À Taïwan, Tsai Ing-wen représente toujours la voix des démocrates
Dans 11 jours, se tiendront des élections capitales à Taïwan, non seulement pour l'île, mais aussi pour l'équilibre régional. La présidente Tsai Ing-wen, du Parti démocrate progressiste, est en première ligne de ce combat, portant les espoirs de maintenir le pouvoir face à des adversaires politiques plus enclins à des relations apaisées avec Pékin.
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Quand la démocratie numérique fonctionne
Son parcours, d'une érudition et d'une compétence exceptionnelles, la distingue comme une figure de proue dans cette lutte pour la souveraineté et l'identité de Taïwan. Diplômée en droit de l’Université nationale de Taïwan et de l’université américaine Cornell, elle a également obtenu un doctorat en économie et sciences politiques à la prestigieuse London School of Economics en 1984. Sa vision et sa détermination ont été manifestes dès ses premiers pas sur la scène internationale. Comme le soulignent Donnet et Holzman dans leur essai Confucius Aujourd’hui : Un héritage universaliste, consacré à l’influence du penseur chinois sur la culture asiatique contemporaine, "Tsai Ing-wen a toujours été une pionnière, bravant les normes et les attentes avec une détermination inébranlable. » Ainsi, Tsai Ing-wen se dresse comme un phare dans la tempête politique et géopolitique qui secoue l'île. Face à la pression constante de la Chine, la présidente incarne une voix de défense pour la souveraineté et l'identité taïwanaise. L'Economist Intelligence Unit a classé Taïwan en tête des démocraties en Asie en 2020, surpassant des pays comme le Japon et la Corée du Sud. Cela témoigne de la vitalité de ses institutions démocratiques, de la participation politique active et des libertés publiques préservées. Outre sa gestion politique, Tsai Ing-wen a également fait preuve d'une gestion exemplaire de la pandémie de Covid-19, affichant des statistiques enviables avec seulement 843 cas et 7 décès jusqu'en décembre 2020, et ce, sans imposer de confinement. Cette performance est le fruit d'une préparation minutieuse et d'une transparence gouvernementale remarquable, illustrant un modèle de « démocratie numérique » où le consensus et la surveillance citoyenne des élus renforcent la confiance entre la société civile et le gouvernement.
L’artisane du rapprochement avec Washington
L’audace diplomatique de la présidente taïwanaise a été particulièrement évidente en décembre 2016, lorsqu'elle a brisé des décennies de normes diplomatiques en appelant Donald Trump, alors président-élu des États-Unis. Ce geste, rompant avec la tradition diplomatique américaine qui interdit tout contact direct avec un responsable taïwanais, a suscité l'ire de Pékin mais a aussi ravivé les espoirs des militants indépendantistes taïwanais. Donnet et Holzman clament dans leur essai publié par les éditions de L’Aube en début d’année dernière : "Cet appel historique de Tsai Ing-wen a marqué une nouvelle ère dans les relations internationales de Taïwan, mettant en lumière son courage et sa stratégie diplomatique." Sous la houlette de Tsai Ing-wen, Taïwan a également multiplié ses contacts avec les États-Unis, notamment avec la visite historique à Taipei du sous-secrétaire d’État américain Keith Krach en septembre 2020, la plus haute personnalité américaine à se rendre dans l’île depuis plus de quatre décennies. Ces visites, y compris celles du secrétaire à la Santé Alex Azar et du chef du renseignement militaire du commandement Asie-Pacifique américain, l’amiral Michael Studeman, ont consolidé la position de Taïwan sur l'échiquier international. À ce propos, Donnet et Holzman affirment dans leur essai : "Les actions de Tsai Ing-wen ont significativement réduit l'isolement diplomatique de Taïwan, démontrant une habileté et une perspicacité politique remarquables."
Le 12 novembre 2020, une déclaration faite par le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a marqué un tournant significatif dans la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de Taïwan. Il a affirmé que, pendant les trois dernières décennies et jusqu'à ce jour, "Taïwan n'a pas fait partie de la Chine". Cette déclaration est, selon Donnet et Holzman, "une remise en question audacieuse de la politique de 'Chine unique', un pilier de la diplomatie depuis la déclaration conjointe sino-américaine de 1979". Elle contraste nettement avec la position de Pékin, qui considère Taïwan comme une partie inaliénable de la Chine. En réponse, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Taïwan, Joanne Ou, avait exprimé sa gratitude envers la diplomatie américaine, affirmant : "La République de Chine à Taïwan est un pays souverain et indépendant et ne fait pas partie de la République populaire de Chine. Ceci est un fait et c’est là la situation actuelle." Donnet et Holzman soulignent l'importance de cette affirmation, notant que "cette reconnaissance de la souveraineté de Taïwan par une personnalité politique de premier plan est un signe de changement majeur dans les relations internationales."
Une femme exemplaire
“China's President Xi Jinping recently warned President Biden that it's his intention to 'reunify' Taiwan with the Chinese mainland. If Beijing does decide to invade the island nation then expect the Chinese armed forces to seek to bog the United States down in a domestic crisis.… pic.twitter.com/OowfaMgdyT
Également candidat à sa réélection en novembre, Joe Biden a toujours indiqué qu'il adopterait une position ferme sur ce dossier vis-à-vis de la Chine, probablement plus dure que celle de son prédécesseur, Donald Trump, qui avait des considérations principalement commerciales. De plus, la visite à Taïwan en août 2022 de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a marqué une étape supplémentaire dans le rapprochement en cours entre les États-Unis et Taïwan. Dans ce contexte, Tsai Ing-wen s'inscrit dans la lignée des femmes leaders asiatiques qui ont marqué l'histoire de leurs nations. Comme l'expriment Donnet et Holzman, "de Benazir Bhutto au Pakistan à Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande, en passant par Corazon Aquino aux Philippines et Indira Gandhi en Inde, ces femmes ont toutes donné l'exemple. Tsai Ing-wen ne fait pas exception à cette liste de femmes puissantes qui ont changé le destin de leurs compatriotes." La présidente taïwanaise représente ainsi non seulement un symbole de la résilience et de la souveraineté de Taïwan, mais aussi une figure emblématique du leadership féminin en Asie et dans le monde.
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