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Billet de blog 6 décembre 2023

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Au collège, le ministère va créer des prisons pour élèves en difficulté

En Novembre, Gabriel Attal, ancien ministre français de l'Éducation, lançait un plan pour lutter contre l'échec scolaire. Néanmoins, les élèves en situation de handicap auront plus de mal à se mettre au niveau des autres.

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Illustration 1

« Ce collège produit trop d'échecs et pas assez de réussite »

© Nono le ronchon²

Dans un revirement audacieux du système éducatif français, le ministère de l'Éducation nationale, souhaite s'attaquer à une situation insatisfaisante depuis des décennies : "Après des décennies de glissement vers un collège plus uniforme qu'unique, j'assume de corriger ce qui ne fonctionne plus", affirmait Gabriel Attal en Novembre. Les chiffres sont éloquents : lors des évaluations nationales de 4e, un tiers des élèves se retrouvent en difficulté en mathématiques et en français. Pour M. Attal, "ce collège produit trop d'échecs et pas assez de réussite". Néanmoins, face à l'hétérogénéité des niveaux jugée entravante pour le progrès de tous, Gabriel Attal ne préconise aucune solution pour préserver les collégiens en situation de handicap dans son interview donnée à L’Obs. Or, selon les auteurs du dernier rapport consacré à la stratégie TND, les Troubles Dys touchent à eux seuls 8 % de la population. « Dans toutes mes classes, j’ai au moins deux élèves dys, et un élève diagnostiqué tsa dans une classe sur trois », nous indique une professeur de français au collège Thomas Manh ( Paris 13). Face au silence du ministre, un haut-fonctionnaire de la rue de Grenelle souhaitant rester anonyme tente de nous rassurer lorsque nous le contactons : " Fadila Khattbi et l’équipe coordonnée par Laure Albertini et Claire Compagnon ont déjà lancé de nombreuses initiatives avec la nouvelle stratégie TND. L'Identifiant national élève (INE) permettra une meilleure traçabilité des élèves et de leurs besoins spécifiques." Un dispositif salué par la vice-présidente de l'Unapei, Sonia Aheheninnou. Elle déclare : "Dans la mesure où il bénéficie d'un INE, l'enfant n'est plus du tout sous l'autorité de l'Éducation nationale pour sa scolarisation, ce qui lui offre de nouveaux droits comme celui de passer le brevet. »

Les dangers des groupes de niveau

© Gabriel Attal

Dès la rentrée prochaine, les élèves de sixième et de cinquième seront répartis en trois groupes de niveau "flexibles", permettant aux élèves de changer de groupe en fonction de leur progression. Le groupe 1, destiné aux élèves les plus en difficulté, ne devra pas compter plus de quinze élèves. De plus, des ressources humaines et financières supplémentaires seront déployées pour soutenir cette démarche, bien que les détails restent à préciser. Cependant, des chercheurs soulignent que cette approche sera inefficace, voire contre-productive pour les élèves dyslexiques ou en situation de handicap mental. Selon Sonia Aheheninnou, "ce que l'on voit depuis les annonces du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) concernant la nouvelle stratégie Trouble du Neurodéveloppement (TND), ce ne sont que des orientations et des annonces sur des mesures qui vont être mises en place. En revanche, nous ne connaissons pas encore les détails de leur mise en œuvre". Néanmoins, la vice-présidente de l’UNAPEI craint que l'on mette des enfants très différents au même niveau. Sonia Aheheninnou affirme : "Lorsqu’ils essaieront de rattraper leur retard par rapport aux autres et de rejoindre une classe d'un niveau supérieur, ces enfants se fragiliseront psychologiquement s'ils ne reçoivent pas un soutien adéquat". Le même son de cloche se fait entendre dans la communauté scientifique, qui a exprimé de profonds doutes sur la qualité du plan. Comme le mentionnait la journaliste Cécile Bourgneuf il y a quelques jours dans les colonnes du journal Libération, une note du programme "Idée", coordonné par Paris Sciences et Lettres, l'institution universitaire de référence en sciences sociales, souligne que "les études portant sur la création de classes ou de groupes de niveau concluent unanimement à une absence d'effets positifs, voire à des effets négatifs.

Un développement massif de troubles anxieux

L'anxiété généralisée, caractérisée par une inquiétude excessive face aux préoccupations quotidiennes, est fréquemment observée chez les individus souffrant du TDA/H. Cette forme d'anxiété peut se manifester sous la forme d'une "anxiété de performance", marquée par une appréhension intense à l'idée d'être évalué ou jugé. Ces difficultés ont un impact inévitable sur les performances scolaires et la confiance en soi dans ce domaine, contribuant ainsi au développement de l’anxiété chez ces enfants, selon le témoignage du psychiatre François Bange, qui déclarait dans un Aide-mémoire consacré au TDA/H paru en début d’année : « Les troubles dys et les TDAH impactent la mémoire de travail verbale, la planification, l'inhibition de la réponse, et la flexibilité mentale de l’enfant ». Enfin, le psychiatre précise que ces enfants développent des troubles anxieux lorsqu’ils sont contraints de travailler plus rapidement pour rattraper leur retard, renforçant ainsi les défis auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils intègrent une classe d'un niveau supérieur.

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