Qu'annoncent les 100 premiers jours de la présidence de Barack Obama? Après les huit années de Georges Bush à la maison blanche, le changement promis par le candidat démocrate pendant la campagne présidentielle s'imposait.
Mais l'"Obamania" peut-elle résister au temps? Entre rupture et continuité, ce début de mandat est encourageant.
La victoire de Barack Obama le 4 novembre 2008 a été accueillie par un soulagement général des capitales du monde entier ; cet espoir montrait l'ampleur du passif créé par l'administration Bush au sein de la communauté internationale. Les médias ont dépeint une vision idéalisée du candidat démocrate durant la campagne présidentielle, celle d'un leader « post-racial » incarnant la rencontre des civilisations plutôt que leur choc. Cette vision est naturellement par trop idyllique. Quelle sera, une fois l'Obamania dissipée, la politique étrangère des Etats-Unis sous l'Administration Obama ?
Pour certains observateurs, la continuité va l'emporter. La campagne du candidat Obama a été marquée par la prudence sur le terrain diplomatique et militaire. Les nominations dans l'Administration s'inscrivent dans une logique de continuité. Sur le sujet de « rupture » principal, l'Irak, la position de Barack Obama s'inscrit en réalité également en continuité : l'Administration Bush II planifiait déjà le retrait de l'Irak pour un réinvestissement en Afghanistan, en témoigne la prorogation de Robert Gates comme ministre de la défense.
Dès lors, il y aurait certes une rupture sur la forme : l'Administration Bush maltraitait ses alliés et pratiquait un unilatéralisme agressif ; l'Administration Obama sera à l'écoute et dialoguera avec ses alliés. Mais pas de rupture sur le fond. Un retour à l'ère Clinton, en quelque sorte, gant de velours mais main de fer : une conduite « éclairée » de l'hyperpuissance américaine.
Pourtant, des éléments de rupture sur le fond émergent d'ores et déjà à l'issue des cents jours.
Premier élément de rupture : le choix du multilatéralisme. La nouvelle Administration a répété à de multiples reprises son crédo : les Etats-Unis ne sont plus la puissance unique d'un monde unipolaire, ils ne résoudront plus seuls les enjeux géostratégiques de la planète qui doivent être traités par la communauté internationale dans un cadre multilatéral. Le ré-engagement américain dans les négociations de Kyoto, l'attitude « médiatrice » de Barack Obama au G20 sont de premiers signes en ce sens.
Deuxième élément de rupture : la volonté de travailler pour un monde pacifié en surmontant le « choc des civilisations », en rupture avec la politique menée depuis Reagan consistant à alimenter ce choc par une vision manichéenne entre axe du Mal et axe du Bien. Cette volonté trouve ses premiers actes tangibles dans les gestes d'ouverture vers Cuba, l'Iran, un ton apaisé avec le Venezuela et la Russie ainsi que des signaux équilibrés sur la question palestinienne.
Troisième élément de rupture : l'engagement américain pour le désarmement nucléaire. La philosophie de la Maison Blanche est le « global zero », soit une éradication des armes nucléaires dans le monde. Si la position américaine n'est pas dénuée d'arrière-pensées, elle constitue en tout état de cause, si elle se confirme, une rupture stratégique majeure.
100 jours : il est encore trop tôt pour se prononcer sur la réalité du virage stratégique opéré par Barack Obama sur la scène internationale. Les premiers éléments sont pourtant là. Ils sont encourageants.
A l'issue des cent premiers jours de l'Administration Obama, la tendance dans les chancelleries est de souligner la fin de l'Obamania en politique étrangère. Barack Obama marquerait certes une réelle inflexion sur la forme : les Etats-Unis seraient plus à l'écoute de leurs alliés, plus respectueux des enceintes internationales, moins idéologiques sur « l'axe du Mal ». Mais il représenterait la continuité sur le fond. En gros, un retour à l'ère Clinton : amical et coopératif dans le ton, unilatéral sur le fond.
Il y a certes de réels éléments de continuité. Mais globalement, une rupture sur le fond semble se dessiner.
