L'émergence d'un mouvement anti-israélien
Dans le contexte complexe du Moyen-Orient depuis le 7 octobre, avec le génocide perpétré contre les Palestiniens, le Hezbollah libanais demeure une force majeure, oscillant entre résistance, politique et controverse. Créé en réaction à l'occupation israélienne du Liban durant la guerre civile, ce mouvement chiite a reçu un soutien conséquent de l'Iran, devenant un partenaire stratégique dans la région. Militairement, il s'est distingué par sa résilience face à Israël, en particulier durant le conflit de 2006, renforçant continuellement ses capacités militaires. Aujourd'hui, il est capable de riposter en cas de conflit avec Israël ou d'attaquer divers Kibboutz frontaliers. Michel Touma, éditorialiste pour L’Orient-Le Jour, résume cette perspective, en déclarant que le Hezbollah a pris "la grave responsabilité de lancer, sans considérer les répercussions sur le pays, une guerre meurtrière et destructrice" . En réponse, Israël a lancé en 2006 une offensive jugée disproportionnée par de nombreux observateurs internationaux. Au Liban, les attaques israéliennes ont provoqué d'importantes pertes civiles et détruit massivement l'infrastructure libanaise. Pendant le conflit, Pierre Barbancey, journaliste pour L’Humanité, a décrit les dévastations à Beyrouth, où les civils, piégés dans les ruines, étaient terrifiés : "Près d’une centaine de civils ont été tués par l’armée israélienne. À Beyrouth, les bombardements s’intensifient. Peu de gens ont pu échapper à la zone" . Cette guerre a aussi soulevé des questions cruciales sur la souveraineté et l'avenir politique du Liban. Durant celle-ci, des analystes tels qu'Élie Fayad de L’Orient-Le Jour ont souligné que le Liban était entièrement pris en otage par cette crise, menaçant sa jeune démocratie et ses espoirs de paix durable. Fayad a exprimé cette idée en affirmant : "Ce ne sont pas seulement deux soldats israéliens qui sont otages ; c’est le Liban tout entier" . En définitive, la guerre de juillet 2006 a laissé des cicatrices profondes et a soulevé des questions importantes sur le rôle des mouvements armés dans les États souverains, l'équilibre délicat entre sécurité nationale et souveraineté, ainsi que les conséquences humanitaires des conflits armés. Mieux armé qu'en 2006, le Hezbollah, ainsi que l’armée israélienne, pourraient engager un conflit encore plus sanglant et destructeur.
🎥 Special Edit | Archers of the Islamic Resistance.
— حسن نصر الله (@SH_NasrallahEng) January 18, 2024
Haaretz:
"The method of using current anti-tank missiles by Hezbollah is unprecedented in the world and there is no defense against it." pic.twitter.com/CtySBXricN
L'évolution du Hezbollah depuis 2006
Actuellement, l'influence du Hezbollah dépasse le cadre militaire. Comme l'indiquait Rami Rayess, directeur à Beyrouth de l'Institut des études palestiniennes, il y a quelques années : "Le Hezbollah possède désormais une armée et des armes, une chaîne de télévision, un système éducatif, des hôpitaux, des services sociaux, une infrastructure financière et un réseau de télécommunications" . Cette diversification d'activités accroît son emprise sur la société libanaise. Toutefois, les agissements du Hezbollah provoquent régulièrement des tensions et des conflits internes au Liban. Un cas notable fut en mai 2008, quand le groupe a occupé l'aéroport de Beyrouth, rapporté par L’Orient-Le Jour : "Le Hezbollah s'empare de l'aéroport". Cet acte a déclenché des affrontements dans Beyrouth, révélant les fractures profondes au sein de la société libanaise. Depuis le début de la guerre le 7 octobre, la présence et les actions du Hezbollah, soutenant immédiatement les Palestiniens, continuent d'influer sur le paysage politique et social libanais, tout en soulevant des questions sur la souveraineté du pays et en exacerbant les tensions régionales. Par ailleurs, l'engagement de proches de Nasrallah dans des conflits régionaux, soutenant d'autres groupes chiites comme les rebelles Houtis au Yémen, met en lumière son influence au-delà des frontières libanaises. Cependant, l'aspect militaire du Hezbollah demeure le plus prégnant du mouvement.
🇮🇱🇱🇧 "Israel is shocked at how elaborate Hezbollah's abilities are in south Lebanon."
— حسن نصر الله (@SH_NasrallahEng) January 18, 2024
Senior Israeli military reporter Alon Been David was quoted saying that the IDF was convinced it had superior intelligence over Hezbullah, but in recent weeks the extent of Hezbullah… pic.twitter.com/EIsgJHrV0f
Les Libanais et le Hezbollah
L'analyse du journaliste Walid Charara sur le Hezbollah met en exergue la complexité de ce mouvement. Il déclarait il y a quelques années : "Le Hezbollah est un parti profondément ancré dans la communauté chiite, qui est numériquement dominante". Cet enracinement solide dans la société libanaise permet au Hezbollah de jouer un rôle crucial dans les affaires internes du Liban, malgré les controverses internationales. Le point de vue de nombreux Libanais sur les actions du groupe a été capturé par les journalistes Frédéric Domont et Walid Charara comme étant profondément intégré dans la société libanaise. Dans leur livre Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, distingué en 2004 par la rubrique essai du Monde diplomatique, les deux auteurs expliquent que le Hezbollah, contrairement aux idées reçues, n'est pas une simple création iranienne, mais plutôt un mouvement fortement enraciné localement, avec une dimension significative de libération nationale. Leur entretien avec Scarlett Haddad, éditorialiste à L’Orient-Le Jour, révèle cette perspective : "Cette organisation, perçue comme une création iranienne dans l'inconscient collectif, est en réalité profondément ancrée dans la société libanaise, notamment dans le Sud" . Affirme cette journaliste, démontrant récemment que le conflit demeurait gérable. Ainsi, depuis 2006, le Hezbollah a évolué pour devenir un acteur politique et militaire incontournable au Liban. Sa représentation, spécialement au sein de la communauté chiite, constitue un élément fondamental de sa force politique et de sa légitimité dans certains segments de la société libanaise. Hassan Nasrallah, souvent perçu comme une figure polarisante, a su maintenir un soutien solide au sein de la communauté chiite, tout en suscitant des critiques et des inquiétudes internationales. La perception du Hezbollah varie grandement selon les perspectives : pour certains, il représente une résistance légitime contre l'agression israélienne ; pour d'autres, il est considéré comme un groupe militant aux ambitions déstabilisatrices, notamment depuis le 7 octobre 2023.