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Billet de blog 6 novembre 2023

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La menace nucléaire refait progressivement surface

Il y a quelques jours, le ministre israélien du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a suggéré que l'utilisation d'une bombe nucléaire sur Gaza était 'une option'. Ces propos montrent une réelle volonté israélienne d’exterminer le peuple palestinien et remettent la menace de l’utilisation d’une arme nucléaire au cœur de l’actualité internationale.

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Illustration 1

© Mathias Wargon

2018 : Alerte nucléaire à Hawaï 

Le 13 janvier, les smartphones des habitants de l’île américaine sont secoués par l'urgence d'une alerte inédite : « MENACE DE MISSILE BALISTIQUE VERS HAWAÏ. CHERCHER IMMÉDIATEMENT UN ABRI. CECI N’EST PAS UN EXERCICE ». Un message apocalyptique sur fond de tensions croissantes entre Washington et Pyongyang, après le sixième essai nucléaire nord-coréen de septembre 2017. Les cœurs palpitent, les esprits s'affolent, et pourtant, moins de trois minutes après, un démenti du commandement américain du Pacifique vient semer un doute salvateur. Mais le soulagement définitif ne viendra que 35 minutes plus tard, lorsque la rectification de l'erreur – une méprise humaine confondant exercice et réalité – parviendra enfin aux résidents sous forme d’un second SMS. Ces 38 minutes et 13 secondes d'angoisse ont mis en évidence le retour de la menace nucléaire. 80 ans après le lancement des deux bombes sur Hiroshima et Nagasaki, l'impasse des négociations de désarmement, et l'ambition indomptée des États pour l'arsenal ultime semblaient caduques, au vu des stratégies militaires adoptées par de nombreux États. En dépit des traités internationaux visant à mieux réguler la prolifération nucléaire, la course à l'armement persiste. 

Où en sont les États dans leurs stratégies nucléaires ? 

© Djenah

À l'aube de l’année 2022, le monde comptait 12 705 ogives nucléaires, avec environ 3 732 déployées opérationnellement. Les superpuissances, les États-Unis et la Russie, détiennent respectivement 42,7 % et 47 % de cet arsenal, laissant la Chine, la France et les autres puissances nucléaires bien en arrière dans cette course à l'armement. Malgré une réduction nette de 695 ogives entre 2020 et 2022, le rythme de désarmement a ralenti. Ces chiffres occultent les politiques d'expansion et les modernisations d'arsenaux en cours au-delà des deux géants nucléaires. La prolifération nucléaire semble stagner, avec le Pakistan et la Corée du Nord qui ont développé leurs arsenaux nucléaires depuis 1980. C'est dans ce contexte que ressurgissent les questionnements éternels sur la nature et l'impact de l'arme nucléaire : Pourquoi et comment dissuader ? Quels sont les mécanismes pour empêcher un pays de développer son arsenal ? Quel rôle joue la bombe dans la diplomatie internationale ? Comprendre les enjeux nucléaires implique de s'immerger dans leur dimension géopolitique, d'autant plus depuis le retour de la guerre en Europe le 24 février 2022.

Les Russes utiliseront-ils l’arme nucléaire en Ukraine ? 

Nucléaire : les menaces russes sont prises très au sérieux © LCI

Depuis quelques mois, la confrontation entre la Russie et l'Ukraine s'est muée en un véritable théâtre de la guerre hybride, où les balles et les bombes cèdent partiellement la place aux tweets et aux campagnes de désinformation orchestrées par Vladimir Poutine. Au cœur de cette lutte, le président russe déploie un usage sophistiqué de la guerre hybride qui pourrait potentiellement aboutir à l'utilisation de l'arme nucléaire en Ukraine. Ainsi, le conflit ukrainien devient un miroir des réalités modernes de la guerre, où les victoires sont aussi virtuelles que territoriales et les récits autour de l’arme nucléaire s'affrontent autant que les armées. Poutine, dans cette épopée moderne, joue le rôle de stratège et de conteur, façonnant des récits où chaque action et chaque mot sont soigneusement sélectionnés pour leur impact stratégique et narratif, soulignant la possibilité d'une utilisation nucléaire à chaque instant de cette guerre.  Des menaces sans précédent pèsent sur l'Ukraine, avec une stratégie russe impitoyable visant à anéantir ses infrastructures électriques, avant d'envisager l'usage de l'arme nucléaire. La déclaration cynique « Pourquoi recourrions-nous à l'arme nucléaire si nous pouvions ramener l'Ukraine à l'âge de pierre ? » incarne un mépris brutal envers les civils. Le terme "guerre totale", emprunté à Joseph Goebbels, paraît adapté pour décrire cette dynamique. Ces tactiques ont déjà privé des millions d'Ukrainiens d'électricité, faisant redouter un hiver 2023 rigoureux. Face aux menaces récurrentes d'emploi d'une bombe nucléaire par la Russie, Iouri Schvets, ex-major du KGB, parle d'un "bluff" du Kremlin. Les dirigeants occidentaux, cependant, ne demeurent pas passifs. La fermeté du général Mark Milley et de Victoria Nuland témoigne d'une solidarité inébranlable envers l'Ukraine. Néanmoins, la menace atomique semble perdre de sa crédibilité, évoquant des temps révolus où la clairvoyance prévalait, comme lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Une chose est claire : les manœuvres du Kremlin résonnent à travers le monde, mais leur efficacité réelle est encore à prouver.

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