1 - LA POLITIQUE ETRANGERE D'OBAMA : LES ELEMENTS DE CONTINUITE
1.1 - LA PRUDENCE DU CANDIDAT OBAMA
Dans le domaine de la politique étrangère, Barack Obama a déployé un discours empreint de pragmatisme et de prudence.
Barack Obama se savait dominé sur les questions internationales par John McCain, dont la crédibilité était assise sur de longs états de service. Il a donc cherché à « neutraliser » le dossier, en se présentant comme un homme de sang froid, peu porté vers l'aventurisme. Il a même réussi à y gagner une stature d'homme d'Etat lors de sa tournée européenne où chefs d'Etat et citoyens se pressaient à sa rencontre. Malgré tout, son positionnement pragmatique contrastait avec l'héritage idéologique néo-conservateur, dont John McCain a eu du mal à s'exonérer : accentuation de la guerre en Irak, soutien sans faille à Israël, refus d'un dialogue avec l'Iran tant qu'elle ne renonce pas à son projet nucléaire, stigmatisation de l'axe du Mal, méfiance envers la Russie et la Chine. Ce clivage s'inscrit dans la continuité d'un front renversé hérité de l'émergence du néo-conservatisme (Ronald Reagan), avec des démocrates s'illustrant par des positions ouverte au monde mais pragmatiques (voire plus isolationnistes) et des républicains idéologisés par une vision du monde travaillée par l'occidentalisme.
D'autre part, le candidat démocrate n'était pas attendu sur la politique étrangère mais sur l'essoufflement du modèle de croissance américain et les interrogations engendrées par la crise économique. Il s'agissait dans le domaine de la politique extérieure de ne pas commettre d'erreurs et de faire oublier son manque d'expérience internationale. Les questions de politique étrangère ont été mineures dans le choix des électeurs américains. L'Irak, très présente lors de la présidentielle de 2004, a au final peu joué sur le scrutin. La relative accalmie constatée sur le terrain a joué en ce sens. Mais c'est surtout le déclenchement de la crise financière et l'effondrement des marchés en pleine campagne qui ont focalisé l'attention politique sur l'économie.
La prudence du programme du candidat démocrate a connu une exception, lors des primaires : la question de l'Iran et des rogue States. A la question du journaliste « Seriez-vous d'accord pour rencontrer individuellement, sans pré-conditions, les leaders de l'Iran, de la Syrie, du Venezuela, de Cuba et de la Corée du Nord, afin de surmonter les divisions qui nous séparent ? », Barack Obama répond « oui ». L'attaque d'Hillary Clinton est immédiate : « naïf », « inexpérience », « idéalisme dangereux : on ne discute pas avec ses ennemis, on les combat », « tous les experts et tous les diplomates sont contre ». Mais Barack Obama ne tente pas de corriger son message initial, il contre-attaque : « il faut sortir de la pensée unique de Washington », « Roosevelt discutait avec Staline, Nixon avec Mao, l'idée que l'on ne pourrait pas discuter avec Ahmadinejad est ridicule ».
Pour le reste, les observateurs, principalement européens, ont été surpris par l'absence de l'Europe dans les propos du candidat. Dans un de ses ouvrages, il consacre seulement deux pages au continent européen. Il a en revanche sacrifié à la tournée en Europe, où il s'est surtout attardé à Londres et Berlin, avec l'immense succès que l'on sait.
In fine, Obama est apparu comme le vrai candidat réaliste. Farred Zakaria, l'une des plumes les plus influentes de Newsweek, a qualifié Obama d' « optimiste réaliste ».
1.2 - LA CONSTITUTION DES EQUIPES CHARGEES DE LA DIPLOMATIE : PRIME A L'EXPERIENCE ET A LA CONTINUITE
Les premières nominations du président américain ont clairement signifié que la prime était donnée à l'expérience et à la continuité. Ces nominations ont pu étonner certains soutiens du candidat Obama. Elles ont surtout démontré sa stature d'homme d'Etat, ainsi que sa conception de l'unité de l'Amérique.
