Le G4 du week-end – les quatre membres européens du G8 – devait renforcer la collaboration entre les états communautaires face à la crise financière. Cette rencontre s’est limitée à des déclarations de garantie de la solidité et de la stabilité su système financier. On n’en espérait pas moins. Mais le vent de pessimisme souffle encore sur les marchés financiers : c’est la débandade en Europe, le sauve-qui-peut général. Dans la confusion la plus totale les membres de l’UE suivent leur chemin en espérant bien faire.
Silvio Berlusconi et les Pays-Bas continuent de réclamer un fonds commun européen qui serait financé par les pays communautaires sur la base de leur PIB. Cette mesure est contestée par l’Allemagne que devrait dans ce cas contribuer largement à la création de ce fonds. Nicolas Sarkozy et Yves Leterme réfléchissent encore à Dexia qu’il faudrait continuer de renforcer et l’hypothèse de rachat par la Société Générale pointe à l’horizon. De son côté, le pape met en garde contre le capitalisme sauvage et estime que « l’argent n’est rien et que toutes ces choses qui semblent vraies sont en réalité de second ordre ».
On assiste donc à une véritable scission au sein de l’Europe et à l’incapacité de résoudre un problème en commun. Mais le fonds européen voulu par certains est institutionnellement impossible à mettre en place. L’Europe n’est pas un état fédéral et donc par définition le contribuable européen n’existe pas. Il faudrait donc une refonte des institutions européennes pour permettre un plan de sauvetage commun.
La crise financière menace également un retour en arrière : une intégration bancaire européenne faible où les banques communiquent peu entre elles. L’intégration financière européenne peu stable pourrait également menacer le processus d’intégration européenne « tout court » en favorisant un repli sur soi. Le protectionnisme national nuirait gravement à l’intégration européenne.
Les mesures, les conseils et les injonctions des gouvernements européens ne semblent pas suffisants pour redresser la barre. Bien au contraire. On a l’impression que les plans de sauvetage pris par les gouvernements du monde entier ont l’effet contraire : ils effraient les épargnants. En Italie, la confiance n’est plus de mise et les petits épargnants vendent leurs fonds d’actions même s’ils doivent faire face à des pertes considérables. C’est l’effet domino : les épargnants vendent leurs titres et les banques se retrouvent à court de liquidités. Sans liquidités pas de prêts aux entreprises : c’est le début de la récession. Heureusement les cas de personnes qui retirent leurs économies de leur compte courant sont isolés. Les comptes courant en Italie sont d’ailleurs protégés par le Fonds interbancaire de garantie jusqu’à une somme maximale de 103 000 euros.
Hier ce sont 2 000 milliards de dollars qui se sont volatilisés au niveau mondial et 450 milliards au niveau européen. Ce matin, les opérateurs financiers espéraient un rebond positif des bourses européennes qui ont ouvert en hausse mais cette tendance n’a duré que très peu. Le moral des investisseurs oscillent au gré des marchés financiers. Le titre Unicredit, de la banque italienne du même nom, peine à relever la tête. La banque avait pourtant adopté deux jours auparavant un plan de sauvetage de 6,6 milliards d’euros avec augmentation de capital, obligations convertibles et dividendes distribués sous forme d’actions. Une opération qui devrait faire tenir la banque selon son directeur général Alessandro Profumo.