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Billet de blog 22 mars 2014

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Crise ukrainienne : symptôme de la crise de l'Occident ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La situation ukrainienne ne cesse de nous interroger, et, à vrai dire, personne en Europe et aux Etats-Unis, régions où ce genre de conflits n'a plus cours, ne sait vraiment comment réagir ni s'il est raisonnable de tenter d'intervenir.

Le pays est divisé en deux, non pas parce que deux langues différentes y sont parlées, d'autres pays connaissent cette particularité, mais parce que chaque camp envisage le monde et ses rapports de force de manière différente : l'ouest ne croit qu'au soft power de l'Occident et aux vertus émollientes de la démocratie européenne ; l'est et la Crimée ne jurent qu'en la Russie et son pouvoir tutélaire exercé d'une main de fer par Poutine. Ce dernier l'a bien compris. Pour lui, il n'est pas envisageable que l'Union Européenne marche sur ses plates bandes. Il a décidé, en accord avec lui-même, que l'Europe devait être dominée à l'ouest par l'UE, et à l'est par la Russie. La majorité du peule russe réclame ces preuves de patriotisme exacerbé et Poutine, pour se maintenir au pouvoir, ne se fait pas prier. On peut même affirmer que la situation pour lui est jouissive : renforcer son pouvoir tout en humiliant les occidentaux.

Ces derniers, malgré des tentatives pour montrer leur autorité, ne parviennent pas à sortir de leur contradiction. Si les manières de la Russie sont détestables, il n'en reste pas moins qu'une partie du peuple ukrainien souhaite rejoindre la Russie. Ne faut-il donc jamais les écouter ? Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne serait donc plus valable de nos jours ?

Les occidentaux ont certes du mal à comprendre que l'on puisse préférer la Russie à l'Europe, mais il faut espérer qu'ils ont compris que l'occidentophobie qui régente une partie du monde d'aujourd'hui ne concerne pas seulement les pays arabes mais aussi la Russie et ses pays satellites. Cette défiance d'une partie du peuple ukrainien, ainsi que du peuple russe, n'est donc pas à prendre à la légère. Elle est surtout la marque d'un nationalisme qui prolifère un peu partout dans le monde et qui se nourrit des humiliations passées et de la relative faiblesse (économique, diplomatique) actuelle des Américains et des Européens.

Le monde tel qu'il se prépare, c'est-à-dire sans réelle domination d'un Etat sur les autres, est source d'inquiétudes car moins maîtrisable qu'auparavant. Il est à craindre que le cas ukrainien soit le premier d'une longue série.

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