Son premier acte majeur fut la nomination très politique de son adversaire malheureuse aux primaires, Hillary Clinton, au poste de Secrétaire d'Etat. Ajoutée au choix en août 2008 de Joe Biden au poste de vice-président, cette nomination était aussi de nature à lever les incertitudes liées à l'inexpérience d'Obama.
D'autres personnalités ayant travaillé sous l'ère Clinton sont aussi promues.
Richard Holbrooke, ancien Secrétaire d'Etat adjoint sous Clinton et architecte des accords de paix de Dayton sur l'ex-Yougoslavie, est nommé envoyé spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan.
L'ancien sénateur du Maine, George Mitchell, est lui nommé envoyé spécial pour le Proche-Orient. Ce choix consacre un habile négociateur (il fut à l'origine de la paix signée en Ulster en 1998) et un homme connu pour ne pas être pro-israélien (il avait participé aux ultimes tentatives infructueuses de l'administration Clinton pour ramener la paix en 2000).
Susan Rice est nommée au poste emblématique d'ambassadrice à l'ONU. Elle s'occupait de l'Afrique sous la présidence Clinton.
Pour la CIA, le choix se porte sur Leon Panetta, âgé de 70 ans. Il n'a aucune expérience du renseignement, mais il fut secrétaire général de la Maison Blanche sous Clinton ; là aussi, l'expérience est mise en avant pour cette nomination.
Dernière nomination d'importance, celle du général James L. Jones, qui fut patron de l'OTAN, est nommé conseiller à la sécurité nationale.
Sur le plan de la défense nationale, Obama démontre son absence d'esprit partisan. Sur les conseils de Brent Scowcroft (ancien secrétaire à la sécurité nationale de George Bush père et opposé à l'invasion de l'Irak en 2003), il proroge au Pentagone le Secrétaire à la Défense Robert Gates, un républicain modéré, ancien directeur de la CIA dans les années 90. Ce choix est également dicté par l'amélioration notable de la sécurité en Irak depuis quelques mois, en grande partie liée à la nouvelle stratégie du Pentagone (déploiement de troupes supplémentaires, discussion avec la minorité sunnite), et aussi à l'approche non partisane de Robert Gates.
1.3 - LE DOSSIER IRAKIEN : LA CONTINUITE DERRIERE LA RUPTURE
Pour la Maison Blanche, la guerre en Irak apparaît comme une erreur à rectifier à court terme. La guerre contre le terrorisme doit se dérouler sur son vrai théâtre : la région "Af-Pak", nouvelle notion pour désigner l'Afghanistan et le Pakistan. Ainsi, Barack Obama présente en février dernier les grandes lignes d'un plan de retrait des troupes américaines d'Irak. Les troupes américaines, fortes de 142 000 hommes, seraient réduites en 2010 à une force de transition comprise entre 35 000 et 50 000 hommes, avant un retrait définitif en 2011.
Ce retrait est conforme à ce que George W. Bush et Robert Gates avaient conclu en fin de présidence. Il souligne les convergences entre les deux présidents sur ce sujet - convergences sur le tard au vu des positions antagoniques des deux hommes en 2003 - et explique aussi le maintien pour un an de Robert Gates au Pentagone.
Ce désengagement progressif d'Irak, doit permettre de dégager des troupes substantielles qui seront déployées sur le théâtre afghan. Le président a annoncé en mars un renfort de 21 000 soldats, ce qui portera les troupes américaines à 60 000. Le président américain compte sur une implication croissante des Européens sur ce dossier, mais au-delà des efforts symboliques de certains alliés (dont la France), ces derniers ne semblent pas vouloir augmenter significativement leur participation en hommes. D'autant que les objectifs ne sont pas clairement établis, ni dans la stratégie à adopter, ni dans les éventuelles sorties de crise.
La crise irakienne fut le fardeau de la présidence Bush, le dossier afghan sera à coup sûr l'un des sujets de politique étrangère les plus périlleux pour la nouvelle administration américaine.
1.4 - UN SIMPLE CHANGEMENT DE STYLE ?
