Et voilà l’hiver où elle est en âge de monter sur des skis. Et le grand-père pris de doutes sérieux. Est-il judicieux, opportun, se dit-il, lui qui a applaudi à la victoire de la Cluzad, qui trouve hideuses ces stations pour riches, engloutisseuses de paysages, d’espaces vierges et silencieux, d’énergie, d’eau, où poussent des lotissements moches et vides cinquante semaines par an… Lui avait grandi là. Déjà que comme skieur il ne supportait plus depuis longtemps de skier au milieu d’installations mécaniques bruyantes, la présence indécente de ce troupeau de lyonnais et d'italiens fluorescents et braillards, les séquences de piétinement, d'embouteillages, les autoroutes à ski à la fausse neige, fausses pentes arasées jusqu'à devenir comme plates, fléchées, balisées, à péage, sans parler des animations tapageuses et vulgaires qui l’attendaient en bas ; le ski-parc-de-loisir, la montagne-parc-d’attraction, le tourisme industriel, le mode vacances bétaillères… Et puis, le grand-père se dit que dans 15 ans elle aura 18 ans cette petite fille, et il n’y aura plus de neige, sauf dans les stations d'Arabie Saoudite. Alors à quoi bon ?
Billet de blog 9 décembre 2022
Ski et conscience
C’est l’histoire d’un jeune grand-père qui avait rêvé un jour d’apprendre à skier à sa petite fille.
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