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Billet de blog 1 janvier 2024

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Sénégal : Ousmane Sonko reste l’un des principaux opposants au président sortant

L'investiture d'Ousmane Sonko, opposant sénégalais actuellement emprisonné, en tant que candidat à l'élection présidentielle de 2024, représente une tournure majeure et symbolique dans le paysage politique d’un état qui tend à devenir l’un des plus stables sur le continent africain.

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Illustration 1

Un scrutin aux multiples enjeux

Lors des élections de 2024, plus de 90 candidatures ont été soumises ; l'annonce imminente des candidats définitifs le 20 janvier revêt donc une importance capitale, révélant l'équilibre des forces en présence et les perspectives de cette élection. Le président sortant, Macky Sall, a promis des élections paisibles et équitables. Cette promesse prend une dimension particulière dans le contexte de l'incarcération de Sonko, figure centrale d'un conflit prolongé avec l'État, qui a déjà engendré des troubles mortels. Comme l'indique le juriste Aziz Daba Kébé, dans un essai intitulé « Gagner le débat : La démocratie face aux pulsions putschistes et au terrorisme extraordinaire », la dernière campagne présidentielle sénégalaise en 2019 n'a pas été unipolaire, bipolaire ou multipolaire, mais plutôt tripolaire, avec des figures telles que Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko attirant l'attention. Il affirme dans son essai : « Au Sénégal, le système de parrainage visait à écarter les candidatures fantaisistes et à renforcer la crédibilité des candidats, un élément crucial pour préserver la valeur de l'élection présidentielle et pour éviter sa banalisation. » Ousmane Sonko, investi par la coalition 'Sonko Président', a rapidement gagné en popularité, se positionnant comme un candidat d'espoir. Sa forte performance dès sa première participation à l'élection présidentielle est remarquable, obtenant 15 % des voix. Selon Aziz Daba Kébé, cette réussite s'inscrit dans une dynamique où les électeurs sont en quête de nouvelles voies et de renouveau politique. Cependant, sa récente arrestation de Sonko et la décision du Conseil constitutionnel de rejeter la requête des députés de l'opposition contre la levée de son immunité parlementaire, montrent la complexité de la situation politique.  Aziz Daba Kébé indique : « Les députés avaient contesté cette résolution, la jugeant inconstitutionnelle en raison de l'irrégularité de la composition de la Commission ad hoc et de la violation des droits de la défense. » En soi, le parcours d’Ousmane Sonko et les défis auxquels il est confronté sont emblématiques des tensions entre l'aspiration démocratique du peuple sénégalais et une réalité souvent brutale sur laquelle le peuple a peu d’impact. 

« Ousmane Sonko représente un symbole fort pour ceux qui aspirent à un changement, mais son approche reste controversée »

Investiture: El Malick Ndiaye investit officiellement Ousmane SONKO devant ses alliés © Senegal7

L’arrestation d’Ousmane Sonko, survenue fin juillet, secoue le paysage politique sénégalais, soulevant des interrogations cruciales sur l’équité du processus électoral dans un pays qui se dit démocratique. Accusé de débauche de mineure et d'appel à l'insurrection, le candidat emprisonné réfute ces allégations, les qualifiant de « manœuvres pour le disqualifier de la course présidentielle. » Dans son ouvrage « La démocratie face aux pulsions putschistes et au terrorisme extraordinaire »,  Abdoul Aziz Diop suggère que cette arrestation est un coup politique. A partir d’un examen poussé des positions d’Ousmane Sonko sur des sujets comme l'industrialisation du Sénégal et l'énergie, Abdoul Aziz Diop met en évidence une certaine désarticulation et un manque de rigueur scientifique dans le programme du candidat emprisonné. « Sonko semble s'égarer dans des théories sans fondement solide, délaissant les véritables enjeux du Sénégal', affirme l’universitaire sénégalais. En outre, l’écrivain Fary Ndao, dans un essai 'L’or noir du Sénégal', souligne l'importance de la transparence dans l'industrie pétrolière, un sujet que Sonko aborde sans précision. Aziz Daba Kébé précise : « Les députés avaient contesté cette résolution, la jugeant inconstitutionnelle en raison de l'irrégularité de la composition de la Commission ad hoc et de la violation des droits de la défense. » En soi, le parcours d’Ousmane Sonko et les défis auxquels il est confronté sont emblématiques des tensions entre l'aspiration démocratique du peuple sénégalais et une réalité souvent brutale sur laquelle le peuple a peu d’impact. 

Une situation assez classique 

La situation de Sonko, à travers ces diverses perspectives, reflète les défis auxquels fait face la démocratie sénégalaise. Entre accusations judiciaires et débats politiques, sa candidature et son parcours politique sont révélateurs des tensions entre aspiration démocratique et réalités politiques complexes. « Ousmane Sonko représente un symbole fort pour ceux qui aspirent à un changement, mais son approche reste controversée », note un analyste politique local. Cette situation complexe, mêlant loi, politique et opinion publique, définit le paysage électoral sénégalais en cette période pré-électorale. De plus, son programme sur la fiscalité locale, et sa volonté de promouvoir des communes autonomes, en particulier dans la gestion des ressources naturelles comme le pétrole et le gaz, marque un défi à l'autorité de l'État central coordonné par le président Macky Sall. Cette approche, bien que visant à renforcer la décentralisation, pourrait être perçue comme une tentative de créer des communes rebelles, ce qui pourrait soulever des inquiétudes au sein du gouvernement. « L'idée de donner plus de pouvoir aux communes est séduisante, mais elle pourrait mener à des conflits avec l'État central », ajoute un membre du PASTEF, le parti d’Ousmane Sanko. Selon plusieurs spécialistes de la vie politique sénégalaise, l’arrestation du candidat à l’élection présidentielle est emblématique des défis auxquels sont confrontés de nombreux États africains tendant vers la démocratie. Les tensions entre le gouvernement de Macky Sall et les opposants politiques comme Sonko peuvent rapidement mener à des crises politiques, mettant en péril la stabilité et le développement démocratique. Aujourd’hui, plusieurs sources attestent qu’Ousmane Sonko a accueilli sa radiation de la fonction publique avec un certain soulagement, voyant cette étape comme une libération lui permettant de se consacrer pleinement à la politique. Cette décision, bien que controversée, s'inscrit dans un contexte où Sonko a été accusé de violer l’alinéa 1 de l’article 601 du Code général des Impôts et des Domaines, une accusation qui souligne la tension entre ses responsabilités administratives et ses ambitions politiques. « La radiation de Sonko de la fonction publique révèle la complexité de sa position dans le paysage politique sénégalais. » commente un analyste politique. Ainsi, trajectoire d’Ousmane Sonko, entre ses démêlés judiciaires et ses propositions politiques, reflète la tension entre les aspirations démocratiques et les réalités du pouvoir en Afrique. Sa situation, ainsi que les réponses du gouvernement et des citoyens à ses propositions, seront déterminantes pour l'avenir de la démocratie et de la stabilité au Sénégal.

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