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Billet de blog 2 août 2023

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En 2024, l'Unedic financera moins l'insertion professionnelle des handicapés

Le taux de chômage en France vient de passer sous la barre des 7 %. Elisabeth Borne et Bruno Le Maire veulent profiter de ce changement positif pour baisser progressivement les fonds de l'Unédic finançant une grande partie des prestations sociales dont bénéficient les handicapés au chômage.

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Une institution pour définir les droits et les obligations des chômeurs

L'UNEDIC assure la supervision du fonctionnement administratif et financier de Pôle emploi via un accord national interprofessionnel. Bien que les syndicats et organisations patronales conservent la gestion de l'assurance chômage, la détermination des règles est désormais fortement influencée par l'État. Effectivement, la loi du 5 septembre 2018, visant à la liberté de choisir son avenir professionnel, a consolidé l'emprise de l'État sur la gouvernance de l'assurance chômage. Le gouvernement établit désormais les conditions de négociation des règles d'indemnisation du chômage à travers un document de cadrage, fourni par la Première ministre, Elisabeth Borne. Ce document définit les objectifs de négociation, notamment la trajectoire financière, le délai de négociation et éventuellement les objectifs d'évolution des règles du régime d'assurance chômage. Ainsi, les partenaires sociaux ont reçu ce cadre de référence du gouvernement, établissant les orientations pour les futures négociations de l'assurance-chômage pour la période 2024-2026. Selon les informations révélées hier par Le Parisien, le gouvernement envisage de prélever entre 11,5 et 12,9 milliards d'euros sur les fonds de l'Unédic d'ici 2026, soit entre 12% et 13% de ses recettes. Ces fonds seront alloués à France Travail, l'entité qui succédera à Pôle emploi et qui sera le principal interlocuteur pour les chômeurs en situation de handicap. Les propositions abordées lors de la conférence nationale du handicap du 26 avril, comme l'amendement gouvernemental pour un "sac à dos numérique" permettant de créer un dossier personnel, ne figurent pas dans le document de cadrage de la Première ministre, Elisabeth Borne.

La nouvelle casse sociale qu’Elisabeth Borne prépare contre les handicapés.

Comme le révélaient hier les journalistes du Figaro, la première ministre va exiger des partenaires sociaux qu'ils réduisent la dette de l'Unédic, évaluée à 60,7 milliards d'euros à la fin de 2022. On peut donc supposer que le gouvernement souhaite capitaliser sur les succès récents de certaines délégations interministérielles dédiées au handicap, en particulier celle de l’Autisme, pour diminuer les allocations des personnes handicapées. « Des progrès concrets sont manifestes », précisent Claire Compagnon, Déléguée interministérielle à l'autisme, et Laure Albertini, Conseillère experte, dans une note de l’Agefiph : « l'emploi des personnes handicapées a bénéficié de la baisse générale du chômage et de l'objectif de plein emploi, avec une diminution du taux de chômage de 14% en 2022 contre 18% en 2019. » Ainsi, la délégation interministérielle suggère que l'intégration des personnes autistes dans divers programmes d'emploi progresse dans la bonne direction. Cependant, les postes qui leur sont proposés sont souvent instables et mal adaptés à leurs troubles. Une adhérente de l’association parisienne Cle autiste, préférant garder l'anonymat, témoigne. « Chaque fois que je commence une mission, je me fais systématiquement réprimander », affirme cette jeune Asperger qui a occupé des postes de pompiste, de femme de ménage ou de salariée dans une fromagerie. Suite à une mauvaise expérience dans l'industrie, elle a choisi de se retirer du marché du travail pour bénéficier de l'AAH. « J’ai été recrutée par des agences d'intérim du groupe Randstad qui prennent n'importe qui. Ils m'appelaient pour aller à des postes avec des équipes que je ne connaissais pas », explique-t-elle. En raison de ses difficultés à respecter certaines instructions au sein d'une équipe, la jeune femme raconte également des incidents où elle s'est blessée à la main. « Lorsque je travaillais dans une fromagerie, j’ai introduit ma main dans une machine pour la nettoyer ». La jeune femme crie et se blesse lorsque les opérateurs remettent la machine en marche. « Je suis tombée dans les pommes. Ils ont fait venir la responsable, et ont déduit de mon salaire les heures qui me restaient lorsque je suis rentrée chez moi pour me soigner aux urgences. »

Des syndicats de nouveau en colère 

Comme le rapportaient hier des journalistes du Parisien, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que les revenus de l'Unédic seraient diminués de 2 milliards d'euros en 2023, pour ensuite encore baisser dans les années suivantes, atteignant entre 3,5 et 4 milliards d'euros en 2026. Cette décision a suscité l'indignation des partenaires sociaux. La CGT et FO prévoyaient d'utiliser la totalité de leur excédent pour rembourser leur dette. En effet, les syndicats restent dans l'incertitude quant à l'inclusion des personnes handicapées, moteurs ou psychiques, souhaitant momentanément se retirer du monde du travail, dans la nouvelle liste des bénéficiaires de l'assurance-chômage. Un des syndicalistes, préférant rester anonyme, témoigne : « Nous n'avons aucune information sur les catégories de travailleurs handicapés qui seront intégrées à cette liste. Nous ignorons même s'ils pourront envisager une reconversion professionnelle nécessitant une formation après un licenciement. ». Ces frictions pourraient conduire à une réunion intersyndicale le 25 août pour débattre d'une position commune à adopter. 

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