Des étudiants donnent la parole à Guillaume Meurice pour un reportage sur l'autisme
Pour leur documentaire de fin d'études, abordant les interactions entre l'autisme, la politique et les médias, deux jeunes journalistes atteints de troubles du spectre de l'autisme (TSA) sans déficience intellectuelle ont interviewé l'humoriste Guillaume Meurice. Ce choix audacieux est pleinement assumé par le cinéaste et le futur stagiaire de "Libération".
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Polémique médiatique et intégrité journalistique
Peut-on rire de tout avec des autistes, et dire à son patron qu'il ressemble à Al Pacino lorsqu'il porte un costard Dior et que ses cheveux sont gominés? J'ai posé la question à @GMeuricepic.twitter.com/BLY43nU8dv
Depuis qu’il a indiqué que Benjamin Netanyahou était « Nazi sans prépuce », Guillaume Meurice est sous le feu des critiques. Il menace d’attaquer son employeur, Radio France en justice. Une décision étonnant fortement Caroline Constant, journaliste spécialiste des questions médiatiques à L'Humanité. « Guillaume est l'une des personnes les plus intègres qu'il m'ait été donné de rencontrer en 28 ans de métier », déclare la journaliste spécialiste du monde des médias. Elle poursuit. « L'origine du conflit est une vanne pourrie, un truc qui tombe à l'eau, qui vise expressément Netanyahou, dont le monde entier semble découvrir depuis quelques jours qu'il est d'extrême droite. Donc oui, je maintiendrais. Dans quelques semaines ça se sera tassé et surtout, c'est juste une affaire montée en épingle par l'extrême droite. » Elle conclut en affirmant. « Et que les choses soient claires : si j'avais le moindre soupçon sur Guillaume, je vous le dirais. Mais ce n'est juste pas le cas. » Même son de cloche à Télérama, où la journaliste Pascale Paolilebailly conseille aux deux étudiants de « garder leurs rushs ». Ainsi, dans un contexte où de nombreux humoristes autistes comme Florence Mendez peuvent faire des blagues aussi déplacées que la sienne sur Benjamin Netanyahou, il était indispensable de demander à Guillaume Meurice s’il voyait une différence entre les sketchs des humoristes autistes et les autres. Il répond : « Ben j'avoue, non, je ne m’étais même jamais posé la question. Sauf évidemment quand Florence Mendez, elle en parle puisque c'est la thématique de son sketch. Donc là oui, évidemment je m'en rends compte, mais sinon non. » Meurice avoue que quand un humoriste est sur scène, il ne joue pas son propre personnage. « T'as quand même un personnage de scène, tu ne te comportes pas de la même manière sur scène que dans la vie. Donc c'est difficile en tant que spectateur de se rendre compte de ça tout simplement. »
L’humour et l'autisme en question
Guillaume Meurice aurait tendance à dire que non, il n’y aurait pas de raisons de faire de différence entre les humoristes neurotypiques et neuroatypiques. « Ce qui est intéressant avec le mot, c'est que si c'est drôle et ça te fait rire de toute façon ça reste drôle. C’est une réaction organique quoi. C'est rare que tu réfléchisses longtemps, puis après que tu rigoles, t'as d'abord le rire et puis après tu réfléchis" A titre d’exemple, lorsqu’ils indiquent à Guillaume Meurice que dans le cadre de leurs premiers travaux, les deux jeunes autistes ont pu recueillir le témoignage d’une autiste ayant demandé à son grand DRH s'il ressemblait à Al Pacino ou à un vieux mafieux des années 50, l’humoriste de France Inter répond : « Dans la vie, on joue un rôle, on a des personnages dans la vie. Le personnage de grand patron à qui il faut parler d’une certaine manière, à qui on ne parle pas de la même manière qu'à un copain forcément. Mais c'est ce qui crée la drôlerie.» En effet, Meurice admet que son patron n'est pas censé demander des choses, peut-être aussi intimes, à un collègue de travail.
Il n’y a pas de sujets tabous
Lorsqu’on lui demande si l’on peut utiliser l'humour pour aborder des sujets aussi sérieux sur le plan politique et social que l’autisme, comme Laurent Savard le fait dans son spectacle, Guillaume Meurice répond :« Si c'est une personne qui est concernée, ça n’a pas le même poids que si c’est quelqu'un qui n’est pas concerné et qui arrive après avoir peut-être étudié le dossier. On ne peut pas lui faire un procès d'intention, mais il ne dira pas ça de la même manière que quelqu'un qui connaît le sujet de cœur, son problème. » L’humoriste admet qu’il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte, parmi eux, la nouvelle stratégie autisme du gouvernement d’Elisabeth Borne. Hier, le président d’AFG Autisme, André Masin, expliquait que la stratégie totalement chaotique de la délégation interministérielle aux troubles du neuro-développement (TND), coordonnée par Arnaud Lestang, Mylène Girard et Etienne Pot, risquait de noyer l’autisme parmi tous les troubles dys. Néanmoins, selon la démarche de Guillaume Meurice, qui n’a pas commenté le communiqué de l’Association AFG Autisme, l’humour peut être une manière de désamorcer le sujet de l’autisme. « L'humour, c'est un moyen de rendre le sujet plus accessible, comme Laurent Savard le fait. On se pose des questions, et puis, pourquoi pas ? Après tout, on se renseigne, et je ne pense pas que cela banalise le sujet, au contraire, cela le prend au sérieux, à mon avis, si on le souhaite. »
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