Alors qu’un rapport franco-allemand préconiserait un assouplissement des 35 heures et un gel des salaires afin de soutenir la croissance, que VGE « observe de nombreux signaux de décadence » et déclare que « (…)la France travaille moins, (…) elle n’aime plus travailler, que le ministre de l’économie Macron claironne que son projet de loi pour l’activité et la croissance « vise à assurer la confiance, à simplifier les règles qui entravent l’activité économique(…) », il serait peut-être temps de penser tout bas ce que certains politiques ne disent pas tout haut. Osons une thèse qui n’a pas et finalement ne peut trouver un écho dans nos médias dominants:
Et si le blues des Français tant déploré dans les fines analyses des éditorialistes libéraux, raillé par certaines presses étrangères accros au french bashing, n’était pas un défaut de combativité, un dilettantisme pépère ou une peur frileuse et irrationnelle des lendemains qui déchantent. Et si ce n’était que le symptôme d’une clairvoyance assez lucide? Comme le bâillement qui est davantage le signe avant coureur d’une future activité, d’une vigilance accrue plutôt qu’une préparation à la sieste, la « dépression » nationale trouverait sa source dans le constat que la compétition économique internationale est non seulement vaine mais fait courir un risque sans précédent à l’humanité toute entière.
Je vois ici venir les railleries de ceux qui ont la tête sur les épaules alors que nous l’aurions dans la lune (pour être poli): Comment ça? La mondialisation et son corolaire la concurrence internationale est une réalité dont on ne peut se défaire. La Corée du Nord stalinienne et son isolement névrotique vous serviraient-ils de modèle?
Quand « notre maison brûle et nous regardons ailleurs » avait soufflé Hulot à Chirac, le plus sage serait de sauter par la fenêtre le premier plutôt que de se battre à faire les fonds de tiroir…
Et si le moral en berne des français, ayant pour effet une diminution de la très chère consommation et de l’activité économique mesurée par l‘incomplet PIB, n’était pas la conséquence d’un caprice d’enfant gâté, à la fois arrogant et boudeur, crachant dans la soupe du système. Ne serait-il pas possible d’imaginer qu’au contraire cette « lassitude » pour le toujours plus de choses matérielles correspondrait plutôt à un vide de sens engendré par notre modèle consumériste et productiviste à bout de course ?
Je travaille plus pour gagner plus et acheter plus. Et après?
Epuiser indéfiniment les ressources finies dans un monde fini pour engendrer des inégalités toujours plus grandes, des activités polluantes aux conséquences climatiques incalculables. Ceci ne peut servir de modèle durable à personne.
Et si le Français frondeur par tradition et râleur par principe ne mordait plus aux vieilles sirènes de la sacro-sainte croissance.
Moins consommateur patriote que l’Américain, moins trader avide que l’Anglais, moins industriel discipliné que l’Allemand, moins exportateur revanchard que le Chinois, le Français volage, le nez moins dans le guidon, sent peut-être plus que les autres le vent tourner, celui du changement radical de la société mondiale. N’en déplaise aux détracteurs qui feront choux gras de ces généralités forcément un peu idiotes et réductrices, il faut quand même espérer qu’il reste quelques part sur cette planète un peuple sinon des individus qui conservent leur libre arbitre, face au conditionnement des esprits par les médias et les élites dominants, à la botte des multinationales ultralibérales.
Aujourd’hui, Juncker le président de la Commission présente son plan de relance massif pour redonner de la « confiance » à l’UE.
Nous sommes obligés de rester perplexe…
Et si légitimement les Français avez besoin d’un peu plus pour être confiants et rassurés sur l’avenir? Plus de vision à long terme (l‘enjeu climatique), plus de réalisme économique (anticiper la fin de l’énergie bon marché), plus de moralité (la répartition des richesses).