Je m'excuse d'utiliser le titre d'un ouvrage célèbre du XVIII ème siècle mais l'affaire Depardieu m'y a fait penser.
Ainsi, vous nous renvoyez à la figure votre passeport ? Vous faites plus que cela : vous déchirez le contrat social que vous avez cosigné, avec tous les citoyens français, et qui nous liait au gouvernement pour que nous lui laissions le droit de gérer nos intérêts et nos finances publiques. Les cosignataires, mécontents, sont donc en droit de vous juger.
Il semble que vous vous soyez lassé des impôts de la France, n'y voyant plus aucune justification au delà d'un certain montant. Vous avez pourtant largement bénéficié des services publics ; l'argent des français ne vous manquait pas non plus lorsqu'ils vous le versaient pour vous admirer à l'écran ou pour vous applaudir sur scène. Tout cela n'est plus suffisant à vos yeux. Cela ne mérite plus une juste contribution allouée à la communauté nationale. Vous avez très bien gagné votre vie grâce à votre pays, mais vous ne voulez plus rien lui donner en retour. Vous vous considérez comme un européen, et même comme un citoyen du monde, bien loin des considérations nationales d'un gouvernement français qui prétend vous réclamer des impôts pour une utilité qui vous échappe. Bref, vous n'êtes plus redevable de rien envers la France. Mais, que ferez-vous lorsqu'un impôt européen sera prélevé, ou, lorsque, rêvons un peu, une taxe mondiale contre la pauvreté sera institué ? Vous vous exilerez sur la Lune pour échapper à l'impôt ? Avouez quand même que le coup de l'exil pour raison fiscale est assez mesquin, surtout à un kilomêtre de la frontière...
Citoyen du monde ? Si c'est véritablement le cas, n'hésitez pas à vous montrer solidaire envers tous les déshérités du monde, ceux qui meurent de faim, qui subissent les déplacements dus à la guerre et ceux qui tentent de renverser une dictature. Les exemples ne manquent pas : RDC, Syrie, Mali... Je comprends tout à fait que vous ne vous sentiez pas patriote (nous ne sommes français que par hasard après tout) mais le fait que vous ne vous sentiez pas solidaire d'individus partageant une même communauté de vie est plus regrettable. Je préfère vous l'annoncer brutalement, dussiez-vous le déplorer : nous n'avons pas que des droits mais aussi beaucoup de devoirs. Notamment celui de venir en aide aux plus démunis d'entre nous au sein de notre communauté.
Le contrat social est signé par chacun d'entre nous dès la naissance, sans que nous sachions encore écrire et sans que nous ayions eu la possibilité d'exprimer notre volonté. Accord extorqué me direz-vous ? C'est une limitation à notre liberté individuelle, il est vrai. C'est surtout une manière de rappeler la dimension collective de notre société qui n'est pas seulement la juxtaposition d'individus indifférents les uns aux autres.
Alors Gérard, revenez en France pour payer vos impôts ! Vous aurez toute liberté pour dire qu'ils sont trop élevés. Cela fera au moins sourire ceux qui n'ont pas assez de revenus pour en payer...
Le contrat social est une vieille idée du XVIII ème siècle. Montrez par votre retour qu'elle a encore de l'avenir !