«Réjouissons-nous quand un artiste nous invite à une fête que nous jugeons immorale, excessive, dangereuse. Car ce qui est immoral et exagéré, c'est peut-être ça la vraie vie ; et la prudence, une lente façon de mourir. », a dit Rodrigo Garcia. Réjouissons-nous donc de la mise en scène de deux de ses textes, Borges et Goya, par la compagnie Akté : deux personnages « immoraux, excessifs, dangereux » questionnent la place de l’art dans une société en pleine dégénérescence culturelle et sociale, interrogent les modèles imposés, tentent de se mettre en action et de partir à la conquête de leurs propres valeurs.
« Le mieux dans la perte d’un sens, c’est que ça en enflamme un autre à coup sûr… » ( Rodrigo Garcia)
A l’origine de la pièce il y a deux textes, Borges et Goya, tous deux imaginés par Rodrigo Garcia. Deux histoires apparemment différentes, avec pour point commun le désir de pointer le dévoiement de nos sociétés, responsable de la pauvreté intellectuelle et d’une forme de crise identitaire.
Borges ne fait pas le récit de la vie du célèbre auteur, mais décrit un homme qui se retourne sur ses dix-sept ans, dans un Buenos Aires de la fin des années 70 livré à la dictature militaire. Il s’y revoit en pleine émancipation de l’héritage social et culturel de son boucher de père, poursuivant son idole d’alors, Borges. Les souvenirs remontent en même temps que la rage balaie l’admiration d’autrefois : Borges ne s’est servi ni de son talent ni de sa position contre l’inacceptable.
Le héros de Goya n’est pas le célèbre peintre espagnol, mais un loser insomniaque qui « préfère que ce soit Goya qui l’empêche de fermer l’œil plutôt que n’importe quel enfoiré » … Il a cinquante ans, cinq mille euros d’économie et un projet fou : rentrer de nuit au Prado pour admirer les Peintures Noires de Goya, avec une bouteille de Macallan et ses deux jeunes fils, qui préfèreraient aller à Eurodisney …
« Il faut arrêter de réfléchir, il faut maintenant agir. » (Arnaud Troalic)
La compagnie Akté s’intéresse, depuis sa création en 2000, aux formes nouvelles, aux textes contemporains et aux questions du rapport entre individu et société, identité et être social. Rodrigo Garcia, par son écriture provocatrice, chaotique, et en même temps d’une force poétique parfois surprenante, leur a permis de prendre la parole et le plateau sur ce thème. Le spectacle, créé 2007 par Arnaud Troalic, a été présenté au Festival d’Avignon en 2008 : les deux pièces s’entrechoquent sur scène, créant des « collisions sonores et visuelles », ouvrant un espace de parole collective pour les « déçus de l’an 2000 » dont se réclament les créateurs du spectacle.
Borges vs Goya
Rodrigo Garcia
Durée du spectacle :1h05
Le texte de Goya est en espagnol surtitré français.
DU 18 MARS AU 9 AVRIL
ven 18 mars 21h, sam 19 mars 19h30, dim 20 mars 15h
mar 22 mars 19h30, mer 23 mars 21h, jeu 24 mars 19h30, ven 25 mars 21h, sam 26 mars 19h30, dim 27 mars 15h
mar 29 mars 21h, mer 30 mars 19h30, jeu 31 mars 21h, ven 1er avril 19h30, sam 2 avril 21h, dim 3 avril 15h
mar 5 avril 19h30, mer 6 avril 21h, jeu 7 avril 19h30, ven 8 avril 21h, sam 9 avril 19h30
Rencontre à l’issue de la représentation avec l’équipe artistique le samedi 26 mars.
Mise en scène : Arnaud Troalic
Avec : Julien Flament et Arnaud Troalic
Création 2007 / Compagnie Akté
Théâtre de l’Est parisien
159 avenue Gambetta Paris 20ème
réservations : 01 43 64 80 80
Mº Saint-Fargeau, Pelleport, Gambetta, Porte des Lilas.