Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

180 Billets

1 Éditions

Billet de blog 10 octobre 2023

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Après la guerre, la gauche tentera péniblement de se reconstruire face à Netanyahou

L’impact du bibisme sur les égarements démocratiques et le conflit contre les forces du Hamas reste non négligeable. Dans cette contrée où la précarité vote conservateur et l'opulence progressiste, une nouvelle gauche populaire devra se mobiliser pour apaiser les foules.

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Quel avenir pour le « socialisme anti-bibi » en Israël ? 

Depuis samedi, Israël est bouleversé par les bombardements d'ampleur initiés par le groupe terroriste Hamas. Ce raid révèle une fragilité au cœur de l'État hébreu, soulignant des doutes sur la politique de Nétanyahou post-élections de mars 2015, période durant laquelle il aurait alimenté une campagne stigmatisant les communautés musulmanes. Ismael*, spécialiste au CNRS, indique : « Depuis 2015, Nétanyahou propage sur YouTube des idées fausses, alertant sur les "Arabes votant en masse", soutenant qu'ils étaient amenés par des "groupes de gauche". » Ismaël confirme qu'aucun signe de ces transports n'existe. « Beaucoup pensent que cette vidéo a contribué à sa victoire. Or Nétanyahou s'est ensuite excusé auprès des Arabes pour les agitations créées par cette vidéo. » En avril 2019, nouvelle manœuvre : des vidéos du Likoud insinuaient une montée de la gauche, parlant d'une "menace pour la droite".  Durant ces élections, Nétanyahou continuait de discréditer les socialistes d'Israel, tout en valorisant les réussites économiques d'Israël sous son mandat. Il alertait continuellement sur une possible fraude, critiquant un soi-disant "sabotage électoral arabe appuyé par la gauche". Plaidant pour la clarté, il demandait des caméras dans les bureaux de vote.

Bibi le désinformateur

 Le sociologue Ouri Weber,  mentionnait dans un livre paru en 2022 qu'en 2019,  la commission n'a identifié aucun manquement grave. « Les enquêtes ont révélé des irrégularités profitant au Likoud ou au Shass, » Selon lui, cela n'a fait qu'agrandir la méfiance, poussant les électeurs vers le centre. « Plutôt que d'ajuster sa ligne, le parti s'est égaré en séductions superficielles. » En effet, Weber démontre que l'ascension de Kahol LavanYesh Atid en 2019 a davantage affaibli le parti travailliste, attirant ceux désirant un changement de gouvernement. Au sein du spectre politique israélien, les adversaires de "Bibi" ont été stigmatisés, "gauche" devenant une insulte et "gauchiste" synonyme de "traître". Certains politiques, même de droite, ont été taxés d’être des opposants à Nétanyahou.

Une gauche israélienne silencieuse en période de guerre 

L'attaque du Hamas du 7 octobre, avec son bilan humain conséquent, a secoué Israël, rappelant un "11-Septembre" local. Le jour suivant, depuis le QG militaire à Tel-Aviv, Nétanyahou déclarait : "Nous sommes en guerre". Exceptionnellement, depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2022, il a consulté ses généraux et réuni son conseil de sécurité, se montrant habituellement circonspect avec les débutants et les extrémistes. Ses alliés ont pointé la baisse des partis de gauche, défenseurs d'une harmonie intercommunautaire et d'un État Palestinien. Selon Ismael*, « Le déclin de la gauche en Israël n'est pas tant dû à des positions pro-palestiniennes qu'à leur faiblesse face aux diffamations venant de l'entourage de Nétanyahou, qui cible les secteurs progressistes ou musulmans d'Israël ». Ainsi, le concept de « Tikoun Olam », cher au judaïsme, qui prône la réparation du monde et la quête d'une société juste, est mis à mal par les actions du Hamas. « Post-conflit, toute initiative de la gauche israélienne visant le progrès et la paix entre juifs et musulmans sera méconnue. Rappelons qu'Israël a été ciblé par une entité terroriste, analogue à Daech. »

Un contexte politique favorable à Bibi et ses alliés conservateurs

Lundi, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a défendu la création d'un "gouvernement d'union nationale", mettant en avant la force de l'unité : "Lorsque nous sommes solidaires, nous triomphons".  Une idée s'est esquissée : former un comité incluant Nétanyahou, le ministre de la Défense Yoav Gallant, Gantz et son allié, l'ex-chef d'état-major Gadi Eisenkot.  Cette alliance reflète bien les tendances idéologiques des électeurs israëliens. Ouri Weber, dans son livre sur la gauche israélienne, précise : « Une majorité appuie l'idée des « deux peuples, deux États », 62% sont pour le retrait des colonies isolées et 51% souhaitent un État à majorité juive." D'après une étude de l'institut Raphy-Smith, 71% des Juifs israéliens sont pour les transports publics pendant le shabbat, et 63% veulent séparer religion et État. Par ces mots, il vise à renforcer le nationalisme israélien, tout en envisageant des ajustements ciblés. Ismaël souligne que, pour beaucoup d'Israéliens, se rallier à un leader nationaliste est aussi un acte identitaire : « Le sentiment d'appartenance est fort chez les Hébreux, avec une réticence à abandonner leurs racines pour d'autres idéaux. » Ismael note également que l'identité séfarade est profondément liée à la foi et aux traditions, contrairement à de nombreux Ashkénazes, généralement plus laïcs et nantis. Cependant, le message porté par Benyamin Netanyahou, évoquant le supposé « danger » d'un vote en faveur de la gauche pro-palestinienne, tend à occulter certaines actions du Hamas.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.