Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

180 Billets

1 Éditions

Billet de blog 5 janvier 2024

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Plaquenil : Une étude conteste les thèses du duo Raoult Douste-Blazy

Ce matin, des journalistes de Le Monde analysaient une recherche présentant le nombre de 17 000 décès induits par la molécule promue par Didier Raoult et l'ex-ministre Philippe Douste-Blazy dans un essai intitulé "Maladie française - Pandémie : et pourtant tout était prêt !"

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

« Didier Raoult a choisi d'appliquer à cette infection le triptyque habituel qu’on inculque à chaque étudiant en médecine. »

L'utilisation controversée de Plaquenil durant la crise Covid-19 a provoqué un débat global, exacerbé par les avis de personnalités comme Didier Raoult et appuyés par des figures telles que l’ex-ministre de la Santé de Jacques Chirac, Philippe Douste-Blazy. Dans sa recherche publiée en octobre 2020 avec des collaborateurs de l’IHU de Marseille, Raoult a opté pour un protocole axé sur le dépistage large et l'utilisation rapide de l'HCQ. Douste-Blazy, dans ses ouvrages, loue cette approche et déclare : "Didier Raoult a choisi d'appliquer à cette infection le triptyque habituel qu’on inculque à chaque étudiant en médecine". Douste-Blazy mentionne aussi la tactique de Raoult consistant à divulguer les résultats avec l'HCQ, inspirée par le serment d'Hippocrate : "Il n’a souhaité rien d'autre que diffuser les résultats obtenus avec ses premiers patients." Néanmoins, la méthode et l'absence de groupe témoin dans l'analyse de Raoult ont été remises en question, élevant des doutes sur la véracité des données de Marseille. En effet, une analyse coordonnée par Jean-Christophe Lega de l'Université de Lyon a révélé une mortalité excédentaire possible due à l'usage de l'HCQ. Selon les journalistes du Monde, les chiffres montrent une mortalité excédentaire estimée à 199 décès en France, 12 700 aux États-Unis, 240 en Belgique, 95 en Turquie, 1 822 en Italie, et 1 895 en Espagne, totalisant environ 17 000 morts. Lega a néanmoins noté l'incertitude de ces données, se basant sur un taux de mortalité dû à l'HCQ de 11 %, mais avec une marge de confiance allant de 2 % à 20 %. Ceci suggère que le total de morts liés à l'HCQ pourrait fluctuer entre 3 000 et 30 000 pour les six nations où l’enquête fut menée. Néanmoins, ces recherches n'empêchent pas Douste-Blazy de mettre en avant l'aspect innovant du docteur actuellement jugé en justice, car l’ANSM le soupçonne d'enfreindre les normes sur les études humaines, et des démarches disciplinaires depuis qu'il a prôné le dépistage étendu, une tactique que Douste-Blazy considère comme efficace dans d'autres nations : "La méthode du dépistage étendu, mise en œuvre avec succès dans des pays comme l’Allemagne, le Danemark... s'est donc également appliquée à Marseille".

© Michel Mompontet

Un manque de rigueur épidémiologique

Pendant les pandémies de Covid-19, la revue scientifique anglo-saxonne The Lancet avait édité puis annulé une recherche sur l'hydroxychloroquine, après de graves interrogations scientifiques émergentes à ce sujet. L'annulation de l'analyse de The Lancet fut particulièrement remarquable. D'après Philippe Douste-Blazy, cette situation révélait les dangers de publier des conclusions non étayées ou mal attestées, même dans des journaux renommés. « L'intégrité du docteur Sapan Desai, coauteur de cette recherche, déclare l’ex-ministre de la Santé, fut remise en question, marquant les risques de coopérer avec des entités peu fiables en médecine. » Ainsi, l'usage de l'hydroxychloroquine (HCQ) pose des problématiques épidémiologiques et méthodologiques ardues. Philippe Douste-Blazy, dans son essai paru il y a deux ans, souligne la nécessité de traiter rapidement les cas précoces pour éviter les hospitalisations. Il insiste sur le fait que "soigner tôt, empêchant l'hospitalisation de nombreux individus" fut une approche essentielle durant les deux premières vagues de Covid-19 et les confinements. Douste-Blazy traite aussi des préjugés en épidémiologie, indiquant qu’"on doit éliminer les biais pour réduire les erreurs d'analyse". Il explique ceci en examinant le lien entre le taux de dépistage et le taux de mortalité. « Un nombre accru de tests peut sembler réduire la mortalité, alors que cela peut juste représenter une détection plus efficace des cas, y compris les asymptomatiques. » En outre, Douste-Blazy évoque dans ses écrits le cas de l’IHU Marseillais, où le taux de mortalité hospitalier pour la Covid-19 était bien inférieur à la moyenne nationale (3,1 % contre 17,8 %). Cette observation interroge sur l'efficacité de la méthode mise en œuvre à Marseille, y compris l'usage possible de l'HCQ. Dans ce cadre, il est évident que l'évaluation de l'HCQ pour traiter la Covid-19 ne doit pas se limiter à des comparaisons simplistes de taux de mortalité entre différentes zones ou pays, mais doit considérer la complexité des facteurs épidémiologiques.

© Bertrand Neveux

Des témoignages divers

Depuis la première pandémie en mars 2020, les débats sur l'hydroxychloroquine (HCQ) en traitement de la Covid-19 furent animés par des études et témoignages divers. Philippe Douste-Blazy souligne les résultats à Marseille, où l'étude sur 4 000 patients traités avec hydroxychloroquine et azithromycine par l'équipe du professeur Didier Raoult, publiée en octobre 2020, a montré un taux de mortalité de juste 0,45 %. Dans ses écrits, Philippe Douste-Blazy énonce : « L’étude sur des résidents d’EHPAD à Marseille, révélant une réduction notable du taux de mortalité chez les patients soignés avec du Plaquenil comparé à ceux non soignés. Elle admet que l'étude valide les risques de prescrire des traitements non éprouvés scientifiquement et suppose que le total réel de décès à l'échelle mondiale pourrait être bien plus élevé, compte tenu de l'omission de pays grands utilisateurs d'HCQ tels que l'Inde et le Brésil dans l'analyse. ». En outre, Philippe Douste-Blazy rappelle que les découvertes de Marseille sont enrichies par d'autres recherches, telles que celle réalisée au groupe hospitalier Raincy-Montfermeil, où l’association hydroxychloroquine-azithromycine fut donnée à des patients âgés, résultant en un taux de mortalité de 10,2 %. Ces cas démontrent la complexité et l'hétérogénéité des stratégies thérapeutiques mises en œuvre dans divers pays, mettant en lumière le besoin d'une analyse scientifique poussée et d'une communication transparente pour juger efficacement les soins contre la Covid-19.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.