Je vis en Guyane ou Blanquer a été recteur et n'a laissé que des bons souvenirs quand tous les autres passent leur temps à se planquer et ne pas faire de vagues, laissant leur administration continuer à faire de la merde (59% d'échec scolaire et de formation), fracasser les gamins et le peu d'enseignants motivés au son des tambours des clans et des syndicats.
J'ai été président des parents d'élèves du collège de mon gamin pendant 3 ans, avec une rectrice et une FCPE aux abonnés absents et je n'ai rien pu faire avancer, malgré le soutien d'un CPE génial et de quelques profs volontaires, qui m'ont appris l'école et ses exigences, ce qui n'est pas évident pour qui est étranger à la pédagogie et ignore les études sur le sujet.
Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce que prône JMB, comme le redoublement qui démontre statistiquement son inefficacité, mais je le tiens pour un homme honnête et motivé à la réussite des élèves, un mec qui en a et qui n'hésite pas à s'engager.
Je ne vois donc pas pourquoi on conteste aujourd'hui le principe d'évaluation des élèves quand cela fait plusieurs années déjà qu'on avait convenu d'abandonner le système perturbant des notes pour arriver à une simple évaluation des acquis. Or on ne le fait toujours pas parce que enseignants et surtout parents sont perdus devant une telle réforme qui est pourtant intelligente et indispensable. On s'en fout des notes des gosses, surtout ici en Guyane avec un système de notation cocotier qu'on augmente tous les ans pour essayer de faire moins tache, et encore plus du classement; ce qui nous intéresse ce sont bien les acquis et les capacités de nos gosses, non pas à régurgiter ce qu'on leur fourre dans le crâne, mais à penser, à calculer, à critiquer et à devenir des citoyens indépendants, responsables, critiques et capables d'être heureux.
L'évaluation des acquis des élèves est une très bonne chose si on donne en même temps aux équipes éducatives la possibilité d'adapter les programmes et les méthodes pour faire progresser les enfants.
On arrive ainsi à la connerie de vouloir évaluer les enseignants quand ils travaillent sur une matière vivante, originale, changeante. Conduire au bac les petits bourgeois du Ixième est certainement plus facile que de conduire au brevet des gamins originaires d'Afrique ou d'ailleurs, dans une culture orale et non pas écrite comme la notre, qui n'ont pas les moyens d'apprendre à la maison, qui n'ont pas d'aide familiale aux devoirs et sont confrontés à un quotidien difficile et stressant.
On a besoin de motiver les enseignants, de faire confiance à leurs capacités collectives, y compris celle de mettre à l'écart leurs collègues branleurs, de se poser des questions sur leurs méthodes pour adapter et innover. La pédagogie n'est pas une science exacte tant elle tient au relationnel entre l'enseignant et son élève. Tel instit ou tel prof qui est en échec avec un gamin sera en réussite avec un autre quand son collègue sera dans l’alternative inverse. Comment évaluer celà et par qui ? Aberration. Ce dont ont besoin les enseignants c'est que leur hiérarchie les aide, leur donne les moyens de leur mission au lieu de les fliquer et les infantiliser avec des inspecteurs qui ne sont que le bras armé de l'administration. Un exemple: après une première prise de bec violente avec un des inspecteurs, on s'était retrouvé tous les deux pour voir comment on pouvait travailler efficacement. Et j'ai découvert un gars qui m'a exprimé qu'il était d'accord avec mes positions mais qu'il ne pouvait que me contredire parce que c'était la position de l'administration qu'il représentait. On a ensuite bien collaboré ensemble, parce que malgré sa casquette officielle, il me donnait en douce les infos et les tuyaux pour faire avancer certains dossiers d'élèves, le reste relevant de mission impossible devant la rigidité du Moloch.
Alors effectivement, je comprends aujourd'hui le rôle des inspecteurs comme celui d'un flic qui fait flipper les jeunes enseignants dont il tient la carrière en mains et non pas comme le conseiller pédagogique et la courroie avec l'administration qu'il devrait être.
C'est tout le mammouth qu'il faut désosser et recomposer à partir d'objectifs démocratiques et l'évaluation n'est qu'un détail de cette réforme globale qu'on s'empresse toujours de ne pas faire, tant elle dérange les intérêts en place et les habitudes de tous les petits chefs.