Jadis, il y'eut les francs, les anciens, les fafiots,
Qui se comptaient en briques, en patates, en bâtons.
Puis il s'est alourdi en devenant nouveau
Franc lourd et nouveau franc, le centième pour un rond.
C'était le temps du blé, du grisbi, de l'artiche
Des tontons qui flinguaient pour le pèze et l'oseille,
Les talbins ou la fraîche, la ferraille en pourliche,
D'aucun rêvait encore des vacances au soleil.
Le bastringue a sa thune, la galette, sa monnaie,
Ses verbes appropriés : rafler, claquer, gagner.
Le fric à ses victimes, le pognon, ses laquais.
Les biftons, ses liasses peu à peu épargnées.
Nostalgie dérisoire ou utopie d'hier,
Les picaillons d'antan valent-ils bien la peine
D'inventer une langue en tout point héritière
Du sens et de l'image de notre "Madeleine".
C'était des sous, avant, un bifton de cent balles.
On en gagnait des milles, des dix mill's pour certains.
Tous ses mots sont partis, ils ont quitté le bal,
Le mot des maux nouveaux, aujourd'hui c'est "tintin".