La principale rupture de la nouvelle administration Obama réside dans le changement de style utilisé par la diplomatie américaine et en particulier à l'égard de ses alliés.
Emblématiques de cette approche, les déclarations du vice-président Joe Biden lors de la conférence annuelle sur la sécurité à Munich. Devant cet auditoire, l'ancien secrétaire d'Etat à la défense de George W. Bush, Donald Rumsfeld, avait glosé en 2003 sur la « vielle Europe » qu'il opposait aux nations de l'Europe de l'Est, provoquant un couac diplomatique majeur alors que les préparatifs de la guerre en Irak battaient leur plein. En février 2009, dans la même enceinte, Joe Biden a insisté sur le respect du multilatéralisme et la nécessaire coopération entre Européens et Américains en déclarant : "Nous allons pratiquer le dialogue. Nous allons écouter. Nous allons consulter. L'Amérique a besoin du reste du monde."
En contribuant à des relations apaisées, ce nouveau style permet aux Etats-Unis de redorer leur blason, tout en ne cédant que fort peu sur le fond. La « semaine européenne » de Barack Obama au mois d'avril n'a ainsi pas été dénuée de tensions sur le fond, que ce soit au G 20, lors du sommet de l'OTAN, ou par ses déclarations à Prague sur les armements nucléaires et sa profession de foi pour une intégration d'Ankara au sein de l'UE, lors de sa visite en Turquie. Mais le style a permis de faire « passer les pilules ».
Un retour au style de l'Administration Clinton, en quelque sorte.
2 - LES PREMIERS SIGNES DE LA RUTPURE
2.1 - LA MAIN TENDUE A L'IRAN
Appliquant ses engagements de campagne, Obama a créé la surprise en adressant un message apaisant au peuple persan à l'occasion de Nowruz, le nouvel an traditionnel iranien, qui débutait le 24 mars 2009.
La prudence doit bien entendu demeurer sur un retour à des relations normalisées avec Téhéran. Cependant, la nouvelle administration américaine ne s'est pas fait pour l'heure remarquée par des positions appelant à un renversement du régime islamique.
2.2 - LE RETOUR AMERICAIN DANS LES INSTANCES MULTILATERALES
La volonté est clairement de solder le bilan de la présidence Bush marquée par la défiance, voire l'hostilité à l'égard de l'ONU et une relative indifférence pour l'OTAN, considérée comme un simple bras armé devant faire la guerre en Afghanistan et employée sur le mode « la mission conditionne la coalition ». Les nominations de Susan Rice à l'ONU et de l'ancien patron de l'OTAN, le général James L. Jones, attestent de ce changement de ton.
Dans l'équipe Obama, la volonté est affirmée de réhabiliter les instances internationales et le multilatéralisme. Le discours est clair : le temps de l'hyperpuissance américaine, d'un monde unipolaire, est révolu. Les enjeux auxquels font face la communauté internationale ne peuvent pas être traités unilatéralement par les Etats-Unis, ils doivent être traités collectivement. L'attitude « médiatrice » de Barack Obama au G20 en témoigne (cf. G20 de Londres : entre éclat et doutes, note Thomas Chalumeau et Axelle Lemaire - Terra Nova - 06 avril 2009), tout comme le retour des Etats-Unis dans les négociations environnementales de Kyoto.
Dans le registre des mesures symboliques, le nouveau président américain a cherché à marquer les esprits en signant dès sa prise de fonctions la fermeture de la prison de Guantanamo puis en bannissant la torture militaire, ainsi que les pratiques secrètes de la CIA, mettant ainsi les Etats-Unis en conformité avec le droit de la guerre et les Conventions de Genève.
Autre conséquence de la décrispation voulue par la Maison Blanche, la terminologie de « guerre globale au terrorisme » a été bannie du vocabulaire de l'exécutif américain, afin de ne pas heurter les partenaires des Etats-Unis, souvent très hostile à cette figure de style, ce qui n'enlève rien à la volonté américaine de lutter contre les groupes soutenant le terrorisme, en particulier en Afghanistan.
