Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

180 Billets

1 Éditions

Billet de blog 23 mai 2023

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Affaire Schiappa, la renaissance des machos

Grande figure du féminisme moderne depuis qu’elle a fondé l’association Maman travaille, la secrétaire d’État à la vie associative Marlène Schiappa dénonce les « contre-vérités » et les « calomnies » qu’elle subit actuellement.

Oscar Tessonneau (avatar)

Oscar Tessonneau

Fondateur de Rightbrain Media

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Retour sur 2017 

Illustration 1

Lorsqu'il a désigné les candidats aux élections législatives en 2017, Emmanuel Macron a tout mis en œuvre pour que la commission d'investiture de son parti attribue la moitié des circonscriptions à des femmes. Sa volonté d'instaurer la parité au sein du mouvement En Marche, cet ovni politique totalement nouveau, était particulièrement novatrice. Ainsi, aux côtés de plusieurs femmes, Marlène Schiappa a consacré des journées entières à l'étude des candidatures féminines. Malheureusement, elle et ses collègues ont fait face à un problème : la pénurie de candidatures. À peine 15% des candidatures macronistes pour les élections législatives de 2017 provenaient de femmes. L'actuel président de la République, alors encore candidat au trône de l'Élysée, a donc lancé un appel vidéo. « Pour les convaincre, expliquait Marlène Schiappa dans un livre paru en 2018, il faut également les rassurer : si elles hésitent à se lancer, c'est parfois parce qu'elles savent bien que le monde politique n'est pas très accueillant pour les femmes... et c'est un euphémisme ! ».

LREM, une organisation structurée

Très rapidement, Marlène Schiappa s'associe à Véronique Tommassi et Flavie Philipon. Elles organisent des formations à Paris afin de leur expliquer concrètement ce qui les attend et de leur montrer qu'elles ne sont pas seules. Puis, le déclic survient le 8 mars 2017, lorsqu’En Marche organise un événement national pour aborder la réalité de la vie des femmes, en n'éludant aucun sujet : précarité, monoparentalité, engagement, entreprise et même maladies spécifiques. Brigitte Macron a même conclu l'événement, insufflant un esprit de dynamisme et d'enthousiasme à cette lutte qu'elle incarne également. Finalement, le mouvement a réussi à investir 52 % de femmes ! Des candidates En Marche ont été élues. 

elles marchent ! le 8 mars 2017 © En Marche Auvergne - JAM Auvergne

De réelles avancées

Lorsqu'elles sont arrivées à l'Assemblée nationale en 2017, les députées du parti présidentiel étaient déterminées à lutter pour que les femmes soient respectées dans l'hémicycle. Dans son livre intitulé "Le deuxième sexe de la démocratie ", publié en 2018, Marlène Schiappa expliquait que ces femmes députées voulaient mettre fin aux cris de poule et aux sifflements salaces à l'encontre des attachées parlementaires. Au sein de notre groupe politique LREM, près d'un parlementaire sur deux est désormais une femme - ce qui est loin d'être le cas ailleurs. C'est un véritable succès pour Marlène Schiappa, une militante féministe et progressiste engagée au sein d'un nouveau parti qui souhaite faire de la bienveillance sa principale valeur. Les récents commentaires sexistes et agressifs auxquels la Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative a été confrontée après la parution du magazine Playboy démontrent qu'un sexisme violent existe au sein du parti présidentiel. "C'est un fardeau pour nous. Elle doit partir lors du prochain remaniement", a même déclaré de manière plus directe une figure de Renaissance.

Marlène Schiappa dans Playboy : la majorité divisée, la gauche dénonce une diversion © LeHuffPost

Schiappa Conspuée

Marlène Schiappa sur Closer et Playboy : "On ne peut pas reprocher aux ministres d'être trop techno" © Europe 1

Depuis son entrée dans la vie politique locale, Marlène Schiappa se retrouve souvent en conflit avec d'autres femmes. "Chaque semaine, on me lance des mensonges", a-t-elle déclaré lors d'une interview accordée à Closer ce week-end. Dimanche, plusieurs femmes du gouvernement ont abordé ce sujet dans les colonnes du Parisien. "Marlène incarne des combats qui peuvent déranger. De plus, elle est proche de Gérald Darmanin. Peut-être cherchent-ils à nuire à une femme qui le soutient au sein de ce gouvernement", ont-elles exprimé. Ces problèmes dans les relations entre Marlène Schiappa et les autres femmes politiques ne datent pas d'hier. Lorsqu'elle était élue au Mans, la secrétaire d'État avait déjà abordé ce sujet dans un roman politique intitulé "Marianne est déchaînée" (Stock, 2016). "Les femmes passaient une bonne partie de leur temps à colporter des rumeurs sur moi, et d'autres femmes élues locales de ma propre majorité municipale s'efforçaient systématiquement de dénigrer mon action politique, allant des petites piques personnelles au sabotage ouvert de dossiers politiques. Le tout accompagné d'un vocabulaire extrêmement sexiste : remarques sur mon physique, sur mes supposées relations, des phrases terribles", clamait-elle dans cette fiction.

Lorsqu'elle est entré au gouvernement, au sein d'un microcosme parisien éduqué, plus sensible à ses combats, Marlène Schiappa pensait que tout cela cesserait. Tout le contraire s'est produit. Dimanche, dans les colonnes du Parisien, certains observateurs de la vie politique française évoquaient des rivalités féminines auxquelles elle pourrait être confrontée au sein de l'exécutif. "Marlène a des collègues qui sont jalouses de sa visibilité. Et comme les gens ont tendance à suivre les phénomènes de masse, tout le monde s'acharne sur elle en ce moment", soutient son cabinet. Elle assure que ses choix d'expression médiatique sont dénués d'arrière-pensées politiques. Dans le même article, Gérald Darmanin, un ministre proche d'elle, exprimait à peu près la même chose : "Marlène possède une force qui dérange certains. Elle a des convictions et sait ce qu'elle veut. Elle est forte et sait faire de la politique".

Violence et sexisme en politique

Aujourd'hui, la secrétaire d'état, comme de nombreuses femmes politiques de sa génération, fait face à un manque de solidarité féminine ! La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative avait déjà abordé cette question avec Candice Nedelec, auteure d'un livre sur le machisme en politique et journaliste politique (2011). Selon elle, "certaines femmes ont dû s'imposer et se battre à une époque où les choses étaient encore plus difficiles, et elles ne voient pas d'un bon œil la notion de parité. Parfois, les femmes peuvent se montrer hostiles envers d'autres femmes..." Les critiques récentes auxquelles elle a été confrontée, à la suite d’une longue interview publiée ce week-end dans "Closer" pour répondre à ses détracteurs, mettent parfaitement en lumière ce problème. "Elle aurait pu choisir un média plus conventionnel, mais non. C'est typiquement Marlène. Comme d'habitude, elle fait les choses à sa manière...", soupirait Dimanche un membre du gouvernement dans les colonnes du Parisien. Pourtant, cet entretien a été réalisé avec l'accord de Matignon.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.