
L'efficacité du Shin Beth mise à l'épreuve
7 octobre, sont dans le collimateur.
— Vincent (@VincentB755) October 23, 2023
Le Shin Beth, le service chargé de la lutte antiterroriste, et le Mossad, les services de renseignement, ont créé une unité spéciale surnommée Nili, acronyme en hébreu d'une citation biblique : « L'Eternité d'Israël ne se démentira pas.
Créé en 1948, le Shin Beth, souvent appelé "Shabak" ou "Service général de sécurité", est indéniablement l'une des pierres angulaires de la sécurité nationale israélienne. Ses missions sont vastes et variées : elles englobent le contre-terrorisme sur le sol national mais également à l'échelle internationale, la contre-intelligence, la sécurité militaire, la protection rapprochée de personnalités israéliennes marquantes, la sécurité renforcée des missions diplomatiques, la sûreté des aéroports et bien d'autres domaines cruciaux. De manière surprenante et inattendue, sa division spécifique dénommée "Affaires arabes", renommée, comme le précise le journaliste Ronen Bergman à la page 356 de son essai Lève-toi et tue le premier n’a pas anticipé ni détecté l’attaque survenue le 7 Octobre. Ismael Benhamou, éminent politologue et spécialiste reconnu des institutions israéliennes, partage son analyse : « Cette division, au fil des années, a prouvé à plusieurs reprises son habileté à infiltrer profondément des groupes radicaux pour mener à bien des opérations d'élimination ciblée. Il était donc naturel pour nous tous d'être profondément surpris par leur absence de réaction face à l’attaque perpétrée par le Hamas. »
Pour souligner davantage l’efficacité historique du Shin Beth, Ismael Benhamou rappelle que durant l’année 2012, cette entité du renseignement israélien a procédé à l'arrestation de près de 2 300 individus, tous suspectés d'activités terroristes, et parmi eux, 2 170 ont été placés en détention à la suite d'un interrogatoire approfondi. « Ces données statistiques, insiste-t-il, démontrent sans équivoque l'efficacité remarquable de cette agence », tout en mentionnant la colonelle Pnina Sharvit-Baruch, largement connue pour ses positions controversées concernant les opérations militaires à Gaza. Après une carrière significative au sein de l'armée israélienne, Mme Sharvit Baruch a rejoint l'INSS en 2012 en tant que chercheuse principale et s'investit actuellement dans l'élaboration de programmes stratégiques de sécurité nationale, en particulier autour de la région volatile de Gaza.
Une organisation de renseignement proche de Nétanyahou
Indépendamment des actes terroristes atroces commis qui ont touché des populations civiles, ce qui m’interpelle, c'est que tous les services dit d’intelligence n'ont rien vu... Le Mossad, le Shin Beth (renseignement intérieur) et l'AMAN (renseignement militaire), assistés de…
— Marc François Fievet (@MarcFievet) October 23, 2023
La situation est rendue encore plus complexe et tendue par le fait que le Hamas détient actuellement environ 210 otages. Cette donnée cruciale ajoute une dimension supplémentaire au défi que représente cette intervention. L'entourage de Nétanyahou, connu pour ses liens étroits avec le Shin Beth depuis de nombreuses années, semble minimiser les risques et les conséquences potentielles de cette opération. Ismael Benhamou*, spécialiste reconnu de la région, déclare : "Entre la fin de l'année 2020 et juin 2021, la sécurité personnelle et familiale de Nétanyahou a été intégralement placée sous la responsabilité du Shin Bet." Cette agence de renseignement, outre ses missions habituelles, a assuré une protection rapprochée à Sarah, l'épouse du Premier ministre, ainsi qu'à leurs fils, Yaïr et Avner. En décembre 2021, face à une montée des menaces à son encontre, Benyamin Nétanyahou a sollicité une extension de cette sécurité. Les coûts associés à cette protection, incluant non seulement les gardes du corps mais aussi divers services associés, s'élevaient à pas moins de 90 000 euros par mois. Il est également à noter que l'ancien Premier ministre bénéficie des services du Shin Beth depuis plus de vingt ans, preuve de la confiance qu'il accorde à cette organisation. "Les dépenses extravagantes de la famille Nétanyahou ont été au cœur de vifs débats à la Knesset au cours des années 2010. Nombreux étaient ceux qui critiquaient l'opacité des finances de la résidence officielle. Dans ce contexte, comment imaginer que Nétanyahou puisse prendre position contre une organisation qui a joué un rôle central dans sa sécurité pendant plus de deux décennies ?", s'interroge Ismael Benhamou.