2.3 - PREMIERS PAS VERS LA NORMALISATION DES RELATIONS AVEC L'AMERIQUE LATINE
Les récentes initiatives à l'égard de l'Amérique latine sont également notables. L'Administration Obama a d'abord annoncé le 14 avril 2009 la levée des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des américano-cubains vers leur pays d'origine. Il est probable que ce conflit hérité de la guerre froide soit levé rapidement.
Durant le sommet des Amériques (tenu du 17 au 19 avril 2009), le président américain a également évoqué la probabilité de reprendre des relations diplomatiques apaisées avec le Venezuela, qui étaient rompues depuis la présidence Bush.
2.4 - VERS UN TOURNANT DANS LA POLITIQUE AMERICAINE AU PROCHE ORIENT ?
Si Barack Obama a symboliquement adressé ses premiers appels téléphoniques internationaux aux dirigeants arabes du Proche Orient, nous restons dans l'attente d'un grand discours sur le Moyen-Orient qui fixerait la ligne pour ce premier mandat.
Mais les déclarations du secrétaire général de la Maison Blanche, Rham Emanuel, donnent un avant-goût de ce que pourrait être la position américaine concernant la relance du processus de paix au Proche-Orient. En effet, Rham Emanuel a avancé l'idée que si Israël souhaitait continuer à bénéficier de l'aide américaine dans le dossier du nucléaire iranien, il serait bien inspiré d'appuyer le processus de paix avec la Palestiniens, en acceptant le principe des deux Etats, et en procédant à l'arrêt de la colonisation et au démantèlement des implantations sauvages en Cisjordanie.
L'Amérique pourrait donc renoncer à sa politique de soutien inconditionnel à Israël, vouée à l'échec avec le gouvernement ultra-nationaliste actuel.
2.5 - LE DESARMEMENT NUCLEAIRE : VERS UNE RUPTURE STRATEGIQUE MAJEURE ?
Les premiers mois de la présidence Obama ont aussi été marqués par sa position sur les armes nucléaires, avec un discours fort le 5 avril à Prague sur la non- prolifération des armes nucléaires, un domaine totalement occulté par la précédente administration, alors que le traité de réduction des armes stratégiques (START) vient à expiration le 5 décembre de cette année.
Dans ce domaine, la philosophie de la Maison Blanche est le « Global Zero », soit une éradication des armes nucléaires dans le monde. Cette initiative, promue en 2007 par d'anciens dirigeants américains dont George Schultz et Henry Kissinger, a été relancée en décembre 2008 et vise à susciter une mobilisation internationale. Elle prend acte de l'échec des négociations bilatérales ou multilatérales menées jusqu'ici sur le sujet.
Cette relance du désarmement par les Etats-Unis risque de mécontenter les puissances nucléaires actuelles, à commencer par la Grande-Bretagne et la France. En effet, arme avant tout politique, le nucléaire permet à certains pays de jouer un rôle surdimensionné (cas de la France). Elle n'est pas dénuée d'arrière-pensées. Un monde sans armes nucléaires rendrait la domination des Etats-Unis, qui assument aujourd'hui 48% des dépenses mondiales en matière de défense, encore plus écrasante en termes d'armes conventionnelles.
Il est trop tôt pour juger des suites qui seront données au discours de Prague, mais cela démontre que les propos du président américain sont loin de relever d'un wilsonisme naïf. La preuve est d'ailleurs donnée par le soutien renouvelé du président américain au projet de bouclier anti-missiles en Europe, pourtant décrié par la Russie et une partie des Etats européens.
Le nouveau président américain semble donc privilégier le « soft power » au « hard power ». Est-ce une autre façon de conforter la place de l'Empire et d'illustrer cette métaphore du prince de Salina dans Le Guépard de Visconti : « Il faut que tout change pour que rien ne change » ? Ou bien est-ce l'amorce d'un vrai virage dans la politique diplomatique américaine ? Les 100 jours d'Obama ne permettent pas encore de trancher. Mais ils recèlent de nombreux signes positifs.