Un voile que l'on ignore pas
Le fait qui n’arrive quasiment jamais et qu’ils exploitent pour faire oublier qu’un Thomas a été tue gratuitement et 16 autres de ses amis blessés par des mecs de cité. https://t.co/ylZUVYEYSx
— Alice Cordier (@CordierAlice2) November 20, 2023
Némésis, un mouvement féministe se déclarant « non-violent », a émergé sur la scène publique. Sur leur site, on découvre leur objectif principal : « libérer la parole des femmes françaises et souligner l'influence des politiques migratoires sur leurs difficultés. » Ainsi, Némésis cible les violences sexistes et sexuelles, désignant spécifiquement les hommes étrangers ou d'origine non-européenne comme menaces potentielles. La politologue Magali Della Sudda, dans un essai sur les Nouvelles femmes de droite, note que le mouvement a pris forme durant l'été 2018, initialement par des rassemblements informels. « Une branche de Némésis peut émerger d'un intérêt local ou d'une initiative parisienne », explique-t-elle. Les liens entre militantes se tissent via des réseaux sociaux ou des cercles amicaux existants. Ces échanges virtuels ont permis aux activistes de Némésis de créer un réseau social à la fois divers et modéré. Néanmoins, le mouvement, que ce soit individuellement ou collectivement, s'aligne fermement sur une thématique chère à la droite : l'immigration. Les militantes souhaitent réguler cette dernière, invoquant des incidents spécifiques, comme des agressions lors de retours nocturnes en métro. Une militante de Némesis Paris s’exprime: « J’habite dans le 13ème arrondissement, à côté de L’Inalco. Je ne supporte plus de voir mes parents propriétaires d’une dizaine de restos trimer pour que l’on garde un niveau de vie confortable, quand dans mon quartier, 300 migrants ont un immeuble pour eux, vendent des clopes et tous autres types de substances dans des sacs Picard sans se faire sanctionner. », affirme cette étudiante en droit à Assas souhaitant conserver son confort de vie, et en offrir un à ses enfants lorsqu’elle aura réussi le concours d’Avocat qu’elle préparera après son master 2 à la fin de l’année.
J'ai tapé "fête" dans le moteur de recherche de Fdesouche. Voici les résultats sur seulement quelques mois. #Crepol pic.twitter.com/gg3sRr3lT6
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) November 19, 2023
Qui est sa fondatrice ?
Alice Cordier, créatrice du mouvement, s'identifie ouvertement comme une « femme de droite » dans un programme de l'Institut des libertés, où elle apparaît aux côtés de l'activiste identitaire Estelle Redpill. Cependant, cette identité n'est pas explicitement revendiquée sur leur site ou les réseaux sociaux, où prédomine une image apolitique et non partisane. Cette stratégie vise à dédiaboliser l'image des femmes de droite dans un contexte médiatique favorisant la sobriété pour être entendue. L'engagement au sein de Nemésis s'est étendu géographiquement, incluant désormais des filiales à Lyon, Tours, Nantes, Aix-en-Provence, Toulouse, Rennes, Grenoble, Montpellier, Nice, Bordeaux, Brest, Reims, Strasbourg, et en Suisse depuis juin 2021. Lors des événements du mouvement, le nombre de participantes, souvent accompagnées de collègues, peut atteindre une trentaine. Des réunions locales, comme une assemblée de rentrée à Paris rassemblant vingt-cinq jeunes femmes en septembre 2021, ou des ateliers de self-défense régulièrement organisés, s'inspirent des tactiques des féministes radicales de la seconde vague, adaptées à leur cause identitaire.
Une stratégie médiatique calme et mal huilée
Dans son essai paru l’an dernier, Magali Della Sudda affirme qu'Alice Cordier est rapidement devenue un visage emblématique du féminisme identitaire. Lorsque le site Boulevard Voltaire lance sa série "Femmes de droite" en octobre 2021, Alice Cordier, responsable de Nemésis, est la première mise en avant. Elle y valorise les figures montantes de la droite conservatrice française et poursuit son combat contre les identitaires violents, nuisant à l'image des nouveaux identitaires. Sur les réseaux sociaux, Alice Cordier dénonce les pressions violentes de l'influenceur Baptiste Marchais, qui ont mené à la rupture d'un partenariat commercial. Cette exposition médiatique inhabituelle révèle les frictions au sein de leur camp, poussant Alice Cordier et toutes les militantes de Némésis à adopter une communication plus douce et apaisante. Magali Della Sudda indique dans son essai que « chaque nouvelle division de Nemésis crée un profil Instagram, tandis que le groupe Facebook privé facilite les interactions locales. » Ces réseaux discrets renforcent la communication non-violente du groupe. Néanmoins, les contenus abordant une interprétation ethnique des agressions contre les femmes ne sont jamais très loin.
