe destructeur, engagés dans un « jusqu’au-boutisme absurde », une « fuite en avant tragique », qui conduirait à leur perte la Grèce, l’Irlande, le Portugal et bientôt l’Italie, l’Espagne et la Belgique. Les Français, au nom de la sauvegarde de l’euro, se verraient non seulement infliger un traitement d’austérité, mais également obligés de financer des plans d’aide pour soutenir d’autres pays européens, plans voués à l’échec, puisque cette crise devrait mener inéluctablement à l’éclatement de la zone euro.

La démonstration du FN est fausse. La crise des dettes souveraines européennes n’est pas une crise de l’euro, mais la conséquence de déséquilibres macro-économiques excessifs de certains Etats membres (déficits de la balance courante, d’origine publique ou privée, dette grimpante…), qui se sont développés faute de gestion saine des ressources publiques dans certains pays, de régulation financière et de coordination des politiques macro-économiques qui aurait dû être le corollaire d’une intégration monétaire, qui a elle porté ses fruits. Ces déséquilibres ont été révélés et aggravés par la crise financière et économique de 2008, par l’impact de la crise des subprimes, le renflouement des banques par les Etats, qui a conduit à transférer le risque du secteur privé au secteur public et à détériorer les finances publiques, et par la spéculation sur les émissions obligataires. La zone euro est fragilisée, non par l’euro, qui se porte bien, mais par les divergences de trajectoires économiques des Etats membres. Aujourd’hui, cette crise n’appelle  en aucun cas une sortie de la zone euro, mais une application plus rigoureuse de la discipline budgétaire communément agréée et une meilleure coordination des politiques économiques. 

L’éclatement de la zone euro est très loin d’être inéluctable, car aucun acteur économique et financier n’y aurait intérêt tant les conséquences seraient désastreuses et profondes pour tous les pays européens et leurs partenaires commerciaux, qui en seraient fortement déstabilisés. L’amélioration du climat sur les marchés financiers début 2012 reflète d’ailleurs également le refus de ce scénario noir.

2 - Un programme aux conséquences désastreuses

Le FN affirme d’ores et déjà qu’il s’opposera à tout nouveau plan d’aide supplémentaire, selon lui parfaitement inutile, et parce que les intérêts des Français, dont la réduction de leur propre dette, doivent être une priorité : « Comment accepter d’alourdir notre propre dette de 60 milliards supplémentaires, pour rien, quand on demande dans le même temps des sacrifices à nos retraités, nos travailleurs, nos PME, nos fonctionnaires ? ».Le FN occulte l’interdépendance des économies européennes : les plans d’aide aux autres Etats européens contribuent à juguler la crise de la dette, à stabiliser la zone euro et à préserver à terme le commerce de la France avec ses voisins, qui représentent les deux tiers de ses échanges globaux. La Chancelière allemande, dont le pays est pourtant la première puissance économique européenne et affiche 3 % de croissance en 2011, a elle-même conclu que son pays avait davantage à gagner en soutenant les Etats fragilisés de la zone qu’en les abandonnant

La solution pour Marine Le Pen est une sortie de l’euro qui rendrait enfin possible une dévaluation.

Le FN cite des économistes qui préconiseraient de telles propositions, dont Jean-Luc Gréau, ancien économiste au Medef, Christian Saint-Etienne, économiste au Conseil d'analyse économique, Jacques Sapir, directeur d'études à l'Ehess, ou Alain Cotta, professeur d'économie à HEC, alors que leurs écrits ne valident aucunement son programme. Comme il a pu le confirmer à de nombreux journalistes médusés, Jean-Luc Gréau n’est aucunement favorable à la sortie de l’euro, qui serait selon lui synonyme d’une catastrophe financière pour la France, et le rachat de la dette par l’émission de la monnaie, d’une hyperinflation et de la banqueroute. Alain Cotta, auteur de Sortir de l'euro ou mourir à petit feu, estime, contrairement au FN, que la solution serait de conserver une monnaie unique de référence tout en ayant recours aux monnaies nationales, option peu probable. Christian Saint-Etienne, auteur de La fin de l’euro, a une thèse opposée à celle du FN : considérant que la sortie de la France de l'euro serait suicidaire, il plaide en faveur d’une option fédérale, approfondissant l’Union de 9 ou 10 membres.

Marine Le Pen doit encore trouver l’économiste de renom qui appuiera ses propositions. En effet, un retour au franc accompagné des mesures protectionnistes qu’elle envisage plongerait la France dans une profonde récession. Elle se traduirait par une chute d’au moins 5 points de PIB en 18 mois[12] et des destructions d’emplois massives, augmentant de près d’un million le nombre de chômeurs.

