💬 «J’étais un légume, une plante verte»
— Le Parisien (@le_Parisien) November 30, 2023
Ex-addict au tramadol, Michel a vécu «les pires semaines de sa vie» . Il témoigne ➡️ https://t.co/GIlhr91OKE pic.twitter.com/iNogABygRk
Un Fléau Mondial
Le Tramadol est une substance jouant un rôle essentiel dans le traitement des douleurs liées à des troubles tels que l’Autisme. Dans un manuel de L'Autisme publié l'an dernier aux éditions Eyrolles, le psychiatre Martin Deseilles souligne : « La douleur est une expérience subjective, ressentie dans le cerveau en réponse à des signaux sensoriels. Pour les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA), qui éprouvent souvent des difficultés à communiquer l'intensité ou le lieu de leur douleur, due à leur hypersensibilité, il est crucial de prêter attention aux changements de comportement et aux variations de posture. » Néanmoins, face à une personne autiste souffrante ou présentant des troubles comportementaux, la réaction courante est de recourir à des antidouleurs. Une approche erronée, d'après le docteur Deseilles : « Le tramadol peut être indiqué pour des douleurs modérées, comme lors d'une prise de sang, ou un soin lorsqu'ils sont en unité fermée chez les autistes hypersensibles. » Cet exemple illustre nos mésusages du Tramadol. On estime le coût annuel lié à la surconsommation de cet opiacé à 78,5 Md$. Et ces coûts n’ont rien à voir avec les produits en eux-mêmes, qui sont justement moins chers que la plupart des autres antidouleurs. Il s’agit de coûts liés aux procès, à des pertes d’activité, à des décès (400 000 américains décédés d’overdose en 20 ans, dont Prince, première cause de mortalité évitable avant 50 ans), etc. Témoin à peine croyable de ces dérives, un économiste américain a relevé des ventes de 5,7 millions de comprimés en six ans dan sun petit village de Virginie occidentale de 400 habitants (Kermit) avait entrainé des burn-out et des coupures totales avec toute forme de vie sociale !
Des Français accrocs au Tramadol
La France n'est pas épargnée par cette inquiétante augmentation de la prescription de tramadol. Entre 2006 et 2017, les ordonnances ont augmenté de manière alarmante, avec une hausse de 150 %. De manière tout aussi préoccupante, les hospitalisations liées à la consommation de ces médicaments ont suivi la même tendance. Entre 2000 et 2021, les hospitalisations dues à des surdoses accidentelles d'opioïdes ont connu une croissance alarmante de 246 %, tandis que les décès liés à cette situation ont augmenté de 192 % entre 2000 et 2017, comme le révèle notre enquête. Pourtant des dispositifs législatifs permettent de contrôler la consommation de la molécule. Une loi de 2002, inscrite dans l'article L. 1110-5 du Code de la santé publique, confère à chaque individu le droit fondamental à un traitement approprié et aux thérapeutiques éprouvées, indépendamment de l'âge, de la pathologie, de sa gravité ou de son pronostic. Son objectif est de garantir la meilleure sécurité sanitaire et d'assurer un soulagement optimal de la souffrance sur l'ensemble du territoire français. Cependant, cette loi essentielle semble aujourd'hui prendre une autre dimension dans les hôpitaux du pays.
Entre amusement et dépendance
Une confusion grandissante s'installe entre ce qui relève de la thérapie médicale et la gestion de la douleur, la dépendance et l'usage détourné de médicaments. Cette réalité inquiétante est amplifiée par l'explosion des prescriptions de Tramadol au cours de la dernière décennie, suivie de près par une hausse alarmante du nombre de surdoses. Emmanuel Langlois, dans son enquête publiée l'an dernier, a recueilli des témoignages poignants de jeunes confrontés à l'angoisse et aux séquelles laissées par le Tramadol. Il décrit ces récits comme "parsemés de rebondissements aussi inattendus que captivants." Maxime, l'un des interviewés, a dû affronter une série de déboires liés au Tramadol avant de décider de tourner la page, conscient des ravages infligés à son organisme. La crainte d'un héritage familial marqué par la maladie d'Alzheimer a renforcé sa détermination à rompre avec le Tramadol. Ironiquement, ces produits sont souvent obtenus légalement sur ordonnance, mais ils alimentent également de manière alarmante le marché noir, entraînant ainsi une crise aux conséquences sociales et économiques dévastatrices. Dante, un autre jeune interrogé, a vécu une expérience terrifiante sous l'emprise du Tramadol, sombrant dans un trou de mémoire qui l'a conduit en urgence à l'hôpital après avoir zigzagué sur la route et causé un accident de voiture. " Cette expérience traumatique m'a profondément secoué. Elle m'a offrert une prise de conscience brutale et le serment solennel de ne plus jamais toucher à ces substances. Ces témoignages poignants reflètent la réalité alarmante de la crise des opioïdes qui frappe la jeunesse française et appellent à une action urgente pour y mettre fin."