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Billet de blog 25 septembre 2018

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Les migrants ? entre accueillir et rejeter que de mauvaises solutions

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un philosophe retraité, je ne me souviens même plus de qui, vient de publier récemment une tribune  sur la dictature des droits de l'homme, expliquant que l’accueil des migrants dans des pays déjà en déshérence sociale ne pouvait à terme que produire davantage de perturbations et qu'en ce sens, la démocratie étant de gouverner dans l'intérêt du peuple, il fallait refouler les migrants. CQFD a t-il conclu. 

Indéfendable ? mais incontestable... Biens sûr qu’accueillir des gens en situation d'extrême précarité à qui on doit donner, comme à chaque citoyen, Sécurité, accès à la protection sociale, à l'éducation, au travail, au logement et à une vie digne, va poser un problème quand on est déjà en déficit. Rien qu'en France 14% de pauvres, quasi 9 millions d'individus. Bien entendu que ces gens vont se retrouver en concurrence avec les plus pauvres et qu'il va en résulter stigmatisation, affrontements,et renforcements des partis d’extrême droite avec tout ce qu'ils comportent de violence. On le constate dans cette Europe du fric sans solidarité qui a laissé les pays frontières aux prises avec le problème des migrants, permettant ainsi aux partis extrémistes, nationalistes, antieuropéens et violents de tous ces pays de s'implanter ou même de prendre le pouvoir. L'histoire du racisme aux Etats Unis démontre aussi que le KKK et la violence sont d'abord le fait des petits blancs en situation précaire directement concurrencés par les noirs dans une plus grande précarité. On peut aussi se référer aux troubles des Balkans et de l'Afrique pour concevoir qu'on ne peut mettre des pauvres en concurrence vitale sans risquer des débordements violents.

En fait il a simplement manqué un peu de cœur et beaucoup d'intelligence à notre philosophe, pour continuer son raisonnement et exprimer que les droits de l'homme étant universels, la seule solution juste et humaine était de permettre à ces gens de vivre décemment dans leur propre pays. Que de prétendre qu'on pouvait utiliser ceux capables de former une main d'oeuvre bon marché et de payer des cotisations sociales pour assurer nos retraites était un calcul sordide sans rien d'humaniste. Ce qui nous amène à la question de comprendre ce qui se passe dans ces pays, accessoirement dans le notre, qui en porte la responsabilité et comment  solutionner ces drames. La première question est déjà tout un débat qui mène à la responsabilité du grand capital et des multinationales, quant à la deuxième il me semble évident qu'on ne peut que concevoir de pacifier (ONU) ces pays et y investir pour garder les migrants chez eux, au lieu de dépenser des fortunes pour les rejeter ou mal les accueillir. Coût moyen d'une reconduite à la frontière: 20 000€. Budget de Frontex 300 millions d'euros en augmentation chaque année, budget des opérations extérieures 800 millions, plus tout ce qu'on peut additionner des coûts de la PAF, des opérations de police, des accueils d'urgence,  et j'en passe...et on multiplie à l'échelle de l'Europe. Rien que cela ça commence à faire.

Oui, à mon sens, la solution est à trouver dans les pays d'origine des migrants, pas dans les pays vers lesquels ils sont obligés de fuir, quand ils voudraient en fait rester chez eux. Cela pose le problème de l'ingérence humanitaire, droit qu'on doit créer, encadrer et accorder au seul ONU au vu des situations des pays en crise. Reste que l'ONU doit gagner en crédibilité et représentativité et donc il est urgent de  le réformer pour garantir la juste représentation de toutes les nations et non des plus puissantes et donc abroger leur droit de véto qui n'a rien d'égalitaire ni de démocratique.

Pour ceux qui lisent mal ou trop vite, :o) je spécifie bien que mon propos ne valide en rien de rejeter les migrants et s'en désolidariser, simplement d'essayer de traiter ce drame avec réalisme, humanisme et pragmatisme, aussi cher que cela soit, pour ne pas se tirer une balle dans le pied, comme on a trop souvent tendance à faire.

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