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Billet de blog 26 septembre 2011

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Les identités françaises sont plurielles, d'ici et d'ailleurs. Elles constituent La France de Farouk Mardam Bey, d'Edwy Plenel, d'Elias Sanbar[i], et la mienne, une France qui n'est pas exclusive, obsédée par les racines, par la pureté, mais une France ouverte, issue de rencontres entre des cultures différentes, une France métissée.

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Les identités françaises sont plurielles, d'ici et d'ailleurs. Elles constituent La France de Farouk Mardam Bey, d'Edwy Plenel, d'Elias Sanbar[i], et la mienne, une France qui n'est pas exclusive, obsédée par les racines, par la pureté, mais une France ouverte, issue de rencontres entre des cultures différentes, une France métissée. Un Français d'un pays étranger a des chances de se sentir différent des Français de France, étranger à eux, même s'il est né en France.

Les Français des colonies se sentaient eux aussi à leur époque différents, parfois trahis et incompris par des Français de la métropole. Ils reconstituaient sur place une France aux couleurs locales. Et pourtant, ils n'étaient pas si différents de la métropole dans la mesure où ils étaient moins dans un rapport de rencontre avec la population indigène ou locale que dans un rapport de domination. La culture française s'imposait aux colonisés, en particulier à leurs élites, comme la « civilisation ». Elle devait les sortir du despotisme, des ténèbres où ils étaient. La fin de l'Histoire, occidentale, était la démocratie et les Droits de l'Homme, les principes de la révolution française. Les élites indigènes ont pris conscience du paradoxe entre cette culture civilisatrice et les réalités de la colonisation.

C'est au nom des principes démocratiques bafoués qu'ils ont lutté pour leur liberté et leur indépendance d'abord vis-à-vis de la puissance coloniale, puis récemment vis-à-vis des régimes oligarchiques et néo-colonialistes qui lui ont succédé dans les pays arabes. Les peuples arabes ont récemment clamé leur volonté de parvenir à la fin de l'Histoire occidentale telle que la puissance coloniale leur avait enseigné.

Une page de cette Histoire occidentale et coloniale est tournée. Les Français des anciennes colonies qui sont aussi des Algériens, des Tunisiens, des Syriens, des Marocains, doivent à présent développer leur « francitude » en puisant dans la culture du monde arabe pour enrichir et renouveler l'idée démocratique occidentale qui traverse aujourd'hui une crise profonde. Ainsi, l'avenir de la France se déclinerait au pluriel dans la multitude des solutions possibles dépassant l'horizon occidental pour retrouver un nouvel horizon, à la fois d'Orient et d'Occident.


[i] Farouk Mardam Bey, Edwy Plenel, Elias Sanbar, Actes Sud, 2011

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