Une biographie revient sur la radicalisation progressive de Dominique Venner
Demain, Renaud Dély, journaliste à Arte, publiera son ouvrage L'Assiégé, biographie consacrée à Dominique Venner, personnalité controversée de l'extrême droite française
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De la guerre à la politique
En librairie mercredi 10 janvier, l'itinéraire méconnu de Dominique Venner, l'un des intellectuels les plus influents au sein de l'extrême droite française, de ses franges les plus radicales aux cadres du RN et de Reconquete #dominiquevenner#extremedroite#MarineLePen#rnpic.twitter.com/GAWU0aAAJe
« L’Assiégé » examine le parcours du théoricien, marqué par son acte de désespoir politique ultime : son suicide à Notre-Dame de Paris en mai 2013. Dans un essai sur la géopolitique de l’extrême droite, l’essayiste Stéphane François décrit cet acte comme un "sacrifice unissant la 'lutte contre le mariage gay' et la 'réalité de l’immigration afro-maghrébine'". Ce geste extrême illustre la radicalisation d'une portion de l'extrême droite, cherchant des moyens toujours plus marquants pour manifester ses revendications et son opposition aux changements sociétaux depuis la guerre d’Algérie, à laquelle Dominique Venner a pris part. Dans "La Droite Buissonière", François Bousquet aborde les idées de Venner, en soulignant leur influence géopolitique. Il note, "Avec la perspective de l’historien qui a renoncé au nationalisme de sa jeunesse, et avec un regard aiguisé par le contexte européen, Dominique Venner place la guerre d’Algérie dans une perspective historique longue, remontant de Rome et Carthage à nos jours". Selon Bousquet, Venner voyait l'Algérie comme "l'avant-poste de l’Europe, ‘la frontière africaine de l’Europe' ", et considérait sa perte comme une menace pour l'Europe face à l'Afrique. Participant à la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965, Venner développe une méthode caractérisée par la dissimulation sémantique et le camouflage idéologique, influençant la Nouvelle Droite et inspirant la stratégie de « dédiabolisation » du Front National entamée par Marine Le Pen en 2011.
L’arbre cachant le « Grand Remplacement »
Dans la tête de Dominique Venner, «l’Assiégé» qui a inspiré l’extrême droite
Dans "La Droite Buissonière", François Bousquet met en lumière le rôle de Dominique Venner dans l'émergence du concept de « Grand Remplacement ». Il indique : "L’idée du ‘grand remplacement’ est ancienne, émanant de cercles bien définis", se référant au soutien de Venner aux politiques ségrégationnistes en Afrique du Sud et aux États-Unis, et à sa croyance en la supériorité de la « race blanche ». Cette vision, présentant l'Occident comme une "communauté de peuples blancs" et le peuple comme "une unité biologique attestée par l’histoire", souligne un racialisme et un européocentrisme profond. D'après Stéphane François, cette idéologie évolue après l'accélération de la loi sur le mariage pour tous. Il affirme : "Venner perçoit chez ses adversaires un passage d'une lutte ouverte à une 'sorte de guérilla'". François note que cet activisme progressiste, quoique minoritaire, a joué un rôle clé dans la crise existentielle de Venner, qui s'est suicidé face à l'acceptation en France des mariages homosexuels et à la lutte contre la PMA et la GPA. François souligne cette tendance profondément réactionnaire, visant à "contester la modernité et imposer une vision particulière de la vie et du mariage."
Entre Grand Remplacement et national-populisme
Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du Parti socialiste français, dans un essai paru en 2014, examine l’impact des idées de Dominique Venner sur l’extrême-droite française. Pour l'ex-député parisien, l'extrême droite actuelle prône les "grands blocs civilisationnels et raciaux", une obsession de Venner, tout en embrassant la théorie du "choc des civilisations". Cette vision, partagée par les suprémacistes blancs de l'alt-right américaine et les militants identitaires européens, postule selon Cambadélis une "irréductibilité des civilisations" et met l'accent sur la "préservation de celles-ci contre le métissage". Ces idées résonnent dans les écrits de Renaud Dély sur Venner, illustrant une fascination semblable pour l'histoire et l'identité européennes, caractérisée par le rejet du métissage culturel et racial. Cambadélis soulignait en 2014 que le nationalisme européen moderne repose sur une "conception raciale de l’histoire du continent". Ce nationalisme, décrit non seulement comme une doctrine politique, mais aussi comme une "vision du monde, une perspective géopolitique adaptée à l’homme européen", critique l'idée d'une Europe ethnocentrique, chère à Venner depuis la guerre d’Algérie, où les divergences idéologiques sont surmontées pour former un "imposant ensemble impérial" unifié par des critères raciaux. Stéphane François précise que le courant représenté par Venner, Zemmour, Buisson et autres s'oppose fermement à la société « permissive » née de 1968. « Ils refusent non seulement le mariage pour tous, mais aussi l'union libre, le Pacs, le divorce, voire le droit à l'avortement. » Ainsi, le parcours de Dominique Venner révèle une complexité où conflits politiques et idéologies conservatrices s'entremêlent, mettant en évidence la persistance d'une mouvance réactionnaire face aux changements de la société moderne.
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