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Billet de blog 5 octobre 2023

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Le baromètre de la fondation Abbé Pierre révèle un problème sur le prix des loyers

Ce matin, la Fondation Abbé-Pierre a publié son troisième baromètre de l’encadrement des loyers. Basé sur l’analyse de 25 000 annonces locatives, il montre un progrès dans le respect du dispositif, mais des lacunes liées à la mise en place de politiques publiques ultralibérales depuis des décennies.

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Le tournant des années soixante

La fondation Abbé Pierre, dans son dernier rapport, souligne une nette amélioration dans le prix des loyers des logements. Selon elle, ces succès sont attribués à une politique du logement ne se limitant à une segmentation marchande, comme celle que mène Ian Brossat avec Anne Hidalgo à Paris. Ainsi, La Fondation plaide pour une approche holistique qui englobe non seulement les dynamiques économiques comme le revenu et le niveau d’études des habitants d’une ville, mais aussi les implications sociales et culturelles de l'habitat pour favoriser la mixité. Les données de la dernière enquête de la fondation Abbé-Pierre révèlent qu'à Paris, 28% des annonces locatives dépassent le plafond légal de loyer, ce qui représente une amélioration par rapport aux années précédentes, où ce chiffre était de 31% en 2022 et 35% en 2021.

Ian Brossat, responsable du logement à Paris, a salué cette tendance positive. Bien que certaines situations aient changé depuis les années 1950 dans les grandes métropoles, le problème du logement demeure constant. Eléa*, militante communiste dans le 13ème arrondissement à Paris témoigne. « La question du logement est principalement un problème social, puisqu’elle s’est étendue à de nouvelles catégories de la population depuis les années 1980, aggravant la situation. »

Un rapport très alarmant

Éléa met en avant les avancées observées dans son arrondissement, où résident de nombreux étudiants, notamment du fait de sa proximité avec l'université de Tolbiac. « J'ai la chance, confie cette étudiante en master d'Histoire militante, d'habiter dans un quartier où seulement 15% des annonces sont non conformes. » Particulièrement attentive aux situations de grande précarité, Éléa porte aussi un regard sur une vaste portion de Parisiens, notamment des étudiants, confrontés à la montée des loyers et à l'inaccessibilité du logement dans certains districts où se loger devient un défi. « Dans le 16e arrondissement, précise Éléa, le pourcentage d’annonces non conformes à la régulation des loyers atteint 48%. » De plus,

Éléa s'alarme du fait que les petites surfaces subissent le plus les excès de loyers. « Il est scandaleux de constater, à travers un rapport, que 85% des logements de 10 à 15 m² proposent des loyers dépassant les limites légales, alors que ce chiffre chute à 16% pour les habitations de plus de 70 m². » Pour pallier ce problème, Éléa recommande qu'à Paris, une mise en œuvre plus rigoureuse de l'encadrement des loyers devrait avant tout profiter à ceux vivant dans de petites surfaces, comme les jeunes, les étudiants sans résidence Crous, les personnes seules et les foyers à revenus modestes.

Le rôle joué par les acteurs politico-associatifs sur la question du logement

La politique actuelle du logement est devenue si enchevêtrée qu'elle paraît davantage axée sur des cas particuliers que sur une approche globale. L'accumulation de dispositifs établis au fil des années engendre une confusion, rendant ardu l'établissement d'une démarche unifiée et sensée. Joseph*, jeune journaliste avec des troubles autistiques et une hypersensibilité auditive, partage son expérience. « La loi ELAN, via l'article L281-1 du CASF, a octroyé un statut juridique inédit à diverses formes d'habitat inclusif, qualifié comme "destiné aux personnes handicapées, en logement principal, dans un contexte d'habitation groupée et lié à un projet de vie sociale et partagée".

Ainsi, à Paris, les instances sont tenues, dans leur politique d'urbanisme, de favoriser l’accès à des logements souvent inaccessibles aux personnes handicapées. Au gré des jours, le jeune journaliste, souffrant d'une hypersensibilité visuelle, dit avoir adressé plusieurs emails aux services concernés. "J'ai contacté de nombreux bailleurs, mais le bruit engendré quand je m'exprime fort et perturbe mes voisins interrompt les échanges," note ce jeune homme de 25 ans ayant débuté chez un média numérique. Après une hospitalisation récente en psychiatrie due à ses troubles comportementaux, le jeune reporter a sollicité Tom Belloir et Maxime Cohen, collaborateurs de Lamia El-Araje, chargée du handicap à la mairie de Paris. "J'utilise ce moment pour joindre quiconque pouvant m'assister à dénicher une chambre, une coloc, un appartement, un box, où mes troubles du comportement seront acceptés. »

Les problèmes économiques et sociaux liés au logement

Joseph souligne que la gravité du mal-logement à Paris pour les personnes handicapées rend ardue sa totale éradication, d'où l'impératif d'une révision approfondie de la politique en vigueur. Bien qu'une nouvelle démarche soit indispensable, celle-ci n'a pas été effectivement adoptée, car Joseph, résidant actuellement avec ses parents en banlieue parisienne, ignore dans quelle ville il pourrait s'établir. « À Lyon et Villeurbanne, le taux d'annonces excédant le plafond légal s'établit à 34%, contre 36% en 2022. À Lille, il atteint 37% contre 43% l'année antérieure, tandis qu'à Montpellier, il a chuté de 37% à 16%. Ainsi, les loyers demeurent hors de ma portée. »

En effet, le rapport de l’Abbé Pierre montre qu’à Paris, les annonces non conformes affichent en moyenne un loyer surpassant les limites de 237 € mensuellement, soit une hausse par rapport à l'année passée où ce surplus était de 198 €. Cette différence traduit un surcoût annuel dépassant les 2 800 € pour les locataires. Dans d'autres cités, les excédents sont plus contenus : 190 € à Lyon-Villeurbanne, 133 € à Lille, 160 € à Montpellier et 210 € à Bordeaux. 

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