Les défis d'une intervention à Gaza coordonnée par le Shin Beth
Il y a quelques jours, Benjamin Nétanyahou a exprimé son désir de "détruire le Hamas comme le monde a détruit Daech". Cependant, détruire un groupe avec une dimension politique comme le Hamas pourrait s'avérer difficile. En outre, même si Israël parvient à prendre le contrôle de Gaza, il pourrait faire face à une résistance accrue de la part des habitants. Cette prise de contrôle sera organisée par L’Armée Israélienne, Le Mossad et le Shin Beth. En effet, Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien, a promis aux troupes postées à la frontière de Gaza qu'elles entreraient bientôt dans l'enclave palestinienne. Ismael Benhamou* indique. « Le Shin Beth et l’armée ont mobilisé une grande force près de la frontière, soutenue par les États-Unis, et a mené des bombardements massifs à Gaza. » Malgré sa supériorité militaire, l’armée israélienne pourrait rencontrer des défis majeurs à Gaza, notamment en raison de la densité de la population, de l'expertise du Hamas dans la région et de la violence des méthodes qui pourraient être utilisées par le Shin Beth.
« Depuis de nombreuses années, clame Ismaël, l'État Israélien a appuyé la diffusion internationale de films de propagande comme The Gatekeepers, dans lesquels des dirigeants du Shin Beth, se prêtent à des entretiens. » Ayant eu accès à ces entretiens, Ismael Benhamou* affirment que les cadres du Shin Beth dévoilent leurs pratiques de torture, d'assassinats sans jugement, de surveillance et de régulation des populations palestiniennes, et que ce service n’aura aucun scrupule à perpétuer ce type de pratiques contre les Palestiniens dans un contexte de guerre. « Les dirigeants du renseignement israélien expriment leurs remords et offrent une réflexion sur l'efficacité des stratégies qu'ils ont mises en œuvre. » Ismael Benhamou* affirme que cette démarche s'inscrit dans une politique de mise en avant d'un cinéma israélien qui, à première vue, se veut antimilitariste, anti-occupation, féministe, multiculturel, laïque et pro-LGBT. " Lorsqu’ils présentent ces films dans des festivals internationaux, indique Ismaël, les responsables du Sin Beth visent à promouvoir le rôle des femmes dans l'armée israélienne, ou l’approche ouverte du groupe envers la communauté LGBTQIA+. » Enfin, Ismael est convaincu que le Sin Beth utilise depuis de nombreuses années le cinéma comme un outil de propagande. « Derrière les messages progressistes de ces films, laissant entendre qu’Israël est une démocratie progressiste où la liberté d'expression est valorisée", il y a une réelle volonté de masquer les horreurs que commet dans la bande de Gaza, et qu’il commettra lorsqu’il interviendra avec l’armée israélienne dans la bande de gaza. »
Une intervention militaire à haut risque
Les conséquences humanitaires de l'intervention militaire orchestrée conjointement par le Shin Beth et l'armée israélienne pourraient être désastreuses, notamment pour la population civile. En effet, la puissante aviation israélienne, épaulée par le service de sécurité intérieure, le Shin Beth, a entamé une série d'opérations dites "ciblées" à Gaza. Ces missions ont entraîné la mort de plusieurs figures majeures du Hamas. Toutefois, il est à noter que deux figures emblématiques de l'organisation, Yahya Sinwar et Mohammed Deif, ont réussi à échapper à ces frappes chirurgicales. Malgré les déclarations rassurantes du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, la réalité sur le terrain pourrait s'avérer bien différente. Les civils, qui représentent la majorité des habitants de Gaza, sont déjà en situation précaire et pourraient devenir les principales victimes collatérales de ce conflit. En effet, cette région, déjà marquée par des années de blocus, voit ses habitants pris en étau entre les combats et les bombardements.