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Billet de blog 14 août 2017

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BIM BADABOUM

A CROIRE LES PUBS, LA FRANCE EST HYPER-CABLÉE : VIVE LA 5G POUR SURFER À TOUTE VITESSE ET À MINIPRIX. LA RÉALITÉ EST BIEN DIFFÉRENTE TOUT COMME LA DÉMOCRATIE SUR LE WEB. COMME L'ÉCRIVAIT G. ORWELL : DANS CETTE FERME TOUS LES ANIMAUX SONT ÉGAUX MAIS CERTAINS SONT PLUS ÉGAUX QUE LES AUTRES. VIS À VIS DU HAUT DÉBIT, ON POURRAIT DIRE QU'UN TIERS DES FRANCAIS SONT LAISSÉS POUR COMPTE …

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Et c’est là que « le bas blesse » car nous ne sommes pas tous égaux concernant l’accès au haut débit. Il y a des hauts et surtout beaucoup de bas car les réseaux français sont très variables[1] entre régions et même au sein d’une même région, et d’un même département, et d’une même ville.       Les écarts sont très importants et si certains surfent sur le net ; d’autres plafonnent à 516 Ko …                                                                         Quand vous avez besoin d’importer et d’exporter des fichiers lourds et donc de bénéficier de haut débit voire de la fibre optique, certains ne bénéficient pas de ces nouvelles technologies. En effet, près d’un tiers des internautes roulent hélas au ralenti sur les fameuses autoroutes de l’information alors qu’ils voudraient pouvoir communiquer plus rapidement.                                                                                                             Pour que l'économie numérique devienne une réalité plus que virtuelle, il faut disposer des moyens de transports efficaces de l’information partout sur le territoire et à tout heure du jour comme de nuit … or, nous sommes trop nombreux à galérer et à vivre un cauchemar quotidien.                     La démocratie numérique n’existe pas encore et le pire, c’est que ceux qui peuvent utiliser le haut débit et la fibre payent dix à cent fois moins cher que ceux qui peinent sur leur vieux réseau poussif !

Je suis un architecte, acteur engagé dans le BIM, qui habite dans le Val d’Oise dans la région de l’Ile-de-France, à 5 km de la ville de Cergy-Pontoise mais quasiment à un siècle des lumières, car si mes confères de Cergy ont le haut débit ; je n'ai dans ma petite commune rurale que des corbeaux pour communiquer et je vais devoir à priori patienter jusqu’à la fin de l’année 2020 pour espérer la fibre.

J’ai tenté de me servir de mon smartphone pour partager la connexion internet, or le 5G est encore un rêve lointain et le 4G ne fonctionne pas chez moi. Reste le 3G mais là encore, je me confronte au clocher de l’église datant du Moyen-Age et qui fait « ombrage » au réseau wifi … De plus, de fréquents problèmes de connexion, de stabilité, de fréquentation et de microcoupures du réseau font de moi, un paria du net, alors que je suis obligé de m’en servir dans mon activité professionnelle car le BIM devient désormais incontournable pour les acteurs de la construction.

À écouter les publicités qui plébiscitent l’internet, je devrais au XXI° siècle, connexion efficace, rapide et sécurisée alors que j’ai le sentiment de revivre une nouvelle version du Sketch : « Le 22 à Asnières[2] » ! Aujourd’hui, nous devons collaborer, partager et échanger nos fichiers sur une plateforme dédiée mais encore faut-il techniquement y parvenir.                                                                                                                        J’étais donc prêt à vendre mon âme au diable pour pouvoir surfer à haut débit sur la toile quand il a sonné à ma porte.

Cela faisait deux ans qu’il patientait et que ses commerciaux me vantaient leur produit : “j’aurais au moins 2 Mo en bande passante plus un vrai standard me permettant d’avoir une annonce d’accueil personnalisé, d’inscrire plus de 500 noms sur mon répertoire, de répartir mes appels sur trois postes !“ Bref, d’être enfin un homme moderne et de son époque …                                                                                                                     J’ai vite déchanté.  Le test sur ma ligne devait être bidon car j’avais au maximum 512 Ko avec plusieurs mauvaises surprises comme : connexion réseau interrompue voire perdue, transfert non abouti, connexion quittée de manière imprévue, et j’en passe et des pires comme une téléphonie en panne, une fois sur deux. L’évaluation de ma connexion était de 2h 56m 27 s pour envoyer un fichier de 100 Mo, et 43m 1s pour télécharger un fichier de même taille, sans parler des fréquents échecs lors du transfert.                                                                                                                    Ainsi pour recevoir une mise à jour de mon logiciel CAO (500 Mo), j’ai fait trois tentatives et chaque fois de nuit pour obtenir au final ce même message d’erreur et, il m’a fallu me rendre à Paris pour l’obtenir.                                                                                                                                   J’ai ainsi pris l’habitude d’aller chez un confrère à Cergy avec ma clef USB pour envoyer ou recevoir des fichiers lourds aux formats IFC, DWG et PDF. Le temps d’aller-retour plus d’envoi était inférieur à 46 m 27 s pour un fichier de 100 Mo soit un gain de 2h 10m et la certitude que mon envoi était un succès !

