Bientôt les élections européennes de 2014 et force m'est de constater que les débats actuels ne clarifient pas beaucoup les choix importants que nous sommes, en tant qu'électeurs et citoyens, sensés faire pour préparer l'avenir politique de notre continent. Il semble que ce rendez-vous européen soit devenu une simple habitude, un mauvais moment à passer pour que tout recommence comme avant. Nous sommes loin des ambitions démocratiques des pères fondateurs de l'Europe. Ou peut-être n'en avaient-ils pas et qu'ils n'avaient rien prévu, nous laissant désoeuvrés à présent que nous devons assumer l'avenir d'un continent aux prises avec la violence d'un monde qui ne nous fera aucun cadeau.
Il serait pourtant souhaitable que des dirigeants européens aient une vague idée de ce qu'il convient de faire (ou pas) ensemble (ou isolément). Les questions à résoudre sont de trois ordres :
- à court terme, il faut déterminer comment sortir du marasme économique dans lequel nous sommes englués, et pour ce faire, savoir si l'austérité budgétaire est la seule réponse possible et s'il n'y a pas lieu de mettre collectivement de côté les traités européens, comme cela a déjà été pratiqué depuis le début de la crise de 2008.
- à moyen terme, se demander s'il n'y a pas eu quelques erreurs d'aiguillage de la construction européenne et si le choix d'une monnaie unique sans politique économique et budgétaire unique était bien raisonnable. La solution transitoire d'une monnaie commune (l'euro comme monnaie de référence des monnaies nationales se remettant à circuler) ou la mise en place d'un budget européen digne de ce nom avec l'appui d'une BCE enfin soucieuse de croissance économique sont des pistes, à mon sens, assez sérieuses.
- à long terme, enfin se demander sérieusement si notre avenir est une Europe fédérale avec des institutions démocratiques unissant des nations beaucoup moins souveraines, c'est-à-dire moins interventionnistes, mais protégeant plus efficacement ses citoyens des ravages de la mondialisation, ou au contraire, s'il faut se contenter d'une Europe souverainiste associant des nations sur des projets communs, fédérateurs mais limités, et respectueuse des particularisme de chacune d'entre elles.
Toutes ces questions sont dans l'air mais peu de dirigeants s'en saisissent réellement donnant l'impression qu'ils n'y ont pas réfléchi ou, pire, que leur opinion pourrait affoler plus que rassembler. Les électeurs, peu au fait de ces problématiques, sentent que les choses ne sont pas claires faute de direction précise qui leur serait proposée. Cette incertitude éveille naturellement la méfiance, une méfiance aggravée par les difficultés récurrentes des économies européennes.
Il est temps de trancher. L'Europe est une belle et neuve idée. Mais à force de ne pas la concrétiser et de ne pas la faire vivre, on pourrait rapidement en conclure qu'elle n'est pas viable et qu'elle ne mérite pas d'exister.