Je comprends et respecte les arguments développés dans l’article intitulé : Le délit d’opinion de Kako Nubukpo, critique du franc CFA
Cependant, quelques interrogations me viennent à l’esprit.
Est-ce qu’en tant que haut fonctionnaire Kako Nubukpo était soumis à l’obligation de réserve ? L’auteur donne elle-même la réponse, confirme qu’effectivement tel était le cas. Du coup la question qui l’on pourrait se poser est : « est-ce que le défaut de mise en demeure et de sanctions après de précédentes violations du devoir de réserve rendent légale la violation de l’obligation de réserve ? »
Autrement dit : le fait qu’une infraction ne soit pas immédiatement sanctionnée rend-il légal la commission de l’infraction en question ? Que l’on soit pour ou contre le Franc CFA, la réponse coule de source : non !
Kako Nubukpo savait qu’il violait son devoir de réserve, ce qui est surprenant est que lui ou ses souteneurs soient surpris lorsque la sanction survient. Parmi les personnes qui crient au complot, combien accepteraient si elles dirigeaient une entreprise qu’un de leurs employés prenne des positions publiques opposées aux intérêts des financiers de l’entreprise ?
La notion de « délit d’opinion » s’applique-t-elle à un cadre lié par un contrat ? Il est permis d’en douter !
Sortons de la sphère des contrats régis par le code du travail et les conventions, allons dans la sphère publique, loin du droit. Allons au sein du mouvement anti-CFA et posons-nous une question : « combien de personnes anti-CFA acceptent simplement les échanges polis mais soutenant des arguments contraires ? »
Quasiment aucun !
Ici, nous ne parlons pas d’employés, de personnes liées par un contrat, mais juste de contacts sur des réseaux sociaux ! Alors pourquoi ces personnes incapables d’accepter le débat contradictoire avec des contacts non liés par des engagements contractuels sont surprises lorsqu’une personne violant des engagements contractuels est sanctionnée pour n'avoir pas respecté son obligation de réserve ?
Notons que l’auteur indique elle-même que Kako Nubukpo n’en est pas à sa première sanction administrative à cause de ses prises de positions contraires aux intérêts de son employeur. Les mêmes causes produisent donc les mêmes effets…