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Billet de blog 7 janvier 2024

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Trump a toujours été perçu comme un allié clé par Netanyahou

Les primaires pour l’élection présidentielle américaine démarrent dans une semaine. Une opportunité pour le Premier ministre israélien, comptant sur l'appui américain pour mener sa politique à Gaza et en Cisjordanie.

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Eloge de la diplomatie transactionnelle

Lors du mandat présidentiel de Donald Trump, les relations entre les diplomaties israélo-américaines, souvent qualifiée de "transactionnelle", ont été marquées par la signature des accords d'Abraham, visant à normaliser les relations entre certains pays arabes et Israël. Jacques Bendelac, dans un essai intitulé « Les années Netanyahou », met en lumière un aspect crucial de cette époque : "les allègements économiques ne se sont jamais accompagnés d’une solution politique au conflit". Cette assertion souligne une réalité souvent négligée : la dissociation entre progrès économique et avancées politiques.  Le plan Trump, évoqué par Bendelac, a marqué un tournant dans la politique israélienne. "Le plan Peace to Prosperity, présenté par Donald Trump à Bahreïn en juin 2019, proposait 50 milliards de dollars d’investissements internationaux dans les territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans. Cela s'alignait étroitement avec la vision de Netanyahou de la "paix économique".

Trump's Peace Plan is 'Annexation to Apartheid' , Not 'Peace to Prosperity' © i24NEWS English

L’approche de Trump envers Netanyahou et la région a donc été caractérisée par une prédominance des intérêts économiques, une tentative de normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes, et un soutien notable à la politique de Netanyahou, y compris dans ses aspects les plus controversés. Surnommé par certains le « Roi d’Israël », Donald Trump avait créé une dynamique entre les deux nations a résolument favorable à Netanyahou. « Le soutien ferme de Trump a renforcé la popularité de Netanyahou, notamment au sein du Parti républicain américain, transformant le soutien à Israël en soutien constant depuis le 7 Octobre 2023 » affirme Jacques Bendelac. Quant aux décisions de Trump, de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël au retrait de l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne, elles ont toutes été accueillies avec ferveur par Netanyahou, qui y voyait une validation de sa politique et une garantie pour la sécurité d'Israël. 

« Trump serait un garant de la sécurité d'Israël "

Dans ses écrits, Jacques Bendélac défend la thèse que Premier ministre israélien a su tirer parti de sa relation personnelle avec Trump, une association qui, selon lui "serait un garant de la sécurité d'Israël". Il en déduit que le soutien indéfectible de Trump a propulsé Netanyahou à un niveau de popularité inégalé, notamment au sein du Parti républicain américain. Les projets d’extermination du peuple palestinien, qui ne suscitent presque aucun débat houleux chez Les Républicains, sont, pour une large part, comme l’expliquait ce matin le romancier Douglas Kennedy dans La Tribune, avalisées par Trump, ce qui a engendré un clivage politique profond entre les « pro-Bibi » et « anti-Bibi », terme affectueux pour Netanyahou, aux États-Unis. "Netanyahou félicitera le président américain pour son retrait de l'accord de Vienne", rapporte Bendelac, illustrant l'alignement idéologique et stratégique des deux dirigeants. Cette congruence a influencé le discours politique interne aux États-Unis, où le soutien à Israël est devenu synonyme de soutien à la politique de Netanyahou depuis le 7 octobre. Dans ce contexte, les chiffres relatifs à la coopération militaire et sécuritaire prennent une nouvelle dimension. « Sous Obama, affirme Jacques Bendélac, bien que les relations personnelles fussent tendues, l'aide militaire américaine à Israël a connu une augmentation notable. Cependant, c'est sous Trump que cette aide s'est cristallisée en un soutien sans précédent, se reflétant dans le budget de défense israélien »

Le tournant de 2019

Donald Trump a organisé son interventionnisme politique de Donald Trump dans le cadre des élections législatives israéliennes de 2019, qui a servi les intérêts de Benyamin Netanyahou. "Il a mis tout son poids dans la campagne électorale pour favoriser la réélection de Netanyahou", témoigne Bendelac, évoquant l’acte de reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan comme un « cadeau électoral » stratégique pour le Premier ministre sortant.  La symbolique de cette manœuvre politique fut renforcée lorsque Netanyahou inaugura une colonie nommée « Ramat Trump », honorant ainsi le président américain qui avait usé de son influence pour soutenir la politique nationaliste de Netanyahou. "La population juive du pays l’adorait comme son roi.", affirme Bendelac, citant Trump qui, sur les réseaux sociaux, n'hésitait pas à se prévaloir d'un statut quasi-divin en Israël.  Toutefois, cette relation n'était pas sans risques ni controverses. La décision de Netanyahou de répondre à la demande de Trump de refuser l'entrée de la députée démocrate originaire de Somalie Ilhan Omar et la socialiste Rashida Tlaib en Israël a soulevé des critiques, l'accusant d’être "à la solde de Trump". Cette action a non seulement renforcé ses liens avec le président américain mais aussi risqué d'aliéner une partie de la communauté juive américaine. La relation entre Trump et Netanyahou, riche en gestes politiques forts et en soutien mutuel, s’est donc révélée être un axe central dans la stratégie de Netanyahou pour maintenir sa position de pouvoir, tout en mettant en évidence les défis et les risques associés à une telle alliance, comme le révèle Bendelac avec une acuité critique. De plus, la déclaration de Mike Pompeo en novembre 2019, annonçant que les États-Unis ne considéraient plus les colonies israéliennes comme illégales, a été interprétée par Bendelac comme le pinacle de l'approche ultra-partisane de Trump. "Cette annonce rompait avec plusieurs décennies de diplomatie américaine et de consensus", remarque Bendelac, signifiant un alignement sans précédent avec la politique de Netanyahou et un éventuel bouleversement de l'ordre diplomatique traditionnel. Enfin, la Donald Trump et Benyamin Netanyahou semble être une danse complexe entre la politique et l'opportunisme. Elle reprendra de plus belle si l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais gagne les prochaines présidentielles. Quelques actes, comme la dénomination de la colonie « Ramat Trump » dans la province du Golan en Cisjordanie, sont des gestes de reconnaissance effectués par Netanyahou qui, selon Bendelac, "a voulu renforcer ses liens d’amitié avec le président américain", tout en soulignant le risque que Netanyahou prenait vis-à-vis de la communauté juive américaine. 

Rep. Rashida Tlaib censured over Israel-Hamas war remarks © TODAY

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