La nouvelle monnaie française serait, en effet, dévaluée en quelques semaines, non pas de 10 % comme le souhaite et l’affirme le FN, mais de plus de 30 %, voire 60 %, selon les estimations. Cette dévaluation entraînerait une hausse équivalente du prix des importationsqui pénaliserait les consommateurs, en premier lieu les Français les plus pauvres, et annihileraient les gains attendus à l'exportation. Ces gains à l’exportation devraient, qui plus est, être brefs, car nos partenaires commerciaux risqueraient de ne plus avoir recours aux entreprises françaises : une telle dévaluation du franc serait pour eux beaucoup trop coûteuse. Les coûts de change et risques de change augmenteraient de manière exponentielle, en affectant fortement le commerce français, dont les deux tiers des échanges sont intra-européens.

Cette dévaluation entrainerait une hyperinflation. La hausse des prix pour les consommateurs devrait conduire à des augmentations de salaires pour éviter un effondrement du pouvoir d’achat, ce qui déclencherait une spirale inflationniste destructrice pour la croissance. L’inflation ne pourrait être combattue que par une hausse des taux d'intérêt, qui rendrait impossible toute reprise de l'investissement des entreprises et pénaliserait leur compétitivité. La spéculation ferait rage, les marchés perdant confiance en la valeur de la jeune monnaie, qui serait beaucoup plus vulnérable que l’euro, et abandonnant les obligations souveraines françaises.

Cette crise économique et financière entrainerait naturellement une crise bancaire, alimentant un cercle vicieux. Le coût de l’endettement à court terme et à long terme des banques françaises exploserait, déclenchant une crise de liquidité et de solvabilité, une forte baisse de rentabilité et donc une réduction et un renchérissement de leurs offres de crédits, dont pâtiraient les entreprises. Une fuite des capitaux, qui affaiblirait encore ces dernières, est tout à fait prévisible. 

Le coût de la dette publique, alors libellée en franc, augmenterait de manière exponentielle, ses taux d’intérêts pouvant progresser en quelques mois de plus de 2 %, augmentant de 5 milliards d’euros le coût des intérêts d’emprunt en 2013 et de 25 milliards en 2017. Ce renchérissement de la dette, alors que la baisse de la demande intérieure, due à l’augmentation des prix, provoquerait une perte de recettes fiscales pour l’Etat, mettrait le gouvernement frontiste dans l’obligation d’élaborer un nouveau plan de rigueur, d'une ampleur sans équivalent.

Une sortie de l’euro engendrerait de multiples aléas subsidiaires, tels que la fabrication coûteuse de nouveaux instruments monétaires (estimée à 2 milliards d'euros) et un contrôle des changes fortement compliqué.

La France est l’un des piliers de la zone euro : il est probable que sa sortie entraine l’éclatement de la zone euro dans son ensemble, ce qui démultiplierait les conséquences néfastes sur l’économie, compte tenu de l’interdépendance des économies européennes, et conduirait donc à une chute du PIB de l’Union européenne pendant plusieurs années, ce qui la mettrait certainement sur la voie du déclin et de sa marginalisation sur la scène internationale, au profit des Etats-Unis et des grands émergents.


* Pseudonyme.

[1] Les citations non précisées dans cet article proviennent du site du Front national.

[2] Magazine Stern, 5 octobre 2011.

[3] Conférence de presse de présentation du programme de Marine Le Pen, 12 janvier 2012.

[4]Sondage réalisé pour « Lire la Société » et publié dans Le Monde du 6 décembre 2011.

[5]Discours de Marine Le Pen prononcé le samedi 19 novembre 2011 à Paris sur son projet présidentiel, disponible sur le site du FN.

[6]Entretien avec Milton Friedman, Revue Commentaire, Hiver 2000-2001, n° 92.

[7] Discours d’investiture de Marine Le Pen à la présidence du Front National, Congrès de Tours, 15 et 16 janvier 2011, disponible sur le site du parti.

[8]Données de la Direction des affaires économiques et financières de la Commission européenne (site Europa).

[9] Ibid.

[10]Enquête du magazine Que choisir réalisée pour les dix ans de l’euro, numéro de janvier 2012.

[11] Discours d’investiture de Marine le Pen à la présidence du FN, ibid.

[12] Toutes les estimations qui suivent ont été faites par des économistes de Terra Nova. Voir le chiffrage du programme de Marine Le Pen : http://www.debats2012.fr/presidentielles/le-chiffrage-2012-la-facture-explose-pour-marine-le-pen/

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