Le 3 juillet 2023 à 12h27
Quel été pour les professionnels du tourisme à La Rochelle ? Alors que les émeutes liées à la mort de Nahel se sont étendues au quartier de Villeneuve Les Salines, les professionnels du tourisme redoutent aucune baisse de fréquentation des restaurants et des hôtels. Les gérants du Bar André et de L'Hôtel La Fabrique indiquent que la saison n'a pas encore totalement commencé. "Les hostilités débuteront vers le 11 juillet et le premier soir des Francos", souligne une serveuse d'un restaurant luxueux au cœur de la rue Saint-Jean.
Quelques rues plus loin, au coeur du Vieux-Port où l'on célébrait il y a quelques jours la victoire en Coupe d'Europe de l'équipe de rugby locale et sa qualification pour la finale du Top 14 contre le Stade Toulousain, des barmen subissent une baisse de fréquentation. « Nous avons eu moins de monde ce week-end », nous explique une serveuse travaillant comme saisonnière depuis plusieurs étés à La Rochelle. Habitués à prendre une semaine de vacances au début du mois de juillet à l’île de ré, quelques collègues journalistes nous ont également indiqué, entre deux virées de shoppings dans les boutiques de la Rue Saint-Yon après une soirée arrosée sur le port qu’il y avait moins de touristes que d’habitude.
Un été prometteur
Un autre restaurateur préférant garder l’anonymat se dit rassuré « Nous avons la chance d’être dans une ville moyenne où il n’y pas beaucoup d’incivilités et de délits commis en centre-ville. Certes, il y a quelques vols, un peu de traffic de cigarettes et d’herbe près des rues pavées, mais j’ai l’impression que la police nationale gère bien la situation, explique-t-il. » Contactée par téléphone et mail, le cabinet du préfet a refusé de nous donner des chiffres sur l’augmentation du taux d’incivilités commises depuis la mort de Nael. Néanmoins, un restaurateur de la place du Marché nous a indiqué que son chiffre d’affaires était moins bon depuis quelques jours, surtout le soir « Les journées sont plutôt tranquilles. Je bosse bien le midi. C’est surtout le soir que mon nombre de couverts baisse », souligne-t-il. Ravi que les touristes anglais ou allemands présents à La Rochelle restent, car ils avaient prévu un séjour depuis longtemps, le restaurateur redoute les potentielles annulations des prochains jours.
Une situation gérable
Pour l’instant, les célèbres sites touristiques de la ville comme le musée du Nouveau Monde assurent ne pas pâtir d’une baisse de fréquentation. « A la différence des grosses villes ayant plus de reconnaissance internationale comme Bordeaux ou Paris, les rochelais ont la chance de ne pas subir un matraquage médiatique », souligne un chargé de communication de L’Aquarium de La Rochelle contacté par téléphone. « Les seuls médias réellement présents dans la ville sont les correspondants localiers de France 3 et Sud-Ouest. » nous indique un jeune cadre dynamique aux allures de bourgeois-bohème mangeant un Chirashi au thon près du vieux port. Ce rochelais d’adoption ayant longtemps vécu dans les arrondissements du nord de Paris souligne qu’il est d’ailleurs très rare que des médias d’envergure nationale couvrent des incivilités et les délits s’étant produits dans la ville. « A moins qu’il y ait un évènement extraordinaire comme celui qui s’est produit à Montargis vendredi lorsqu’une pharmacie a brûlé, il y a peu de chances pour que des faits de violence s’étant déroulés à La Rochelle soient largement relayés par la presse étrangère. » analyse sa compagne ayant une dizaine d’années de moins que lui. Pour cette étudiante en commerce international à Excelia La Rochelle, le développement du tourisme est même la condition sine qua non pour sauver l’été des commerçants rochelais, dans un contexte où l’inflation reste très forte. « Si les émeutes devaient durer, c’est tout l’été qui pourrait être impacté, alors que c’est la période où les commerçants de la ville reconstruisent toute leur trésorerie. »