L’œuvre immense de Dino Risi aura traversé toute la moitié du XX siècle et l’homme aura contribué à l’explosion d’un style nouveau au début des années 1950 : la comédie à l’italienne. Il avait 91 ans quand il s’est éteint samedi, à Rome. Ettore Scola, Nanni Loy, Mario Monicelli, Luigi Comencini sont les principaux autres cinéastes qui ont fait, avec lui, la gloire d’un cinéma qui a su allier la satire sociale à la comédie plus légère.
Dino Risi avait la particularité de mélanger l’étude des mœurs à une vision ironique de la société sans toutefois en oublier sa rudesse. Ce sont peut être ses débuts d’études en médecine et en psychiatrie qui lui ont donné ce talent de découvreur et conteur des particularités d’un monde nouveau comme celui d’après guerre et composé de « gens nouveaux ». L’écriture réaliste de films comme Le Fanfaron où l’on suit les aventures et les intrigues d’un play-boy et d’un étudiant qui n’ont rien en commun rappelle sûrement l’influence de ses pères néoréalistes. Mais la méthode est radicalement différente, ses films s’inscrivent dans un nouveau contexte historique où l’insouciance prend une part plus importante, où les personnages exultent et s’émancipent quelquefois maladroitement.
Ses Monstres traduisent, sous forme séquentielle de 20 épisodes (l’éducation sentimentale, la recommandation, le monstre, comme un père, pris par la vie, le pauvre soldat, quelle sale vie, le journée de l’honorable, latin lovers, un témoin volontaire, les deux orphelins, le piège, le sacrifié, le vernissage, la muse, l’oubli descend, la rue est à tous, l’opium du peuple, le testament de François, l’art noble), les multiples mutations des mentalités d’une société et notamment les nouvelles coutumes sexuelles (voir la vidéo).
Sous forme de récit caricatural, les acteurs (Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi) défilent à l’image dans la peau de personnages divers : en père de famille, en policier, en député, en mendiant, en avocat et bien d’autres. Cette mosaïque ironique et cruelle à la fois défie les nouveaux comportements qui s’installent alors dans l’Italie du boom économique. Le « monstre » italien est dépeint ici comme un homme qui cherche encore sa place entre modernité et post-modernité et qui est confronté à un nouveau mode de vie dont souvent il tire profit de manière « monstrueuse ».
Dino Risi laisse derrière lui des dizaines de films qui ont fait l’âge d’or du cinéma italien. Son décryptage comique de la société changeante des années 1950 restera sa marque de fabrique principale. Egalement témoin d’une autre époque, il avait réalisé dernièrement pour la télévision Le ragazze di Miss Italia.