En Italie, le blitz national anti-roms a été déclenché jeudi 15 mai 2008. Suite logique à la victoire de la coalition de droite de Sivio Berlusconi et de la nomination du ligueur Roberto Maroni au ministère de l’intérieur. Promesse due promesse tenue. Ce sont au total 383 personnes, dont 238 étrangers, qui ont été arrêtés au cours de l’opération anti-clandestins responsables de vols et de trafics de drogue. Une aubaine également pour Gianni Alemanno le néo-maire de Rome qui dispose désormais d’un commissaire extraordinaire pour l’immigration comme il l’avait expressément demandé il y a quelques jours. Une sorte de copie du ministère français de l’immigration mais à l’échelon municipal. Après la naissance du premier commissaire de ce type à Milan ce sont Rome et Naples qui lui emboîtent le pas.
Les premières mesures qui concernent la sécurité du pays répondent donc à l’appel de l’exclusion puisque sur 383 interpellés 118 personnes ont fait l’objet d’un avis d’expulsion. Avant de penser une politique d’insertion sociale des immigrés clandestins ou pas, accusés de délits divers ou pas, les autorités italiennes préfèrent faire le ménage. Pourtant le problème se trouve en aval. En Italie, il n’existe pas de vrai politique d’accueil pour les gens du voyage. La coordination italienne est insignifiante de ce point de vue. Il n’existe pas de politique affirmée sur les documents d’identité et de séjour pour les populations roms qui vivent parfois depuis des dizaines d’années en Italie et qui n’ont jamais obtenu la nationalité italienne. De ce fait ce sont des milliers d’enfants de clandestins qui ne sont pas scolarisés et qui n’ont pas accès à l’éducation. Les camps de nomades dans lesquels ils sont directement parqués sont souvent dépourvus des services indispensables. Enfin, les roms ne sont pas reconnus comme minorité linguistique.
Lundi prochain, les forces roumaines d’enquêtes et de collaboration devraient débarquer dans la Péninsule pour venir en aide aux services italiens. Pour l’instant ce sont les populations locales qui se chargent de prêter mains fortes aux forces de l’ordre. À Naples, plusieurs camps de nomades ont été incendiés par des habitants limitrophes. Les camps avaient déjà été abandonnés par leurs habitants roms arrêtés peu auparavant pas les autorités. Mais les napolitains qui habitent à proximité des camps de nomades ont préféré détruire ces derniers plutôt que de voir revenir la communauté rom dans les environs.
Le paquet législatif sur la sécurité qui devrait être approuvé mercredi prochain en Conseil des ministres et qui prévoit l’introduction du visa pour les personnes extracommunautaires qui voudraient séjourner en Italie moins de trois mois a été revu à la baisse. Le décret en matière de sécurité ne devrait donc pas s’articuler en fonction du délit d’immigration initialement prévu et qui rendrait l’expulsion encore plus facile. La proposition pourrait faire cependant l’objet du projet de loi. L'état d’urgence concordait parfaitement avec les festivités du 156ème anniversaire de la Police à Piazza Flaminio. Le message de la fête: améliorer la sécurité du territoire. Reste à savoir comment.