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Billet de blog 12 janvier 2024

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Matignon et l’Élysée modernisent le sarkozysme

Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont formé un gouvernement stratégique, marqué politiquement et orienté à droite, avec des élus de terrain capables de négocier d'authentiques accords avec Les Républicains. Ce gouvernement s'est réuni pour la première fois ce vendredi matin, dans le but de revitaliser une nouvelle forme de sarkozysme.

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Illustration 1

Une politique protectrice 

Suite aux récents remaniements du gouvernement français, une analyse approfondie des similitudes entre le macronisme et le sarkozysme est pertinente. Les nominations récentes, dont celle de Rachida Dati à la Culture, apparaissent comme des manœuvres stratégiques signalant l'ancrage de la macronie à droite, ainsi que le souligne Quinio dans un éditorial dédié à la « Sarko Connection ». Cette tactique évoque les stratégies de Nicolas Sarkozy, mêlant symbolisme et pragmatisme politique. L'ancien maire de Neuilly, reconnu pour sa synthèse entre discours et action, a souvent usé de mesures symboliques fortes, telles que le bouclier fiscal, pour consolider sa vision politique. Thomas Legrand, journaliste à Libération, met en exergue dans son dictionnaire énervé de la Politique (2010), une dynamique politique notable. Il observe : « Face à des circonstances sociales et économiques ardues, l'opinion publique tend vers des figures de "protection" plutôt que de "révolution". » Ceci expliquerait la popularité croissante de personnalités telles que Sarkozy, et désormais Macron, avec leur discours axé sur la sécurité et la stabilité. Le "bouclier fiscal" de Sarkozy, réintroduit par Macron au début de la dernière période d'inflation, illustre cette philosophie. Il ne stipule qu’aucun revenu ne peut être taxé à plus de 50 %. Macron, bien que de style différent, semble privilégier des mesures favorisant la stabilité économique et la protection des classes moyennes et supérieures, poursuivant ainsi la lignée du sarkozysme. Ainsi, l'observation de Paul Quinio, qui voit dans le dernier remaniement un « nez rouge au milieu du visage », reflète une stratégie politique combinant symbolisme et pragmatisme, trait caractéristique du sarkozysme que Gabriel Attal et l’Élysée semblent adopter et adapter aux réalités de 2023.

« Le retour des « droites décomplexées » 

L'intersection entre macronisme et sarkozysme, mise en évidence par les annonces récentes, révèle différentes dynamiques dans le paysage politique français. Le concept de "droite décomplexée", initialement lié à Nicolas Sarkozy, symbolise une rupture avec la modération habituelle de la droite. En choisissant des personnalités sarkozystes telles que Catherine Vautrin pour la Santé, ou Rachida Dati pour la Culture, Macron et Attal semblent adopter des éléments de cette droite audacieuse, notamment dans leur volonté de réformer sans être freinés par les conventions politiques traditionnelles. De plus, ce remaniement, marqué par la continuité de figures comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ainsi que l'intégration de Catherine Vautrin et Rachida Dati, montre une tendance à droite persistante depuis 2017, particulièrement sur les questions fiscales. Dès le premier mandat de Macron, des critiques s'étaient élevées contre la suppression de l'ISF, comme celle du député Joël Giraud, aujourd'hui aligné sur la macronie. Il déplorait en 2017 : « Les yachts, jets privés, chevaux de course, voitures de sport ou encore lingots d'or ne sont plus pris en compte dans le nouvel impôt sur la fortune immobilière. », résonnant avec les politiques fiscales sarkozystes. François Bayrou, bien que réservé, n'a jamais perçu chez Emmanuel Macron « les accents guerriers du sarkozysme. »

Une grande continuité 

Depuis l’annonce d'hier, le macronisme, cherchant à élargir et à consolider son influence, oscille entre innovation et fidélité au sarkozysme. Cette tendance se manifeste dans la démarche d'Emmanuel Macron, où contestation et réprobation éclipsent souvent la bienveillance, comme l'a précédemment indiqué François Bayrou. "C'est la rançon d'une alliance", affirme-t-il, soulignant les compromis inévitables en politique. La rudesse de Sarkozy avec son célèbre 'casse-toi pauv' con !' contraste avec la tolérance envers les propos tranchants de Macron à l'égard des travailleurs creusois, mettant en lumière un double standard dans le traitement des dirigeants politiques. Ce contraste s'est intensifié depuis que Macron a mené une réforme controversée des retraites, critiquée par « 9 actifs sur 10 » selon le député écologiste parisien Julien Bayou. La citation de Rudyard Kipling par Bayrou, "Si tu peux voir l'œuvre de ta vie détruite et, sans mot dire, te mettre à la reconstruire, tu seras un homme, mon fils", résume le pragmatisme et la résilience politiques nécessaires aujourd'hui. Gabriel Attal et Emmanuel Macron ont nommé des ministres de l'ère Sarkozy, illustrant ce remaniement marqué par des décisions polémiques et des rapprochements délibérés avec la droite. Cette évolution souligne les liens entre macronisme et sarkozysme, et interroge sur l'avenir du paysage politique français, questionnant les orientations et les valeurs que ces dirigeants souhaitent promouvoir.

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