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Combien avons-nous d’immigrés en France ?
Dans un essai intitulé "Étrangers, immigrés, bienvenue ! Vous aussi êtes ici chez vous", l’essayiste et militant communiste Jacques Lancier offre un regard chiffré et nuancé sur la réalité de l'immigration en France. « Selon les données de l'INSEE, clame-t-il, la France compte 7 millions d'immigrés, représentant 10,3 % de la population totale. » Parmi eux, 4,5 millions sont des immigrés étrangers, soit 6,5 % de la population, tandis que plus d'un tiers des immigrés en France, soit 2,5 millions, possèdent la nationalité française. À travers ces chiffres et ces perspectives, Jacques Lancier dépeint, comme le sociologue François Héron, une image de la France profondément marquée par l'immigration, et révèle, à partir de données publiées par la DGEF (Direction Générale des Étrangers en France) en juillet 2022, qu’en France, le taux d'activité des hommes immigrés était supérieur à celui des natifs, atteignant 64,6 % contre 59,3 % pour les natifs, et même près de 70 % pour les hommes immigrés d’origine extra-européenne. « Cette dynamique contraste nettement avec celle des femmes immigrées, dont le taux d'activité est de 49,9 %, légèrement inférieur à celui des natives, qui est de 52,5 %. » Ainsi, Lancier met en lumière l’absurdité de l’immigration choisie
« On est face à un retour aux politiques de l'ère Sarkozy, marquées par des figures comme Brice Hortefeux et Éric Besson. »
Inspirée par les « systèmes à points » danois et canadiens, cette approche, défendue par les groupes politiques souhaitant supprimer l’article 3 du nouveau texte de loi, vise à régulariser moins de travailleurs sans-papiers et propose une sélection modulable des candidats à l’immigration. Elle évalue leur capital humain à travers des critères tels que les études, l'expérience, les compétences linguistiques et leur capacité d’intégration. Le texte, qui passera « sûrement en 49.3 » selon l’ancienne ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem, est critiqué par Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée. « On est face à un retour aux politiques de l'ère Sarkozy, marquées par des figures comme Brice Hortefeux et Éric Besson », déclare-t-il. En effet, Boris Vallaud dénonce une régression et un travail de la droite sur de « faux chiffres », analysés par le journaliste Frédéric Cherbonnier. Dans un article intitulé « Pourquoi la France doit s’ouvrir aux migrants » (Les Echos) il soutient que l'intégration des immigrés nécessite des contacts directs entre immigrés et populations locales. S'appuyant sur la théorie du « contact » de Thomas F. Pettigrew et Linda R. Tropp, qui a validé cette approche à travers plus de 500 travaux académiques, Cherbonnier affirme qu'un véritable contact humain est essentiel pour réduire les préjugés et favoriser la compréhension mutuelle dans une société où les discriminations persistent. Un constat totalement partagé par la députée de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, faisant référence au concept de créolisation, ayant récemment fait l’objet d’un ouvrage publié par la Fondation Jean Jaurès : « La créolisation de la France, mes chers camarades, c'est son métissage, ses Picasso et ses Dalida. Ce sont des milliers et milliers d'anonymes qui ont participé à construire ce qu'est notre pays aujourd'hui et sa richesse. »
L’immigration choisie entraine une forte précarité
Dans son essai paru en début d’année, Jacques Lancier dresse un tableau détaillé de la situation professionnelle des immigrés en France. « Au recensement de 2016, affirme-t-il, 43,5 % des hommes immigrés en activité étaient ouvriers. » Ainsi, en France, les immigrés sont majoritairement présents dans des métiers en tension, tels que l'agriculture, le BTP, l'hôtellerie, la restauration et les services à la personne. Ces postes sont souvent les plus précaires et correspondent, selon Lancier, au vieux schéma marxiste où le prolétariat n'a que sa force de travail pour survivre. « Avec l’article 3 du projet de loi, le gouvernement envisage la création d'un titre de séjour spécifique pour les métiers en tension », explique clairement Jacques Lancier. « Les postes vacants dans ces secteurs comprennent notamment 328 000 agents d'entretien de locaux, 224 000 aides à domicile et aide-ménagères, ou encore 200 000 conducteurs de véhicules. » Ainsi, Lancier affirme qu’en France, les immigrés représentent une proportion significative des employés, avec 32 % dans les entreprises de nettoyage, 25 % dans la construction, et 22 % dans les métiers précaires du commerce d’alimentation, un sujet longuement analysé par Yannick Jadot, ancien candidat écologiste à la présidentielle de 2022, dans son discours : « Ces immigrés doivent subir la clandestinité. Ils doivent subir la précarisation, les humiliations. » En effet, selon l’Insee, En 2021, 40 % des ménages immigrés étaient sous le seuil de pauvreté, contre 10 % des ménages natifs, le seuil de pauvreté étant alors de 1 000 € par mois pour une personne seule. Clémentine Autain dénonce avec vigueur la création de pauvreté parmi les nombreux immigrés français : « On décide de créer de la misère et de la pauvreté. »
Des syndicats de lutte opposés au projet de loi
Dans son essai paru en début d’année, Jacques Lancier dresse un tableau détaillé de la situation professionnelle des immigrés en France. Dans un discours percutant, la première secrétaire de la CGT, Sophie Binet, a souligné les inégalités auxquelles font face les travailleurs étrangers dans une France où l’immigration serait choisie. Elle a déclaré au sujet de l’article 3 de la nouvelle loi sur l'immigration : « Le travail n'est pas une marchandise. Ce n’est pas possible de considérer les salariés comme de simples agents économiques. » Le discours de Fabien Gay, sénateur communiste et rédacteur en chef du journal L’Humanité, est très similaire. Avec sa voix grave et percutante, rappelant les longues années qu’il a passées sur les terrains de rugby de la métropole bordelaise lorsqu’il était encore étudiant en histoire à l’Université Bordeaux Montaigne, Fabien Gay ancre son discours dans une réalité sociale et économique. Notamment, il évoque les grèves des travailleurs sans papiers dans son département, la Seine-Saint-Denis, soulignant ainsi leur rôle crucial dans des secteurs essentiels tels que la collecte des déchets. Il cite un exemple spécifique : « Au journal L’Humanité, nous avons été attaqués en justice pour avoir couvert la violence de ce que vivaient les sans-papiers lorsqu'ils travaillaient dans une entreprise spécialisée dans la propreté et l’entretien de bâtiments. Et on a gagné au mois de juillet dernier, donc c'est une belle victoire au tribunal parce que les premiers exploiteurs, ce sont les patrons. » Ainsi, Fabien Gay appelle à l'unité de la gauche sur cette question de l’immigration choisie : « Tous les travailleurs et travailleuses qui sont ici ont le droit à des papiers et à construire leur vie en France. » Enfin, cette déclaration de Fabien Gay met en lumière les raisons pour lesquelles les partis de gauche se sont unis hier soir à Saint-Ouen. En effet, une solidarité politique et sociale se construit progressivement entre les travailleurs et les élus de gauche, indépendamment de leur localisation géographique ou de la soi-disant 'tension' de leur métier.