La participation aux défilés féministes est aussi une stratégie de communication consensuelle adoptée par Nemésis, malgré leur position en rivales des groupes établis. Lors des grandes marches féministes parisiennes, sur la place de la République, la « Marche des grandes gagnantes » a été le théâtre d'altercations entre militants antifascistes – principalement masculins – et un petit contingent de Nemésis. Magali Della Sudda rapporte dans son essai que l'événement a été capturé en vidéo et largement commenté dans les médias conservateurs. « Huit à dix femmes se sont retrouvées encerclées par des agresseurs », déclarent-elles à Valeurs actuelles. Ce schéma de confrontation se répète lors de marches féministes contre les violences faites aux femmes, comme en novembre 2021. Le collectif Marchons enfants, issu de La Manif pour tous, a également adopté cette méthode. Lors d'un événement, une cinquantaine de militantes, revêtues d'un niqab, ont exhibé une bannière « Les Françaises futures ».
Kimberlé Cremshaw serait-elle ringarde ?
Némésis, avec une modération dans les propos de ses représentantes issue d'une éducation souvent bourgeoise axée sur la « courtoisie à la française », défend une critique de l'oppression des femmes par le patriarcat. Une militante, souhaitant rester anonyme, confie : « Tout en dénonçant les actes de Baptiste Marchais ou de certains militants RN pénibles, nous sommes aussi scandalisés par ceux de Mamadou et Mohamed près des bouches de métro. Ces archétypes représentent le mâle dominateur. » Le collectif conteste la « convergence des luttes » prônée par les féministes intersectionnelles, lectrices de l’avocate et militante Kimberlé Kremshaw. À la place, Magali Della Sudda rapporte que Némésis propose un « féminisme authentique », abordant concrètement le problème de la violence envers les femmes. Pour renforcer son image identitaire et anti-immigration, le collectif adopte les codes de communication des jeunes filles modernes, accros à leurs smartphones. Il publie fréquemment des posts sur les agressions sexuelles contre les femmes. Bien que les agresseurs soient cités sans distinction d'origine, les violences commises par des hommes de « pays ultra-patriarcaux » – majoritairement musulmans – sont davantage mises en avant, y compris lorsqu'elles se produisent dans d'autres pays européens.
Un discours modéré cachant des propos racistes
Étonnant que dans tous les tweets de @GDarmanin s’enorgueillissant d’avoir expulsé des étrangers illégaux, il ne précise jamais dans quel pays. Seulement « pays d’origine ».
— Collectif Némésis (@NemesisNemesi75) November 18, 2023
Quels sont ces pays @GDarmanin ?
En 2022, 65 076 OQTF ont été prononcées. En 2021 c’était 124 111.
À… https://t.co/yLia7dQoLY
En un temps record, les militantes de Nemésis ont réussi à imposer un « féminisme identitaire » sur la scène médiatique. Elles se distinguent par leur discours modéré sur les réseaux sociaux, leur volonté de ressembler à « madame tout le monde », et leurs connexions avec la droite conservatrice et extrême, qu'elles tentent de dissimuler. Toutefois, il n'est pas rare de voir Alice Cordier échanger une bise avec Damien Rieu lors d'un événement de Livre Noir ou Thaïs d'Escufon, légèrement éméchée, refuser de répondre aux journalistes lors d'un fumoir. Leur rhétorique identitaire s'enrichit d'une dimension de genre, prônant un discours « pro-femmes » qui, indirectement, réaffirme la virilité masculine. Ce discours est intimement lié à la préservation de la civilisation européenne, perçue comme menacée par le féminisme, l'islam et l'immigration extra-européenne. Ces déclarations illustrent comment les militantes de Némésis incarne cette « madame tout le monde », aspirant à « aller boire des verres avec ses copines en robe sans se faire emmerder par des mecs, quel que soit leur couleur »