J’ai alors décidé de prendre le taureau par ses cornes face à cette situation intenable car ce diable de fournisseur qui devait me dépanner sous 2h, ne répondait ni à mes appels, ni à mes mails et jamais à mes courriers recommandés ou à ceux de mon avocat ! Et j’ai souscrit un abonnement internet via une parabole pour me débarrasser du filaire … Le résultat est mitigé car le satellite est capricieux et il n’aime ni les orages, ni la canicule, ni le vent, ni la tempête. Je guette la météo avant de pouvoir de nouveau surfer tranquillement et j’étais content de disposer de 2 Mo en upload (envoi) et 19,90 Mo en download (réception).

C’était avant de subir deux mésaventures. La première quand vous dépassez votre forfait (ici 20 Go mensuel), le satellite est automatiquement coupé et réduit votre connexion à 512 Ko ; j’étais revenu à mon point de départ ! Pour plus de sécurité, je suis passé à 30 Go mensuel.        Deuxième incident, j’ai subi une attaque de hackers ! Pourquoi moi, une petite agence d’architecture était la cible de méchants internautes : nulle idée à part que derrière mon adresse IP, ils espéraient sans doute cibler une multinationale. J’ai reçu un e-mail m’avertissant que mon adresse IP était modifiée … mais si je n’avais plus d’attaques, je n’avais plus non plus d’accès au réseau.

Sur PC, cette modification ne crée pas de désordres alors que sur Mac, c’est une tout autre histoire. J’appelle au secours ma société de maintenance informatique qui a du changer les paramètres de mes ordinateurs, imprimante, scanner, traceur, et autres pour revenir dans le trafic du net (pas très net). Et ce n’est pas fini car suite aux perturbations météorologiques des derniers jours de juillet, ma connexion a encore sauté et ma société de maintenance informatique a du derechef intervenir pour que je puisse ré-utiliser le réseau internet … Evidement, toutes ces heurs et malheurs ne sont pas gratuits : je paye le péage, l’essence, les embouteillages, les malus, le dépannage, … pour pouvoir faire mon métier.

Sans compter les nouveaux soucis qui vont arriver cet automne et cet hiver car le froid, la grêle, la neige et la mère Noel vont probablement à leur tour, perturber mes envois, interrompre mes téléchargements et détraquer ma connexion web.                                                                                     Que du bonheur. Vive le BIM et le tout numérique. J’en viens à regretter le minitel qui certes, était lent mais tout le monde était à la même enseigne et au même rythme, Aujourd’hui, cela va de plus en plus vite alors que certains voient le train du progrès passer à « grande vitesse » mais en restant malheureusement à quai !

Mon confrère François PELEGRIN[3] définit le BIM comme un Bouleversement Interprofessionnel Majeur qui induit une révolution de nos pratiques. Il rajoute que le BIM est un fabuleux processus collaboratif tant pour la maîtrise d’œuvre et les entreprises que pour la maîtrise d’ouvrage qui bénéficiera ainsi d’un véritable outil de gestion.                                                                                                                                         La Qualité de l’ouvrage et la fourniture au maître d’ouvrage d’outils nouveaux pour la gestion, l’exploitation, l’entretien, la réparation, la transformation, ont un coût et il faut se donner les moyens d’y arriver. 

J’ajouterai qu’il faudrait avant tout des réseaux de qualité, à la hauteur de ces ambitions pour réussir ce pari, sinon BIM BADABOUM !

[1] Et souvent peu fiables …

[2] Sketch de Fernand RAYNAUD, humoriste français qui se moquait déjà des télécommunications car il expliquait qu’il était plus facile de joindre Berlin, Londres ou New-York que le 22 à Asnières …

[3] Président d’Honneur de l’UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d'Architectes) …

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