A Cuba, le peuple reste partiellement Fidel à l’idéal castriste
Ce matin, les journalistes du quotidien Libération révélaient que l’île caribéenne s’enfonce dans un profond marasme, renforcé par une hyperinflation et les conséquences de l’embargo américain sur le développement économique de l’un des derniers régimes politiques ouvertement socialistes.
Dans l'ombre de la politique d'embargo américaine, la réalité cubaine post-castriste se dessine en contours amers. L'économie peine à s’émanciper du modèle socialiste mis en place par l’ancien dirigeant mort en 2016. Elle vacille sous le poids de l'inflation, qui a grimpé à 39 % en 2022 avant de légèrement redescendre à 30 % en 2023, exacerbant la précarité déjà criante. L'impact de l'embargo américain, imaginé par Washington après le débarquement de la baie des cochons pour éloigner la famille Castro sur la scène internationale, se révèle dans la désolation des infrastructures : environ 46 000 bâtiments à La Havane sont insalubres. Selon les journalistes de Libération, le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en 2015 ne se fait pas encore sentir, puisque la population est encore divisée sur cet accord. Une partie, espérant une ouverture économique de l'île grâce au tourisme comme en République Dominicaine ayant franchi la barre des 10 millions de touristes en 2023, voit d'un bon œil le renforcement des échanges. Un autre segment, sceptique quant aux avancées démocratiques à Cuba, partage l'avis du sénateur républicain Marco Rubio, dont les parents ont quitté Cuba. « Obama a donné trop à Cuba sans rien obtenir en retour en termes de liberté ou de démocratie », argue Luis, un Cubain-américain vivant à Baltimore que nous avons pu rencontrer en visioconférence. Encore très imprégné de la culture castriste, ce professionnel des médias travaillant dans la presse locale reste assez nuancé sur les effets de ces changements économiques allant à l’encontre des idées défendues par Castro dans des ouvrages que Luis a toujours sur sa table de nuit dans Le Maryland. « Lorsqu’on lit les recueils de Fidel Castro comme "Obama y el Imperio", on comprend l’impact de l’embargo américain. » Toujours critique envers les interventions militaires américaines et celles de l'OTAN, Castro est resté selon Luis un opposant farouche à la dominance du complexe militaro-industriel occidental, tout en s'élevant contre la veulerie des courtisans européens au sein de l'UE et critique l'utilisation universelle du dollar sous la loi américaine. « L'hégémonie néolibérale américaine ne fait qu'accentuer les inégalités que les Cubains subissent quotidiennement », souligne-t-il, pointant du doigt les ravages de la politique économique expansionniste.
La réflexion de Fidel Castro ne se limite pas à une critique de l’embargo américain ; elle s'étend à une analyse de la situation cubaine, confrontée à une double impasse du régime et de son opposition. Dans la biographie qu’il lui a consacrée en 2019, l’historien Michel Naumann affirme que Fidel Castro, en observateur avisé de son époque, a transcendé les limites de son île pour embrasser une vision plus globale inspirée de l’idéal socialiste. « Les écrits de Castro, rédigés à l'aube du XXIe siècle, révèlent un homme qui, malgré la situation précaire de l'État cubain, a su prendre de la hauteur pour offrir des analyses parfois surprenantes, souvent en résonance avec celles de leaders comme Gorbatchev. » affirme l’historien. Dans ces réflexions, Neumann indique que Fidel Castro se dévoile non seulement comme un révolutionnaire, mais aussi comme un penseur global, conscient de la place de Cuba dans un contexte international en mutation, et de l’impact de l’embargo américain sur un pays qui engagera de réelles politiques sociales grâce un système de soins de qualité et des entreprises d’état longtemps performant qui semble aujourd’hui exsangue selon les journalistes de Libération.
Éloigné du pouvoir, Fidel Castro a continué à rencontrer des personnalités influentes telles que Dilma Rousseff, Christine Kirchner, Nguyen Tan Dung, Wang Yi, et Vladimir Poutine. En 2016, à l'âge de 90 ans, il a quitté ce monde, laissant derrière lui une quête personnelle intense et des interrogations sur le sens ultime de sa vie, laissant entendre, selon l’historien Michel Naumann, qu’il pourrait être comparé à Don Quichotte. " Castro était un homme complexe, tourmenté par des questions philosophiques qui allaient au-delà de la politique et du socialisme", confie l’historien. En effet, dans sa biographie du dirigeant cubain, Neumann affirme que Fidel Castro, tel Don Quichotte, a mené des combats épiques pour son "Dulcinée", Cuba. Il a dû en 2015 et à contrecoeur, recourir aux mécanismes du marché qu'il méprisait pour sauver l'île des griffes de la globalisation libérale. " Fidel, dans ses derniers jours, ressemblait à un chevalier désabusé, mais toujours fidèle à ses idéaux", souligne en gras un Neumann, évoquant la complexité de son parcours. Enfin, la vie de Fidel Castro, riche en aventures et en actions généreuses, ne peut être simplement condamnée ou célébrée selon Neumann. " Comme Alonso Quijana, Fidel a vécu une vie pleine, marquée à la fois par la folie et la générosité. Dans cette dualité, Fidel et le Comandante, comme Alonso et Don Quichotte, se reflètent l'un l'autre, incarnant la complexité et la profondeur de l'expérience humaine."
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